Accueil > Financement et politiques publiques > Professeur Antoine Tesnière (PariSanté Campus): “L’enjeu est de fédérer l’écosystème du numérique en santé” Professeur Antoine Tesnière (PariSanté Campus): “L’enjeu est de fédérer l’écosystème du numérique en santé” Ancien "conseiller en charge du Covid-19" au cabinet du ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, le Pr Antoine Tesnière a été nommé directeur de PariSanté Campus en mars 2021. Pour mind Health, il dresse la feuille de route de ce lieu unique dédié au numérique en santé en France. Par Sandrine Cochard. Publié le 27 octobre 2021 à 6h44 - Mis à jour le 26 octobre 2021 à 17h18 Ressources PariSanté Campus démarre et devrait s’installer très prochainement sur son premier site à Issy-les-Moulineaux. Où en êtes-vous ? Professeur Antoine Tesnière : L’ouverture du premier site est prévue le 17 novembre. L’immeuble de 20 000 m2 est complètement rénové, les travaux sont bientôt finis. Ce lieu sera très emblématique pour le numérique en santé et les rencontres que l’on va y mener. Il y aura à la fois des structures nécessaires à la recherche (Prairie sur l’IA, Kubio sur la modélisation des systèmes biologiques, Physics for medicine pour l’imagerie et un institut sur les enjeux sociologiques, économiques et éthiques des données en santé), des structures de recherche, mais aussi des structures d’entrepreneuriat, avec un hôtel d’entreprises. Ce lieu abrite également des auditorium, des salles de cours pour la formation et une grande terrasse, qui seront utilisés pour les événements que nous organiserons. Un grand atrium permettra aussi de faciliter les rencontres et les échanges entre ces différents acteurs qui ne se rencontrent pas habituellement. Quand l’installation sur le site final du Val de Grâce est-elle prévue ? Pr A. T. : L’enjeu du projet architectural sur le Val de Grâce est de conserver l’esprit de ce bâtiment, qui est un fleuron de la médecine française, tout en le modernisant pour l’adapter au programme PariSanté Campus. Pour cela, 3 ans de travaux sont envisagés, en plus des 2 à 3 ans de procédures administratives sur l’analyse, les diagnostics de l’immeuble et les modifications d’urbanisme. Cela nous emmène fin 2027, début 2028. Le site final de PariSanté Campus sera installé dans les locaux rénovés de l’ancien hôpital d’instruction des Armées du Val-de-Grâce (crédit : PariSanté Campus) L’une des missions de PariSanté Campus est de structurer, analyser et valoriser la donnée. Comment allez-vous vous y prendre ? Pr A. T. : PariSanté Campus a quatre grandes mission : créer les talents du numérique en santé de demain (notamment en intelligence artificielle appliquée à la santé), créer de la valeur économique et médico-scientifique, structurer, analyser et valoriser la donnée en contexte sécurisé et enfin, améliorer le fonctionnement et l’impact du système de santé pour les citoyens. Concernant la mission spécifique des données, notre enjeu est de faciliter la diffusion de la culture et de la compréhension de la donnée et d’impliquer l’ensemble des structures ayant des enjeux dans la santé, avec une vision nationale. La diffusion de cette culture de la donnée permettra de favoriser tous les enjeux. Elle permettra aussi de garantir les choix souverains de la France en termes d’anonymisation, de sécurisation et de protection des données. L’ambition de ce programme est aussi d’arriver à structurer une filière française sur ces questions de numérique en santé. Avec quels acteurs allez-vous travailler ? Pr A. T. : L’enjeu est de fédérer l’écosystème du numérique en santé, donc potentiellement, tous les acteurs de cet écosystème pourront collaborer. Aujourd’hui, l’ambition du projet et le moment auquel il arrive génèrent beaucoup d’enthousiasme et de souhaits de collaboration. Beaucoup d’acteurs de la recherche, du soin, institutionnels, associatifs ou de la formation souhaitent s’engager. Nous sommes en discussion avec EuroBiomed et des clusters d’innovations dans différents territoires. Nous mettons en place un partenariat privilégié avec les Fédérations du soin et de l’AP-HP. Côté entrepreneuriat, France Biotech, Ariis (l’association des grands industriels en santé) et French Health Care, qui valorise la santé française dans le monde, seront sur le site. Nous échangeons avec l’initiative AI for Health, de Start-up Inside, pour créer des réseaux communs et animer l’écosystème ensemble. Dans un second temps, nous porterons des projets en commun (projets événementiels, scientifiques, d’échanges internationaux…). Nous discutons également avec les grands groupes industriels et les PME et ETI françaises. Ces collaborations sont essentielles pour investir les grands enjeux de santé publique. La concentration d’acteurs en un cluster localisé ne risque-t-il pas d’écarter des talents, en région ? Pr A. T. : PariSanté Campus a l’ambition de réussir à fédérer et agréger les initiatives sur l’ensemble du territoire, notamment via ses 5 membres fondateurs que sont le Health Data Hub, l’Inserm, l’Inria, l’ANS (Agence du numérique), PSL (Université Paris Sciences et Lettres). Nous sommes également très heureux d’accueillir des start-up incubées en province, qui prennent quelques postes de travail sur le site. Cela leur permet d’avoir un pied dans l’écosystème que nous allons créer, et cela nous permet de mailler le territoire national. Nos collaborations avec la French Tech nous permettent également de nous appuyer sur l’important réseau territorial et international qu’ils ont mis en place. Cela nous donne une visibilité et une présence internationale sur les sujets du numérique en santé. L’écosystème à proximité directe du site final de PariSanté Campus (crédit : PariSanté Campus) Pourquoi est-ce si important d’avoir un espace physique commun ? Pr A. T. : Être sur place, c’est accéder immédiatement à toutes les bonnes expertises. Cela a une valeur infinie dans un monde qui peut être complexe à comprendre ou difficile d’accès. Certaines entreprises qui se lancent peuvent avoir du mal à comprendre les régulations, à trouver le bon interlocuteur ou à se repérer dans les structures dont elles ne comprennent pas les sigles comme l’HAS, ANS, les CPTS… La possibilité de dire : “c’est le bureau en face, c’est au 2e étage, c’est tel interlocuteur ici, à PariSanté Campus”, est une vraie richesse. Cette politique de site et ce rassemblement d’acteurs est unique au monde ! Et n’oublions pas l’accès à distance. Nous venons de monter un partenariat avec la plateforme G_NIUS afin d’être un point d’accès facile pour tout l’écosystème, y compris pour ceux qui ne seraient pas sur site. Il existe déjà de nombreux acteurs de référence, institutionnels notamment (ANS, DNS, HAS…), sur le sujet de la santé numérique. Quel va être le rôle de PariSanté Campus à leurs côtés ? Pr A. T. : L’ANS fait partie de PariSanté Campus. Chacune de ces agences, que ce soit le Health Data Hub, l’ANS, l’Inserm ou l’Inria, conserve ses missions propres et participent à la création de PariSanté Campus. Cela leur permet d’avoir des collaborations et une portée plus larges. PariSanté Campus vient comme un complément, comme un élément visible et structurant qui s’appuie sur les fondations posées par ces structures, notamment la direction du numérique en santé. Ce site est aujourd’hui possible parce qu’il y a eu des évolutions sur la structuration des acteurs, sur la réglementation autour des enjeux numériques, sur les investissements à travers le Ségur du numérique et le PIA4 (programme d’investissements d’avenir). Des représentants des ministères seront-ils présents sur le site ? Pr A. T. : PariSanté Campus est un projet porté en commun par les ministères de la Recherche, de la Santé et de l’Economie. Il y aura des représentants des différents ministères sur le site. Toutes les directions centrales de ces ministères nous accompagnent, à la fois pour monter le programme et pour s’en servir comme un point d’écoute de l’écosystème. Cela permettra de comprendre les besoins de la recherche et des entrepreneurs, voire de faire évoluer les régulations actuelles si on estime qu’il y en a besoin, sur des sujets assez variés comme l’accès au marché ou l’évaluation clinique. Ce lien avec les institutions est permanent au sein de PariSanté Campus. C’est aussi cela qui crée la valeur de ce site. Quelles seront les grandes lignes de la feuille de route de PariSanté Campus ? Pr A. T. : Les grandes lignes de la feuille de route serviront les 4 grands objectifs de PariSanté Campus (formation, données, création de valeur économique et scientifique, et impact du numérique sur le système de santé). La concertation en cours vise à confronter cette feuille de route à la vision et à la compréhension du public, à la fois pour l’informer des projets mis en place et pour tirer de ses échanges des évolutions potentielles. La dernière réunion de la concertation aura lieu le 9 novembre. Les échanges pourront se poursuivre en ligne. La fin officielle de la concertation est le 13 novembre. Les éléments du programme envisagé (crédit : PariSanté Campus) Avez-vous hiérarchisé des priorités parmi vos différentes missions ? Certaines démarreront-elles avant les autres ? Pr A. T. : L’ouverture du site nous engage à mettre en place les grandes lignes du programme. Les 4 axes sont déjà présents dans le site qui ouvre prochainement, de même que les enjeux internationaux et les interactions avec l’écosystème. Nous aurons donc un ensemble très complet assez rapidement. Avez-vous des objectifs chiffrés pour les années à venir ? Pr A. T. : Absolument. Nous avons l’objectif d’accueillir un peu plus d’une cinquantaine de start-up et une dizaine de grands groupes industriels pour commencer. À terme, nous aurons un site final d’un peu plus de 70 000 m2 dédié au numérique en santé qui réunira plus de 3000 personnes et plus de 100 entreprises. Ces indices permettront de mesurer la croissance de PariSanté Campus. Mais nous avons surtout à coeur de faire comprendre que PariSanté Campus n’est pas un centre de coût mais une création de valeur, notamment économique. Le rassemblement de ces acteurs et les synergies mises en place permettront de dégager de la valeur économique qui sera supérieure aux investissements publics. PariSanté Campus a lancé un appel à candidatures pour les start-up, qui se termine fin octobre. Où en êtes-vous ? Pr A. T. : Nous avons reçu de nombreuses candidatures, auxquelles nous répondrons courant novembre afin que les start-up retenues puissent être hébergées sur le site, dès son ouverture. Nous allons valoriser les start-up dont les thématiques sont proches de celles des instituts de recherche de PariSanté Campus, afin de favoriser les collaborations. Mais on ne s’interdit pas d’accueillir des start-up qui n’auraient pas de lien direct. Les start-up intéressées peuvent encore candidater sur le site de parisantecampus.fr. Avez-vous défini des grandes thématiques à privilégier pour le recrutement de ces start-up ? Pr A. T. : Non car l’objectif de ce premier appel était de recruter le plus largement possible. Dans un deuxième temps, nous envisageons de lancer des appels à candidatures thématiques. Nous avons vocation d’être assez souples dans les modalités d’accueil, avec des solutions modulaires, notamment lorsqu’une start-up est basée en région. À travers PariSanté Campus, on leur donne également accès aux initiatives à proximité, notamment via le partenariat que l’on monte avec l’AP-HP. L’idée est de leur donner le meilleur pour qu’elle puisse grandir et développer leur produit. Pr Antoine Tesnière Depuis avril 2021 : Directeur de PariSanté Campus Mai 2020 – Avril 2021 : Directeur adjoint du Centre Interministeriel de Crise au ministère de l’Intérieur Février 2020 – Avril 2021 : Conseiller au Cabinet du Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran Septembre 2017 – Mars 2020 : Conseiller scientifique au ministère en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche PariSanté Campus en chiffres Deux sites : le premier, à Issy-les-Moulineaux, fait 20 000 m2 et ouvrira le 17 novembre 2021. Le site final, au Val-de-Grâce, ouvrira ses 70 000m2 entièrement rénovés fin 2027-début 2028. Investissements publics : 45 millions d’euros issus du plan de relance sont fléchés sur le site d’Issy-les-Moulineaux et plus 360 millions d’euros seront consacrés à la rénovation du Val de Grâce. Effectifs : un peu plus de 1000 personnes seront réunies sur les 20 000m2 du premier site et plus de 3000 personnes seront hébergées sur le site final du Val de Grâce. Sandrine Cochard FinancementsIncubateursIndustrieIntelligence ArtificiellePolitique de santéPublic/PrivéRecherchestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Étude de cas Comment le Centre Léon Bérard et Roche Diagnostics France ont mis au point une application d’aide à la décision clinique Droit Devant Dispositifs médicaux : que change la nouvelle réglementation européenne ? Avec Hydro, Implicity investit l'espace projet du Health Data Hub La start-up française DentalMonitoring lève 150 millions de dollars LBO France annonce le closing de Digital Health 2 et lève 155 M€