Accueil > Financement et politiques publiques > Recrutement : les start-up en santé en quête de la perle rare Recrutement : les start-up en santé en quête de la perle rare Le marché de la santé en Europe est caractérisé par un solide héritage de connaissances académiques associé à une main-d'œuvre diversifiée, bien que parfois rare. À l'heure de l'intelligence artificielle et de l'analyse des données, les déficits en matière de compétences se creusent. Comment les VCs perçoivent les forces et faiblesses du marché du travail européen en santé numérique, dans les medtech et les biotech ? Par Clarisse Treilles. Publié le 23 août 2024 à 12h28 - Mis à jour le 23 août 2024 à 12h28 Ressources Toutes les entreprises de la e-santé, medtech comme biotech, sont à la recherche du “mouton à cinq pattes”, à l’aise à la fois sur le versant clinique et technique et familier des nouvelles exigences en matière de réglementation comme de RSE. Lorsque les start-up lèvent des fonds, la question du recrutement fait partie des actions auxquelles les fondateurs s’attèlent en priorité pour leur permettre d’atteindre le plus rapidement des paliers dans leur développement. Certains profils sont tellement rares sur le marché que les entreprises n’ont d’autre choix que de recruter à l’étranger, notamment dans la recherche où cette pratique est courante. Un rapport publié conjointement par le Fonds européen d’investissement et la Fondation WorkInHealth, créée par EIT Health, s’est penché sur cette question. À travers le point de vue d’experts de sociétés de capital-risque, il analyse les attentes en matière de compétences sur le marché européen de la e-santé, de la medtech et de la biotech, et propose une lecture des forces et faiblesses en présence. Dans l’étude d’un dossier, la capacité de recruter des professionnels hautement qualifiés est l’un des principaux critères auxquels sont attentives les sociétés de capital-risque (39%) au moment d’investir, après l’obtention d’un financement (64%) et la sécurisation des liquidités (44%). Un profil n’est jamais complet sans la prise en compte de “soft skills” et de “hard skills”, autrement dit de compétences humaines générales et de compétences techniques plus spécifiques à la branche dans laquelle les professionnels évoluent. En matière de soft skills, l’étude révèle que les VCs donnent la priorité au management et à la gestion du personnel, ainsi qu’au réseautage et à la connaissance de l’industrie. Les compétences scientifiques et technologiques s’avèrent plus importantes pour les VCs évoluant dans le domaine des biotechnologies. Pour ces experts, la technologie est primordiale (50%) dans les critères de sélection des investissements, suivie de l’équipe de direction (49%) et le potentiel de sortie (41%). L’analyse des données exige des compétences spécifiques Les difficultés de recrutement varient selon les spécialités des start-up. Dans le secteur de la santé numérique et des medtech, les personnels compétents dans l’analyse de données et l’IA manquent souvent de connaissances biomédicales. Lorsque l’on regarde le profil de certaines entreprises, il s’agit souvent de compétences partagées par plusieurs cofondateurs. Pour la medtech, le principal défi est de parvenir à trouver des experts techniques et réglementaires qualifiés. Les compétences technologiques avancées, en particulier en matière d’intelligence artificielle, sont aussi convoitées. Le rapport observe en outre des déficits en matière de compétences et des disparités dans les formations. Dans le domaine biotechnologique, les postes qui nécessitent des compétences en matière de développement des affaires seront plus difficiles à pourvoir. À l’ère des grands ensemble de données et des algorithmes de machine learning, il apparaît tout aussi stratégique pour les biotech de maîtriser la science des données et la bio-informatique à des fins d’innovation et de recherche. L’essor des sociétés qualifiées de “techbio” témoigne d’ailleurs de l’importance des outils technologiques dans la science pour accélérer la recherche de médicaments. Accompagner l’innovation santé Au sein des sociétés de capital-risque qui investissent dans ces start-up, il est tout aussi important de s’entourer de profils techniques dotés d’une formation scientifique ou d’une expérience dans l’industrie, pour être en mesure de trier les milliers de dossiers qui arrivent chaque année, comme l’expliquait Catherine Boule Directrice générale de Karista à mind Health. Pour compléter leurs connaissances, le sourcing est une tendance qui s’installe : “Nous essayons de sourcer les dossiers assez tôt. Nous participons à beaucoup de jurys et sommes en contact étroit avec des incubateurs comme Future4Care, Agoranov, Lyonbiopôle, Paris&Co. Nous avons également un réseau de personnes avec qui nous avons déjà travaillé. Ce sont des entrepreneurs et des co-investisseurs, qui ont noué des liens avec l’équipe d’une start-up et qui peuvent nous faire des recommandations” détaillait Catherine Boule. Au niveau européen, Jean-Marc Bourez, CEO d’EIT Health, a évoqué à mind Health les objectifs du projet “Pact for skills”. Il s’agit du “premier partenariat sur le développement des compétences dans le domaine de l’industrie de la santé” a-t-il souligné. Cette initiative menée par EIT Health offre des opportunités de se former dans le domaine de la bioproduction, du management de la qualité, du process de production, du bioprocessing et de la littératie numérique (interopérabilité, data science, IA, etc.). “De grands acteurs européens ont décidé de le rejoindre en tant que signataire du pacte coordonné par EIT Health tels que la fédération européenne de l’industrie pharmaceutique, l’association Medicines for Europe, Vaccines Europe, DIGITALEUROPE, MedTech Europe, ainsi qu’une trentaine d’universités, d’écoles d’ingénieurs, de centres de formation vocationnelle et d’industriels” a précisé Jean-Marc Bourez. Le recrutement et la formation sont des enjeux clés que le plan Innovation santé France 2030 soutient. Il anticipe notamment 10 000 recrutements pour atteindre les objectifs fixés en matière de bioproduction. Sur le volet e-santé, le plan consacre une enveloppe de 81 millions d’euros dans la formation de l’ensemble des acteurs de la filière santé numérique. Pour accompagner ces objectifs, le gouvernement rend obligatoire un socle dédié au numérique dans la formation de tous les étudiants en santé à la rentrée 2024. Clarisse Treilles Dispositif médicalFormationIntelligence ArtificielleRecherchestart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind