Les acteurs de la chaîne des produits de santé en France se projettent à 10 ans

Le 13 février 2018, les associations ACL et CIP ont tenu leurs assemblées générales respectives. Ces deux organisations fédèrent l’ensemble de la chaîne, des produits de santé pour ACL, et du médicament pour le CIP : des fabricants aux organisations représentatives des pharmacies d’officine et d’établissements de santé en passant par les grossistes répartiteurs et les dépositaires pharmaceutiques. Entre ces deux réunions, elles ont organisé une conférence sur l’avenir de la profession à 10 ans. “Donner une vision, c’est permettre à tous les professionnels d’alerter les pouvoirs publics sur les réalités d’un monde de la santé sans frontière”, affirment les deux organisations. Elles placent “la digitalisation de la santé” comme un élément “incontournable dans dix ans”.

Quatre tendances

Une position confirmée par Arnaud Laferté, associé France et représentant des activités de conseil en Life Sciences au sein du cabinet EY. Il liste quatre grandes tendances : la pression sur les budgets de santé qui s’accroît, l’élargissement de l’écosystème avec des nouveaux entrant dans le digital notamment, la rationalisation et l’excellence opérationnelle et enfin, la responsabilisation des parties prenantes avec par exemple un patient qui contrôle de plus en plus sa santé. Il anticipe ainsi un passage d’un domaine historiquement centré sur la recherche du meilleur traitement médicamenteux à un secteur porté par les résultats des traitements. La donnée étant alors au coeur du système.

La donnée au coeur des stratégies

Le GIE GERS joue un rôle central dans la mutualisation des données des secteurs du médicament et des produits de santé en France. Nicolas Giraud, administrateur du groupement d’intérêt économique, rappelle l’importance du big data dans la santé : “5 millions de patients dans le monde sont équipés de dispositifs de suivi médicaux, 16 000 hôpitaux collectent de la donnée patients et le volume des données de santé devrait quintupler d’ici à 2050”. Face à cette tendance, il distingue cinq opportunités notamment pour l’accélération de la R&D, la médecine prédictive mais aussi les études épidémiologiques. Nicolas Giraud pointe pourtant “cinq grands risques : la résistance liée à la perception négative du tracking ; la menace du secret médical et les limites éthiques ; la tromperie de la finalité d’une application et le manque de fiabilité des capteurs des objets connectés de santé ; le manque de fiabilité des données sources du big data ; et les failles de sécurité des logiciels et des systèmes informatiques”. Ainsi, les professionnels de la chaîne du médicament et des produits de santé se trouvent face au défi d’utiliser les opportunités du big data tout en maitrisant les risques.

Des rapprochements entre acteurs traditionnels et nouveaux entrants

Une autre tendance pour les dix prochaines années est l’arrivée, déjà débutée, de nouveaux acteurs. Les Gafa multiplient dernièrement les annonces et les prises de position dans le domaine de la santé. Arnaud Laferté distingue ainsi les acteurs du monde de la technologie, du commerce, des produits manufacturés et des produits de consommation. “On s’attend à un jeu de partenariats plus ou moins complexe entre ces acteurs pour proposer des solutions qui fassent sens”. Au cours de la conférence, Guillaume Bosc, responsable des projets innovants Silver economie de La Poste, représente un “nouvel entrant” de la distribution du médicament. Avec le dispositif Mes Médicaments Chez Moi, il appelle notamment à “accepter le changement (digital) pour trouver une nouvelle dynamique dans la coordination du parcours de soins”. La place des acteurs de la chaîne a également été présentée par Patrick Vignal, député de l’Hérault, à travers sa vision de la place du secteur dans le développement de l’urbanisme et des territoires.