• Contenus gratuits
  • Notre offre
Menu
  • Ressources
    • Toutes les ressources
  • Infos
    • Toutes les infos
  • Essentiels
    • Tous les essentiels
  • Analyses
    • Toutes les analyses
  • Data
    • Data
  • Newsletters
  • Profil
    • Je teste 15 jours
    • Je me connecte
  • Profil
    • Mon profil
    • Je me déconnecte
CLOSE

Accueil > Financement et politiques publiques > Alain Godard (ETCI) : “Nous sommes en train de bâtir le socle d’un marché de l’equity en Europe” 

Alain Godard (ETCI) : “Nous sommes en train de bâtir le socle d’un marché de l’equity en Europe” 

L’ancien PDG du Fonds européen d’investissement, Alain Godard, dirige depuis janvier 2023 le Fonds européen pour la souveraineté numérique. Particulièrement impliqué dans le secteur de la santé, ce fonds doté de 3,75 Mds € incarne l’European Tech Champions Initiative (ETCI) qui vise à faire des scale-up françaises des “champions mondiaux”.

Par Romain Bonfillon. Publié le 19 décembre 2023 à 22h30 - Mis à jour le 04 janvier 2024 à 8h40
  • Ressources

Pouvez-vous rappeler l’objectif du Fonds européen pour la souveraineté numérique, que vous présidez ?

L’objectif de ce fonds européen est en lien avec une problématique que nous avons en Europe depuis plusieurs décennies : nous sommes capables de créer et de financer les start-up dans leur phase de démarrage, mais lorsque ces sociétés deviennent plus grandes, c’est-à-dire des scale-up, et qu’elles requièrent des tickets plus importants, il n’y a plus de financiers en Europe capable de les accompagner. 

Comment est née l’initiative European Tech Champions Initiative (ETCI) ?

L’idée de cette initiative a germé sur la base de statistiques. Une enquête que nous avons menée nous a appris que 75% des sociétés européennes à forte croissance sont, dans la phase late stage (séries C et D), refinancées ou rachetées par des fonds américains ou asiatiques. Cela touche tous les pays européens, il n’y a pas d’exception en la matière. Nous avons alors essayé de convaincre un certain nombre de pays européens que la seule solution était de s’unir pour pouvoir lancer un programme qui puisse, en trois temps : 

1) financer les scale-up ; 

2) créer des intermédiaires, c’est-à-dire des fonds d’investissement capables d’accomplir la mission de sélection des entreprises ; 

3) créer un marché de l’equity en Europe

Comment et par qui est financé votre fonds ?

Pour l’heure, le fonds a rassemblé 3,75 milliards d’euros. Lorsque cette initiative a été lancée, en février 2022, 22 pays l’ont supportée et ont signé un accord de soutien, avec un engagement total de 10 Mds €. Pour l’heure, le fonds a été financé par 5 pays : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. La France, l’Allemagne et l’Espagne ont mis chacun 1 Md €. L’Italie et la Belgique ont mis respectivement 150 M€ et 100 M€. Notre initiative a été lancée juste avant la crise ukrainienne, qui a engendré un certain nombre de changements dans les priorités budgétaires. C’est ce qui fait que nous avons eu moins de pays qui ont souscrit dès le départ. Mais la période de souscription reste ouverte et certains pays sont en cours de discussion pour financer ce fonds. J’espère que nous atteindrons les 4 Mds € d’ici juin 2024. À terme, les 5 Mds € annoncés publiquement sont un objectif réaliste. C’est une question de temps.

Une enveloppe de 5 milliards d’euros est-elle suffisante au vu de l’objectif poursuivi ?

Si en mettant 150 à 200 millions par fonds, nous arrivons à en avoir une vingtaine qui dépassent le milliard, ce sera déjà pas mal. Comment crée-t-on un marché ? En créant de la liquidité à terme. Pour un investisseur, il est important de savoir que le marché européen sera plus liquide, c’est-à-dire qu’il sera plus facile de sortir des deals et qu’il y aura plus de cotations. L’enjeu dépasse cette initiative et va bien au-delà de l’injection de liquidité : nous sommes en train de bâtir le socle d’un marché de l’equity en Europe. 

Quelle analyse faites-vous de la concurrence des fonds américains vis-à-vis des fonds européens ?

Clairement, nous ne jouons pas dans la même cour. Aux États-Unis, il existe une quarantaine de fonds d’investissement d’une taille supérieure à 2 Mds $, en Europe, nous en avons trois seulement qui dépassent 1 Md $. Les fonds américains, alors qu’ils connaissent moins bien le marché européen, investissent davantage dans les scale-up et reprennent aussi les participations des fonds d’investissement européens. C’est la double peine : non seulement nous n’arrivons pas à les suivre, mais en plus on se retire. Cette problématique, indépendamment du marché actuel, va s’accélérer parce qu’au cours des dix dernières années, nous avons créé beaucoup de start-up qui vont atteindre cette étape de forte croissance. La quantité de l’offre de ces sociétés, qui profite encore aux États-Unis, va donc augmenter.

Comment inverser cette tendance ?

Notre initiative arrive au bon moment. Quand nous avons démarré ce projet, nous n’avions pas anticipé la concentration des Américains sur leur marché (cf. encadré). Est-ce que c’est suffisant ? Cela ne le sera jamais parce que l’on va créer 15 à 20 sociétés de gestion dans les 4 à 5 prochaines années tous secteurs confondus. Nous serons encore loin des Américains, mais nous sommes en train de modifier le rapport de forces. 

Comptez-vous créer des fonds d’investissement ou créer de nouveaux véhicules financiers pour des fonds existants ?

Sur le papier, nous n’excluons rien. Nous pourrions très bien être amenés à financer de nouvelles équipes et de nouveaux fonds, mais notre idée reste de créer des intermédiaires qui soient capables de financer dans le temps des scale-up. Pour cela, nous avons besoin d’équipes de gestion qui créent des fonds d’investissement de taille suffisante. Nous avons fixé cette taille à 1 milliard d’euros, à partir d’un calcul à rebours : les scale-up ont besoin de 50, 100 millions, voire plus, pour se refinancer et nous aimerions que les fonds que nous finançons puissent faire 10 à 15 investissements de taille significative. Il est très difficile pour des équipes de démarrer un nouveau fonds de plus d’un milliard si elles n’ont pas ce qu’on appelle le track record, c’est-à-dire la démonstration qu’elles sont capables d’investir dans leur domaine, de manière performante. De facto, la plupart des candidats naturels à ce type de financement sont des fonds existants.

Quels sont vos critères de sélection pour ces fonds et en avez-vous déjà identifié certains ?

Des lignes directrices ont en effet été définies. Nous nous attendons à ce que les fonds sélectionnés investissent principalement – à hauteur d’au moins 60 % – au sein de l’Union européenne. À date, nous n’avons pas encore financé de fonds mais nous en avons approuvé certains, leur nom sera bientôt rendu public. Dans notre processus interne, cette approbation signifie que nous sommes prêts à les soutenir. Nous nous attendons maintenant à ce que ces sociétés d’investissement soient capables de répondre à un certain nombre de critères. Leur capacité à lever 1 milliard d’euros en est un décisif. Si l’effort est important pour nous, dans le public, il doit l’être aussi pour le privé. 

Concernant les scale-up que vous financeriez indirectement, à quel profil de sociétés vous intéressez-vous ?

Les scale-up sont des sociétés qui sont potentiellement capables, à un moment donné, d’entrer sur le marché boursier. Notre objectif est que ces sociétés deviennent des champions mondiaux dans leur secteur. Du côté des fonds d’investissements, cela suppose qu’ils soient capables de les conseiller, de les accompagner…et d’être eux-mêmes des champions, avec une connaissance très fine des marchés nationaux, européens et internationaux.

Que va représenter le secteur de la santé parmi ces investissements ?

Une part importante de notre soutien sera allouée à ce secteur. En général, le Fonds européen d’investissement consacre environ un tiers de ses investissements au domaine de la santé. Cela donne une idée de ce que ce secteur représentera dans le cadre de cette initiative.

Le nombre de fonds d’investissement durables a explosé mais les fonds “Article 9”, les plus exigeants, restent encore marginaux dans le secteur de la santé. Les critères ESG entrent-ils en ligne de compte dans votre travail de sélection ?

Les investissements verts sont au coeur de nos préoccupations, plus encore depuis le programme américain de l’IRA (cf. encadré). La Commission européenne a adopté une orientation forte en la matière, notamment au travers de l’initiative STEP (la plateforme des “technologies stratégiques pour l’Europe” qui vise à encourager le numérique, la neutralité carbone et les biotechnologies, ndlr). Cela nous donne un cadre d’intervention, pour notre initiative comme pour d’autres. Dans la mesure du possible, les critères ESG s’appliquent aussi à la santé, même si l’impact climatique et énergétique n’est pas facilement démontrable dans ce secteur.

Fonds durables : les VCs en santé poussés à devenir verts

L’enjeu de la souveraineté numérique se traduit par une “guerre des clouds” dominée par les hyperscalers américains. Votre fonds a-t-il adopté une orientation stratégique qui lui ferait préférer des solutions 100 % françaises ou européennes à celles portées par des consortiums comme Bleu ou S3NS ?

L’un n’exclut pas l’autre. Mais notre mission est évidemment de soutenir des champions européens. Dans le même temps, nous demandons aux fonds d’investissement d’avoir une approche globale, donc d’être aussi capables d’investir de temps en temps dans des boîtes qui ne sont pas européennes. Tout est question de proportion.

Loi SREN : le cloud souverain au cœur des débats

Quel diagnostic faites-vous du comportement des fonds d’investissement par rapport à la conjoncture ?

La conjoncture est double et derrière les fonds d’investissements il y a les investisseurs. Dans un contexte où les taux d’intérêt ont augmenté de cinq points en un temps record, nous n’avons pas eu d’aversion au risque, quand bien même les valorisations ont chuté de manière importante aux États-Unis et dans certains secteurs en Europe. Il y a un impact lié aux changements macro-économiques et d’environnement de taux de politique monétaire. Je considère que nous sommes dans une phase d’attentisme. Beaucoup d’investisseurs se positionnent de manière à investir leur excès de liquidité sur le court terme et attendent qu’il y ait des ajustements de marché, notamment dans les valorisations et sur les secteurs les plus risqués. Cette prudence se transmet aux fonds d’investissement puisqu’ils ont continué à investir, mais de manière plus sélective. C’est lorsqu’il s’agit de lever de nouveaux fonds que nous avons une problématique. À mon avis, cette période d’attentisme va prendre fin dans le cours de l’année prochaine. La machine va se remettre en route, comme avant la crise. 

L’IRA américain et la réponse européenne

Promulguée le 16 août 2022, la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA pour Inflation Reduction Act) prévoit de consacrer un budget d’environ 370 Mds $ pour soutenir la politique industrielle verte des États-Unis. L’IRA comprend des mesures de subventions pour pousser les citoyens à “acheter américain”, des allègements fiscaux pour les entreprises produisant aux États-Unis et des subventions à la production. En réponse, l’Europe a dévoilé en janvier 2023, lors du Forum économique mondial de Davos, un plan reposant sur quatre piliers. Le premier  comprend un règlement pour une industrie à zéro émission mais aussi un règlement sur les matières premières critiques. Le deuxième pilier, financier, vise à inciter les États membres à investir dans les technologies propres. Le troisième pilier porte sur le développement des compétences dans les secteurs clés. Le quatrième pilier vise, enfin, à “faciliter un commerce équitable et ouvert“. Toutefois, lorsqu’il ne l’est pas, précise la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, “nos réactions doivent être plus vigoureuses“.

Alain Godard

Depuis janvier 2023 : Président directeur général du Fonds européen pour la souveraineté numérique (The Tech Champion Initiative)

2020 – 2023 : PDG du fonds européen d’investissement

2009 – 2020 : Membre fondateur et président de Global Emerging Markets (GEMs), un consortium international réunissant des banques de développement multilatérales, des institutions financières internationales et des banques nationales de promotion économique afin d’encourager les investissements dans les pays émergents 

2014 – 2019 : Chef de la gestion des risques et directeur général à la Banque européenne d’investissement (BEI)

Romain Bonfillon
  • cloud
  • Commission Européenne
  • Europe
  • Financements
  • Fonds d'investissement
  • RSE

Besoin d’informations complémentaires ?

Contactez Mind Research

le service d’études à la demande de mind

À lire

Antoine Papiernik (Sofinnova Partners) : “L’IA va nous permettre d’arriver plus vite à la décision d'investissement”

Les start-up françaises de la e-santé ont levé 55 millions d'euros au troisième trimestre 2023

Cloud européen : la France et six autres pays vont investir jusqu'à 1,2 Md €

Découvrez nos contenus gratuitement et sans engagement pendant 15 jours J'en profite
  • Le groupe mind
  • Notre histoire
  • Notre équipe
  • Nos clients
  • Nous contacter
  • Nos services
  • mind Media
  • mind Fintech
  • mind Health
  • mind Rh
  • mind Retail
  • mind Research
  • Les clubs
  • mind et vous
  • Présentation
  • Nous contacter
  • Vous abonner
  • A savoir
  • Mentions légales
  • CGU
  • CGV
  • CGV publicité
  • Politique des cookies
Tous droits réservés - Frontline MEDIA 2025
  • Twitter
  • LinkedIn
  • Email