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Accueil > Financement et politiques publiques > Nicolas Gremy (Bpifrance) : “La santé numérique est à la fin d’un cycle…et c’est une bonne chose ”

Nicolas Gremy (Bpifrance) : “La santé numérique est à la fin d’un cycle…et c’est une bonne chose ”

Rattaché à la direction de l’innovation de Bpifrance, Nicolas Gremy est responsable sectoriel “santé numérique” à la direction de l’expertise de la banque publique d'investissement. Il est en charge du suivi des actions de la Stratégie d'Accélération de la Santé Numérique voulue par l'État et évalue entre autres la qualité des programmes de R&D d’entreprises françaises dans des domaines aussi divers que l’IA en imagerie, la robotique, les objets connectés ou la drug discovery. Sa vision globale du marché met en lumière les forces et faiblesses des start-up en recherche de financement et permet de dessiner des tendances sectorielles, pour les mois à venir.

Par Romain Bonfillon. Publié le 29 janvier 2024 à 14h44 - Mis à jour le 30 janvier 2024 à 11h55
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En 2023, nous avons vu certaines entreprises comme Wefight et BioSerenity être placées en redressement judiciaire. Ces difficultés sont-elles dues, selon vous, à des soucis de gestion, à des difficultés de financement ou à un problème plus profond de modèle économique ?

Le mouvement est plus général, nous l’avons vu en Angleterre avec la fin de Babylon Health, qui était valorisée 4 milliards de dollars. La santé numérique n’en est plus à ses débuts, elle est à la fin d’un cycle…et c’est une bonne chose. Avec le Covid, nous avons connu une accélération extraordinaire du secteur pendant quelques mois. Pendant cette période, les freins classiques au développement de ces solutions ont été levés, les barrières administratives, réglementaires et économiques ont été dépassées et on a pu innover très rapidement. Cela a permis de faire émerger des solutions très intéressantes mais nous sommes confrontés à un contexte économique qui ralentit, avec des fonds d’investissements qui deviennent de plus en plus regardants sur la maturité des entreprises dans lesquelles ils vont investir. La question d’un modèle économique réaliste et robuste prend aujourd’hui plus d’importance.

Comment, selon vous, va évoluer le financement de la santé numérique dans les mois à venir ?

La tension économique sur les marchés va perdurer, à cause notamment du ralentissement des levées de fonds. Cela va être aujourd’hui beaucoup plus difficile pour les entreprises qui n’ont pas encore trouvé de rentabilité de se refinancer, puisque les fonds deviennent plus frileux. Il y a donc un tri qui est fait par le marché entre des entreprises matures, qui pourront continuer à lever des fonds et à grandir, et d’autres qui n’ont pas encore trouvé de modèle économique qui soit suffisamment robuste et pérenne. Un certain nombre de solutions sont aujourd’hui dans ce cas. Quant aux sociétés de gestion, elles sont d’une certaine manière en attente de bonnes nouvelles. Elles ont beaucoup investi en France et il y a eu pour le moment assez peu d’exit. Certains fonds vont donc être tentés d’abandonner la santé numérique, pensant que ce n’est pas un marché suffisamment rentable. A tort, selon moi, car la santé numérique offre de véritables propositions de valeur disruptives. Mais d’autres vont continuer, notamment ceux qui ont financé des entreprises pouvant réaliser du chiffre d’affaires plus rapidement. Un tri va donc également se faire au niveau des fonds d’investissement. 

Au travers de la veille et de l’analyse que vous menez sur les différents sous-secteurs de la santé numérique, voyez-vous quelques tendances fortes se dessiner pour 2024 ?

La drug discovery est un marché qui va continuer à voir apparaître des innovations grâce au numérique, car la pharma est une industrie qui est globalement peu numérisée. Même s’il y a des étapes qui sont difficilement compressibles dans le cycle de vie du médicament, le numérique va, sur certains sous-segments, permettre de réduire le temps de développement et diminuer son coût. De plus, en France, nous avons une véritable industrie dans ce secteur, pouvant profiter de ces innovations.

La génomique est également un secteur stratégique et la France dispose de quelques belles entreprises dans le secteur. Nous avons vu pendant l’épidémie de Covid que la France avait, sur certains segments, certaines faiblesses au niveau industriel mais concernant la partie software, nous avons une vraie diversité d’entreprises de tailles différentes. Mais d’autres vont certainement apparaître, notamment sur la multiomique pour des analyses croisées.

Le secteur des thérapies numériques (DTx) semble avoir du mal à décoller. Est-ce par méconnaissance ou manque d’appétit des professionnels de santé pour ces nouveaux outils ? 

Grâce au dispositif PECAN et à l’entrée dans le droit commun de la télésurveillance, nous avons quand même avancé sur les aspects financiers. Il faut mettre les choses en perspective, même si certains problèmes perdurent. On pensait qu’une incitation financière des médecins les pousserait à prescrire des DTx. Moovcare est l’exemple que ce n’est pas si simple que ça. En Allemagne aussi, l’expérience du DiGA montre que ce n’est pas parce que les médecins sont payés pour prescrire qu’ils le font massivement. Un sondage récent a révélé récemment qu’au-delà de l’incitation financière, ce que recherchent les médecins pour prescrire des DTx est le fait que ces thérapies numériques soient recommandées par les sociétés savantes, et qu’ils puissent obtenir des études cliniques solides qui démontrent concrètement l’efficacité de la solution. Il y a aussi la question de l’accompagnement des entrepreneurs auprès des médecins, pour leur expliquer comment la solution fonctionne. La question de l’intégration de la solution dans le workflow de routine clinique du médecin est également cruciale. Si ça lui prend trop de temps de suivre ses patients, s’il a trop d’alertes, le médecin n’utilisera pas la solution. Les critères de succès de la filière DTx sont donc complexes et multifactoriels. Dernièrement, nous avons franchi de grandes étapes, mais nous avançons encore pour trouver un chemin complet. Nous sommes dans une phase de découverte, ces entrepreneurs restent encore des pionniers.

À l’issue d’une enquête menée par l’Institute for Smarthealth auprès de 74 CEO de start-up en santé numérique, le Pr Fabrice Denis fait le constat qu’ “il n’y a pas de modèle économique pour la plupart des solutions à destination des patients” (BtoC). Faites-vous le même constat ?

En effet, les start-up qui aujourd’hui parviennent à scaler sont celles qui font notamment du BtoB, contrairement à celles qui vont rechercher un remboursement ou un achat hospitalier. Ce sont des cycles de vente qui sont beaucoup plus longs, cela nécessite un niveau de preuve supérieur en termes d’études cliniques réalisées en amont (souvent en plus du marquage CE) et donc cela nécessite des moyens financiers plus importants. La santé numérique est simplement un marché en train de mûrir. Le secteur a la particularité de présenter des modèles économiques beaucoup plus diversifiés que pour les biotech ou les DM classiques. Il y a différents moyens d’accéder au marché, le tout étant de bien le choisir.

Par ailleurs, 2024 devrait certainement faire apparaître des modèles innovants, avec des grands groupes industriels qui pourraient être des payeurs. L’innovation concernant les modèles d’affaires est tout aussi importante que celles concernant la technologie !

Comment se manifeste l’engagement de Bpifrance en matière de durabilité en santé ?

Après avoir été la banque du plan de relance pendant le Covid, Bpifrance, comme le soutient Nicolas Dufourcq (son directeur général, ndlr) s’est transformé en banque du climat. Sur la partie financement, qui est le cœur de métier de Bpifrance, nous demandons de plus en plus aux porteurs des éléments concernant leur stade d’avancement, en termes d’impact climat au sens large. Nous passons de plus en plus de temps à étudier cet aspect des entreprises que nous finançons et qui ont par exemple des grilles d’impact à remplir où ils doivent nous dire ce qu’ils font pour améliorer leur impact environnemental. Aujourd’hui, ce dispositif d’accompagnement ne prévoit pas de pénalités, notre idée est plutôt à ce stade d’aider à la prise de conscience et d’encourager les entrepreneurs à faire tout ce qui peut être fait, dans l’intérêt de tous.

Dans le cadre du programme France 2030, l’Etat entend stimuler le passage à l’échelle des entreprises innovantes, grâce à la dépense publique. Comment faire pour encourager cette dépense publique ?

Bpifrance travaille avec l’AIS sur ces réflexions. C’est une vaste question… Au-delà de simplifier administrativement les démarches et de donner plus de moyens financiers aux hôpitaux pour acheter des produits innovants, il n’existe pas de solution miracle. Avec l’inflation, les hôpitaux ont de moins en moins de moyens pour acheter ces produits innovants, donc cette question se pose de manière d’autant plus urgente. Pour l’entrepreneur, il est devenu d’autant plus important de présenter à l’hôpital des ROI très importants. L’appel à projet “Evaluation des dispositifs médicaux numériques” permet justement de présenter ce type de métriques. L’hôpital peut désormais difficilement se permettre de se tromper dans ses achats innovants. 

Votre principale mission consiste à évaluer la qualité des programmes de R&D d’entreprises françaises qui recherchent des financements dans le domaine de la santé numérique. Quels sont les points forts et les points faibles récurrents que vous observez dans les projets que vous analysez ?

Les entrepreneurs français sont particulièrement créatifs. En santé numérique, ils proposent  des produits qui sont originaux, qui répondent globalement tous à un besoin, l’altruisme est aussi un de leurs traits communs. Nos mathématiciens et data scientists font en outre des produits d’excellente qualité, au niveau de l’état de l’art pour la plupart ou qui le dépassent. En termes techniques, nous n’avons donc pas à rougir des performances de nos produits numériques. L’aspect “modèle économique” reste cependant à améliorer. Les entrepreneurs en santé en France sont peut-être moins tournés vers le business que d’autres qui sont dans un secteur différent (fintech, ecotech, etc.), simplement parce qu’ils ont d’autres sujets à traiter avant de s’occuper pleinement de ce sujet-là. Certains ont également tendance à sous-estimer les difficultés de cette étape.

Beaucoup de start-up que nous avons accompagnées ont eu une approche trop linéaire de l’innovation. D’abord technique en développant le produit, puis règlementaire et enfin commerciale. Le modèle économique était donc un peu le sujet qui était traité à la fin, une fois que toutes les étapes précédentes avaient été accomplies. Comme ces entrepreneurs sont, pour la plupart, des personnes qui se lancent en voulant répondre à une problématique médicale, la dimension financière n’est pas leur priorité. Un certain nombre travaillent encore de façon linéaire, alors que ces étapes doivent être parallélisées au maximum, dans la mesure du possible.

Ainsi le talon d’Achille de nombreuses entreprises dans ce domaine reste le modèle économique ou plus largement la dimension commerciale. À cet égard, j’observe de plus en plus d’entreprises qui, pour des raisons commerciales, visent le marché américain le plus tôt possible. Cela peut être une solution mais ce n’est en aucun cas la solution idéale pour tous les cas de figure. Nous leur conseillons de prendre des avis, afin de bien connaître le marché. Chaque situation est unique et l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.

Nicolas Gremy

Depuis 2017 : Responsable sectoriel santé numérique à la direction de l’expertise de Bpifrance

2016 – 2017 : Responsable innovation au SATT (Société d’accélération du transfert de technologie) Grand Centre

2015 : Chef de projets en imagerie médicale chez Deuxième Avis

2012 – 2013 : Chercheur à la Faculté Libre de Médecine (Lille)

2011 – 2013 : Diplôme d’ingénieur (spécialité imagerie médicale et santé) à l’HEI

Romain Bonfillon
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