Accueil > Financement et politiques publiques > EQNX : l’aurore d’un nouveau fonds en healthtech EQNX : l’aurore d’un nouveau fonds en healthtech Le 2 septembre dernier, cinq anciens membres de CapHorn Invest lançaient un fonds d’investissement baptisé EQNX (prononcer “Equinoxe”) avec l’objectif de soutenir des entreprises de la healthtech et de la climate tech. Gaston Vasseur et Alexandre Heraud, respectivement Principal et Managing Partner d’EQNX, nous éclairent sur la stratégie et les ambitions de cette nouvelle société de gestion. Par Romain Bonfillon. Publié le 06 septembre 2024 à 15h37 - Mis à jour le 09 septembre 2024 à 7h48 Ressources Qu’est-ce qui a motivé la création de ce fonds EQNX ? Alexandre Heraud : Gaston, le reste de l’équipe et moi travaillons ensemble depuis près de cinq ans. Nous avons créé EQNX pour investir dans des sociétés qui sont des “life changing companies”, avec deux axes principaux : la healthtech et la climate tech (tout ce qui a un lien avec la lutte contre le réchauffement climatique ou l’adaptation à ce réchauffement). Toute l’équipe d’EQNX ( François Santi qui est l’autre Managing Partner, Clémentine Bouet, Paul Watel et Gaston Vasseur) se connaît extrêmement bien. Le premier actif que l’on a est cette équipe. Dès le départ, nous avons voulu faire ce projet tous ensemble. Les cinq membres de l’équipe d’investissement d’EQNX. De gauche à droite : Paul Watel, Alexandre Heraud, Gaston Vasseur, Clémentine Bouet et François Santi Quels sont vos domaines d’expertise respectifs ? A. H. : Je suis venture capitalist depuis une dizaine d’années et j’ai investi dans beaucoup de sociétés en santé, parmi lesquelles Ganymed Robotics, Posos, Wandercraft, Robocath, Tilak Healthcare,…dans la plupart des cas, je les ai sourcées, dealées et accompagnées en binôme avec Gaston, soit comme lead, soit comme follower. Gaston Vasseur : Cela fait plus de cinq ans que je travaille dans l’investissement, en grande partie à côté d’Alexandre et quasi exclusivement sur des sujets de santé qui touchent aussi bien au hardware qu’au software et sur des sujets qui vont de l’IA à la robotique chirurgicale. Pourquoi vous être lancé dans cette nouvelle aventure ? A. H. : Nous avons voulu prendre notre indépendance, et nous l’avons prise tous ensemble, mais en gardant des liens très proches avec CapHorn Invest. Nous avons d’ailleurs une continuité sur le portefeuille des sociétés dans lesquelles nous avons investi dans le passé. Nous avions la volonté d’avoir une stratégie encore plus incisive sur les sociétés de la healthtech et de la climate tech. Aussi, nous voulions cibler comme clients investisseurs les les entrepreneurs, les family office et les multi family office qui ont la volonté d’investir dans ces classes d’actifs. Quelles sont selon vous les opportunités sur les marchés de l’IA en santé et de la climate ? A. H. : Nous avons fait deux constats d’un point de vue macroéconomique. Tout d’abord, le financement dans ces deux domaines s’est resserré. Pour des investisseurs privés, qui sont nos clients, c’est un bon point d’entrée parce que les valorisations sont devenues plus raisonnables. Aussi, les sociétés que l’on cible répondent toutes à des enjeux de société majeurs qui ne font que se renforcer. Comment mieux soigner ? Comment renforcer l’espérance de vie en bonne santé ? Comment produire ou distribuer de l’énergie de façon durable ? Ces sujets représentent une tendance de fond. Enfin, nous regardons à la fois des sujets de hardware et de software, car les réponses à ces questions font souvent appel à des éléments matériels. C’est par exemple le cas pour la robotisation de l’acte chirurgical ou la décarbonation. G. V. : Le marché actuel donne des signaux faibles de regain, si l’on compare aux douze derniers mois. On ne retrouvera pas tout de suite les niveaux de 2019 et 2020 mais nous restons assez confiants sur les perspectives du marché. Les valorisations, en tous cas en santé, sont restées à des niveaux plus rationnels que dans d’autres secteurs de la tech. Les tendances restent haussières sur tout ce qui va toucher à l’IA et à la robotique en santé. Aussi, à titre personnel, j’ai une conviction assez forte concernant l’émergence de sociétés de consumer health en Europe, comme cela peut être le cas aux Etats-Unis. Je crois notamment en l’avènement d’une nouvelle vague de thérapies digitales, celles qui ont réussi à essuyer les plâtres du remboursement ces deux dernières années. Nous commençons à voir se constituer de belles équipes, qui atteignent des points d’étapes intéressants. Quelle est votre thèse d’investissement ? A. H. : Nous recherchons des sociétés qui vont être bien financées, des tours de table entre 15 et 40 M€, que ce soit de la série A ou de la série B. Nous allons investir des tickets de 1 à 10 M€ donc, de facto, nous serons dans un premier temps soit en follower, soit en en co-lead. Cela signifie que les sociétés de votre futur portefeuille auront forcément un business plan établi, une équipe constituée… G. V. : Oui, mais l’enjeu n’est pas forcément d’avoir des sociétés très matures commercialement. On sait qu’en santé, on peut tomber sur des entreprises qui, en série B, n’ont pas forcément de marquage réglementaire pour leur produit. Nous restons ouverts et opportunistes. L’enjeu est d’investir dans des sociétés qui ont quelque chose à défendre, notamment un actif tech protégé par de la propriété intellectuelle, et d’arriver à un point d’inflexion dans l’histoire de la société, pas seulement au stade de l’innovation. De manière générale, nous nous intéressons à toutes les sociétés qui vont permettre d’augmenter de 10 ans l’espérance de vie en bonne santé. Derrière ce critère, il y a des solutions d’IA et de prévention, de nouvelles approches thérapeutiques qui vont avoir un impact sur la qualité de soins et de vie du patient. Nous avons également une approche beaucoup plus “enabling tech” c’est-à-dire que nous regardons aussi de très près toutes les sociétés qui vont permettre d’optimiser les parcours de soins et la pratique médicale quotidienne, les logiciels hospitaliers basés sur l’IA, par exemple. Ces critères nous permettent finalement de balayer un vaste nombre de sujets en santé, beaucoup d’aires thérapeutiques et de technologies. C’est la thèse que nous allons essayer d’implémenter et que nous implémentons déjà depuis plusieurs années. A. H. : C’est en effet dans la continuité de ce que nous faisions avant. Concernant le niveau de maturité que nous recherchons, il faut surtout un Product-Market Fit (l’adéquation entre un produit et son marché, ndlr) validé. Cela ne veut pas forcément dire que le chiffre d’affaires est gros, mais qu’il y a une preuve que le produit a rencontré un besoin avéré. Quel va être votre périmètre géographique d’investissement ? A. H. : Nous nous focalisons pour l’instant sur l’Europe, avec bien sûr un gros pied en France. Par le passé, nos investissements en santé se sont faits à la fois en Belgique, en Espagne, en Allemagne. Nous poursuivrons cette dynamique européenne. À moyen terme, nous viserons également les États-Unis. À date, avez-vous déjà repéré quelques sociétés à faire entrer en portefeuille ? A. H. : Nous sommes très sélectifs dans notre thèse d’investissement. Au global, à la fois sur la healthtech et la climate tech, nous avons étudié une centaine de sociétés depuis que nous avons commencé à travailler sur notre projet EQNX. Nous avons avancé sur une petite dizaine de dossiers et pensons faire entre 3 et 5 investissements d’ici la fin de l’année. Notre objectif à relativement court terme est d’investir environ 50 M€ par an. Alexandre Heraud Depuis septembre 2024 : Managing Partner chez EQNX Octobre 2018 – mai 2024 : Partner chez CapHorn Depuis décembre 2022 : Investor chez Ganymed Robotics Depuis février 2024 : Investor & Board observer chez Kranus Health Depuis juin 2019 : Investor & Board Member chez Posos Gaston Vasseur Depuis septembre 2024 : Principal chez EQNX 2022 – 2024 : Investment Manager Healthtech puis Principal Healthtech chez CapHorn Invest 2019 – 2022 : Venture Capital Analyst puis Investment Manager Healthtech chez Anaxago Romain Bonfillon chirurgieFonds d'investissementHealthTechIntelligence ArtificielleRobotique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind