Médi’Scope 2025 : la filière santé se consolide, ses financements chutent

Le financement des entreprises de l’innovation en santé

L’édition 2025 du Medi’Scope note un fort ralentissement des financements privés en 2024 à l’échelle nationale. Si sur la période 2022-2024, la France reste le deuxième pays européen en termes de montants d’investissement privés (5 Mds €), une contraction sévère est constatée en 2024 avec -20% en nombre d’investissements et -36% sur les tickets moyens. Autre facteur d’inquiétude : la France est le seul pays d’Europe en décroissance sur ces tickets moyens, qui augmentent en moyenne de 23% sur les autres pays européens. 

La région francilienne n’échappe pas à cette dynamique baissière mais reste, en 2024, une locomotive européenne avec 480 M€ investis, derrière la région de Londres mais devant Zurich (367 M€) et Berlin (345 M€).

L’oncologie et les biotechnologies comme domaines d’excellence

L’oncologie reste la première indication des projets labellisés par Medicen (28) et financés par des investissements privés. Elle est suivie de près par la cardiologie (22) et la neurologie (16), deux aires thérapeutiques portées par le plan Smart Santé régional.

L’Île-de-France, fait aussi valoir Medicen, est un pôle d’excellence en matière de biotechnologies puisque c’est la première région française en familles de brevets actifs en bioproduction (+ de 400). Quant à la dynamique provoquée par l’IA, le pôle de compétitivité francilien la qualifie d’exceptionnelle, rappelant que le marché français de l’IA en santé a un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 38,8% sur la période courant de 2024 à 2030, année à laquelle il atteindrait 7,1 Mds $. Autre chiffre significatif : 450 start-up sont en France spécialisées dans le numérique et l’IA en santé (vs 225 il y a 4 ans). 

Un paysage contrasté selon les filières

Le paysage de la healthtech révèle, en termes de nombre de projets soutenus par Medicen, des tendances variées : le nombre de projets en biotech et pharma s’érode (-9% entre la période 2019- 2021 et 2022-2024), à l’instar des projets medtech (cf. graphique ci-dessous).  La e-santé connaît en revanche un rebond significatif même si, note Medicen, son taux de succès est très inférieur aux autres filières (20% vs 40%).

Plus d’emplois mais moins d’établissements

Après des années d’érosion, le cœur traditionnel de l’écosystème cesse de perdre des emplois et affiche +2% de croissance des effectifs entre 2023 et 2025. Avec +9% (+1 438 emplois), les activités purement pharmaceutiques portent la croissance du secteur traditionnel, compensant la stabilité relative des autres segments (dispositifs médicaux, commerce de gros). Mais, note Valérie Constanty, responsable étude à l’Institut Paris Région, “une baisse des effectifs a été constatée dans l’activité de recherche en biotechnologie. Elle doit être analysée avec précaution. Elle peut être réelle, s’expliquant par les difficultés que rencontrent les sociétés de biotechnologies à assurer leur développement (raréfaction des financements au niveau mondial, départs, modèle économique de ces thérapies) ou apparente, occasionnée par les phénomènes de rachats, fusions ou changement de code NAF. Une étude complémentaire avec un suivi pluriannuel est indispensable pour en proposer une interprétation correcte”.

Aussi, note Medicen, la croissance globale des emplois “s’accompagne d’une réduction de 80 établissements, signe potentiellement d’une maturation par concentration et optimisation des structures”.

Une filière en voie de structuration et de consolidation

Un autre signe de la maturation de la filière healthtech se ressent dans la baisse des projets analysés chaque année par Medicen sur la période glissante de trois ans, avec un taux de financement de ces projets qui augmente. La région Île‑de‑France reste le deuxième opérateur des projets d’innovation en santé, derrière l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui demeure le premier guichet de financement des projets, à fois en nombre de projets comme en taux de succès (45%).