Accueil > Financement et politiques publiques > Financement de l'innovation > François Nicolas (Guerbet) : “Notre ambition est de prendre le lead en interne sur de nouveaux projets” François Nicolas (Guerbet) : “Notre ambition est de prendre le lead en interne sur de nouveaux projets” L’entreprise familiale spécialisée dans les produits de contraste et solutions pour l’imagerie médicale a multiplié les annonces de partenariats autour du numérique à l’automne 2019, de codéveloppement avec IBM Watson et de distribution avec icometrix. Arrivé en septembre 2017 chez Guerbet, son CDO, François Nicolas, détaille pour mind Health sa stratégie. Par Aurélie Dureuil. Publié le 18 octobre 2019 à 15h48 - Mis à jour le 02 juin 2021 à 11h00 Ressources Quelle était votre mission à votre arrivée chez Guerbet en septembre 2017 ? La mission que m’a confiée Yves L’Epine, le CEO de Guerbet, était de développer une ligne de produits et de business dans le digital autour de l’intelligence artificielle. Avec une approche résolument partenariale, il s’agissait de s’appuyer sur la force de Guerbet, c’est-à-dire son rayonnement mondial en radiologie, pour apprendre dans le domaine du digital et de l’intelligence artificielle. L’objectif à trois à cinq ans est d’être un acteur mondial reconnu avec un portefeuille assez étoffé, la capacité de développement et de commercialisation et une expertise reconnue. Mi-2018, vous aviez l’ambition de constituer une équipe dédiée. Où en êtes-vous ? Nous sommes aujourd’hui une petite dizaine de personnes. C’est une équipe très multifonctionnelle avec des spécialistes de machine learning, des experts en médico-marketing et en gestion de projets. La plupart de l’équipe est localisée en région parisienne mais nous avons également une ressource dédiée en Chine pour développer des partenariats spécifiques, compte tenu de l’importance de ce marché et de sa complexité. Nous avons mis en place une base de données d’images anonymisées dédiée à notre activité. Nous avons trois recrutements en cours : deux PhD et un data scientist. Et les profils qui pourraient continuer de nous intéresser seront dans le domaine du médico-marketing. À cours ou moyen terme, l’équipe devrait être constituée d’une quinzaine de personnes. Comment allez-vous mettre en oeuvre votre stratégie ? Pour préparer la mise en place de cette nouvelle activité, nous nous sommes dit qu’il fallait commencer par commercialiser rapidement des solutions. Cela permet de positionner la société sur ce marché, de s’organiser et d’apprendre. Nous avons donc conclu des partenariats de distribution avec IBM en 2018 sur le marché américain et avec icometrix dans trois pays (France, Italie et Brésil). Par ailleurs, les partenariats de codéveloppement avec IBM Watson sont une manière de monter en compétence rapidement et de nous assurer d’une connaissance intime des produits. Avec le temps, notre ambition est de prendre le lead en interne sur de nouveaux projets, et nous avons ainsi quelques sujets à l’état d’avant-projets. Avec IBM Watson, vous aviez signé, en 2018, un premier partenariat dans le domaine du cancer du foie. Prévoyez-vous toujours une commercialisation d’ici fin 2020 ? Ce projet avance bien. Le lancement est toujours prévu fin 2020. Et justement comme le projet se déroule bien, nous avons décidé de renforcer la collaboration en concluant un deuxième accord (annoncé en septembre 2019, ndlr), cette fois dans le domaine du cancer de la prostate. Nous bénéficions ainsi de l’expérience du premier projet et avons accru l’implication directe de Guerbet qui participe maintenant pleinement au développement algorithmique. Ceci a été possible car nous avons déjà démontré à IBM notre capacité d’innovation en IA sur le projet foie en développant une brique algorithmique. En complément, nous restons très actifs sur la définition des besoins médicaux et sur l’établissement de partenariats médicaux au niveau mondial sur ces deux projets. Nous sommes sur le même calendrier de deux à trois ans pour obtenir une première version. Comment travaillez-vous sur les données pour entraîner les algorithmes ? Chaque société est impliquée dans la gestion de projet sur la partie acquisition des données. Nous travaillons avec des acteurs dans le monde entier : les États-Unis, la France et d’autres pays européens, l’Amérique du Sud et l’Asie. Cette diversité est importante car nous cherchons à développer des solutions robustes. Elles doivent donc être entraînées avec une grande variété de données. Et nous devons prendre les spécificités épidémiologiques et éventuellement techniques que nous pouvons trouver dans différents pays. En fonction des pays et des partenariats, les collaborations peuvent prendre des formes un peu diverses. Prévoyez-vous d’autres projets avec IBM ? Nous avons établi un partenariat stratégique avec au niveau de la distribution un produit (Imaging Patient Synopsis) commercialisé aux États-Unis, annoncé lors du salon RSNA (Radiological Society North America) en novembre 2018 et ces deux projets de codéveloppement. Et lors des Journées francophones de radiologie (mi-octobre 2019 à Paris, ndlr), nous avons fait des démonstrations d’une solution IBM développée pour le marché européen. Il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres projets collaboratifs. Pour les radiologues, il est important d’avoir des offres relativement larges. C’est pourquoi nous pensons qu’il ne faut pas se limiter à une ou deux pathologies. Avec icometrix, vous intégrez la solution icobrain, un logiciel Saas utilisant de l’intelligence artificielle à votre portefeuille. Quels sont vos objectifs ? La solution d’icometrix sera la première utilisant de l’IA que nous vendrons dans ces trois pays. Notre ambition avec cette solution est d’apporter une importante valeur médicale aux radiologues qui puisse bénéficier à des patients atteints de maladies neurologiques. Par la suite, nous chercherons à étoffer notre portefeuille avec d’autres solutions, qu’elles aient été développées par Guerbet, codéveloppées avec nous ou mises au point par des tiers. Nous regardons des solutions pour lesquelles nous sommes convaincus d’une forte valeur ajoutée médicale et qu’elles ont été conçues dans des conditions extrêmement respectueuses de l’utilisation des données. Nous travaillons à la fois avec des acteurs comme IBM et avec des start-up comme icometrix. En termes de pathologies, nous sommes un acteur de la radiologie qui fournit des produits de contraste dans énormément de domaine. En 2018, vous n’excluiez pas la prise de participation dans des start-up. Est-ce toujours un axe de développement ? La partie business development est toujours importante. C’est quelque chose que nous regardons activement car cela peut être un fort accélérateur. Nous étudions des participations minoritaires mais pas uniquement. Nous ne nous interdisons pas d’être opportunistes. Nous regardons l’écosystème français, celui que nous connaissons le mieux, mais nous ne nous limitons pas. Un de vos collaborateurs est dédié au marché chinois. Pourquoi ce marché en particulier ? Plus de 50 % des cancers du foie dans le monde sont en Chine. Quand nous voulons aider au diagnostic et à la gestion de ce cancer, nous ne pouvons pas ne pas nous intéresser à la Chine. De plus, l’intelligence artificielle est amenée à s’y développer très fortement. Enfin, c’est un marché compliqué et très spécifique. Pour tenter de l’adresser au mieux, il est important d’avoir une personne en local. En terme de stratégie, pour l’instant rien n’est fixé. Il faudra établir des partenariats avec des acteurs académiques et médicaux. Quel est le budget consacré à ces projets autour du numérique ? Nous ne communiquons pas de chiffre, mais il est significatif. Guerbet est une ETI qui innove sur son coeur de métier. C’est la seule compagnie avec un agent de contraste IRM en phase III de développement. Elle investit également beaucoup dans le domaine interventionnel et sur la diversification dans le digital et autour de l’IA. L’objectif est d’investir de manière très ciblée. françois nicolas Septembre 2017 : Chief digital officer de Guerbet Mars 2017 : Chief operating officer d’Impeto Medical 2014 : Vice-président de l’activité Diabetes integrated care de Sanofi, notamment en charge de la mise en place du partenariat stratégique avec Google Verily 1997 : Plusieurs postes chez GE Healthcare 1997 : Diplômé de l’Ecole Polytechnique et d’une thèse de doctorat en physique Aurélie Dureuil Dispositif médicalImagerie médicaleInnovationIntelligence ArtificielleLaboratoiresstart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Accord de commercialisation entre Guerbet et icometrix Intelligence artificielle : Guerbet et IBM Watson Health entreprennent ensemble un deuxième projet François Nicolas (Guerbet) : “Le partenariat avec IBM Watson est une manière d’aller relativement vite sur le marché” Un accord de commercialisation entre Guerbet US et Imalogix Guerbet signe avec IBM Watson Health Confidentiels Guerbet prépare sa mue vers le digital