Accueil > Industrie > Stratégie > David Guez (WeHealth by Servier) : “Nous voulons initier 10 à 15 partenariats par an sur les 5 prochaines années” David Guez (WeHealth by Servier) : “Nous voulons initier 10 à 15 partenariats par an sur les 5 prochaines années” Avec la création en novembre 2016 de WeHealth, Servier a mis le cap sur la e-santé. Deux premières collaborations ont été annoncées avec BioSerenity et CardioRenal. David Guez, son directeur, détaille la feuille de route pour les cinq prochaines années. Par Aurélie Dureuil. Publié le 08 décembre 2017 à 11h24 - Mis à jour le 20 janvier 2021 à 10h58 Ressources La direction “WeHealth by Servier” a été créée en novembre 2016. Quel est votre positionnement ? Aujourd’hui, la santé a besoin d’une réévaluation totale. Le digital est un des outils, voire l’outil principal, permettant de s’interroger sur la façon dont la médecine va se transformer. Le patient prend une part de plus en plus active dans sa santé et a besoin d’une efficience optimale des acteurs. Servier est actuellement un acteur reconnu dans le domaine du médicament. Demain, nous voulons aller bien au-delà et participer au parcours global du patient. Nos trois objectifs sont d’améliorer la qualité et la durée de vie des patients, de diminuer les coûts de santé et de transformer et créer des emplois à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise. Quel bilan dressez-vous de cette première année ? Nous avons rencontré plus de 200 start-up et avons neuf partenariats en cours dont ceux avec BioSerenity et CardioRenal, qui sont déjà effectifs. Ces collaborations concernent le domaine de la cardiologie et nous travaillons déjà sur les autres domaines thérapeutiques de Servier qui sont l’oncologie, la diabétologie, la neuropsychiatrie et l’immuno-inflammation. Par ailleurs, nous poursuivons les discussions avec les entreprises qui nous paraissent les plus prometteuses dans les axes où nous voulons accompagner la médecine du futur. Nous travaillons également avec les filiales Servier (le groupe revendique une présence de 148 pays, ndlr) pour repérer les signaux faibles sur leur marché local. Votre stratégie repose sur des collaborations extérieures pour lesquelles vous avez privilégié les partenariats plutôt que les prises de participation. Pourquoi ce positionnement ? Notre stratégie repose sur l’open innovation, afin de nous ouvrir sur l’extérieur, tout en nous appuyant sur l’expérience de nos ressources internes. Il s’agit des acteurs de l’écosystème, comme les start-up avec de nouvelles technologies, les assureurs, les entreprises publiques, les entreprises privées… qui se posent les mêmes questions que nous. Notre mode de fonctionnement laisse aux start-up leur liberté et leur esprit créatif grâce à une démarche agile. Ces partenariats visent à accompagner le développement des produits puis assurer la commercialisation et la distribution. Quels sont les moyens consacrés à ces partenariats ? Nous bâtissons des partenariats sur trois ans avec l’objectif d’accompagner le produit du développement jusqu’à la mise sur le marché. Nous investissons entre 3 et 7 millions d’euros sur cette période en fonction des projets et nous les accompagnons en termes de ressources humaines, de savoir-faire, de réalisation d’études, d’aide sur le market access… Quels retours sur investissement visez-vous ? Aujourd’hui nous construisons un portefeuille pour accompagner la médecine du futur. Notre premier objectif est de vendre, via nos filiales, une solution développée avec BioSerenity et de mettre en place un véritable réseau de distribution, basé sur notre réseau de distribution interne. Nous espérons enregistrer les premiers revenus d’ici un an. Quelles sont vos ambitions pour WeHealth by Servier à cinq ans ? Nos objectifs sont d’avoir couvert l’ensemble de nos aires thérapeutiques dans cinq ans. Nous voulons initier 10 à 15 partenariats par an sur cette période et ainsi avoir un pipeline d’une cinquantaine de produits. Nous voulons porter notre équipe actuelle de 15 personnes à 50 d’ici 2 à 3 ans. Notre objectif est d’avoir une place parmi les leaders de cette médecine du futur qui s’appuie sur la santé numérique. Nous espérons atteindre 200 à 300 millions de patients dans le monde avec nos solutions. Enfin, nous voulons construire une stratégie d’utilisation des données issues de ces produits. Quels sont les enjeux autour de ces données ? Elles doivent servir l’intérêt des patients pour faire évoluer les usages et améliorer le parcours patient à l’hôpital, en ville, dans la détection de complications, etc. Nous travaillons sur les façons d’héberger et d’analyser ces données, tout en respectant la confidentialité. Pour le CardioSkin par exemple, l’objectif est que ces tee-shirts servent à recueillir un maximum de données pour le patient. Il faut que ces données puissent être traitées, valorisées. Face à ces nouveaux produits, tout le travail sera de réaliser des registres de vie réelle afin de montrer l’intérêt de ces nouveaux usages. Nous travaillons sur les façons d’analyser ces données. n David Guez 2016 : directeur de WeHealth by Servier 2006 : directeur du département de l’innovation médicale et de la coordination de la R&D de Servier. 1985 : directeur de la recherche thérapeutique à la direction R&D de Servier. 1977 : Médecin spécialiste en cardiologie et médecine interne à l’AP-HP. Deux partenariats avec des start-up Françaises Depuis sa création en novembre 2016, la filiale de Servier a annoncé deux contrats avec des sociétés françaises dans le domaine de la cardiologie. Le premier conclu en 2015, avec BioSerenity, concerne le développement du Cardioskin, un tee-shirt réalisant des électrocardiogrammes (ECG). Muni de capteurs, ce tee-shirt peut se porter 24 heures/24 et être lavé plusieurs fois. Il permet de mesurer l’activité électrique du cœur sur une longue période et de détecter des anomalies en “temps réel”, assure Servier qui détaille : “les données recueillies sont immédiatement transmises au médecin via une application mobile associée.” “Nous travaillons sur une version 2 du Cardioskin”, précise David Guez (WeHealth by Servier) qui prévoit une mise sur le marché en 2018. Avec CardioRenal, le partenariat a été annoncé en août 2017. Il concerne le développement conjoint d’un outil de télémédecine pour le suivi des patients souffrant d’insuffisance cardiaque. Un boîtier ambulatoire permet “à l’aide d’une goutte de sang” de mesurer trois biomarqueurs (hémoglobine, potassium et créatinine) donnant des indications sur l’évolution de la pathologie. Les résultats seront envoyés au médecin qui pourra surveiller en temps réel son patient et mieux adapter son traitement. Pour ce produit, le laboratoire n’indique pas de date de mise sur le marché qui devrait intervenir “à moyen terme”. Aurélie Dureuil Dispositif médicalLaboratoiresStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind