Les candidats à la présidence du Leem n’oublient pas le numérique

Le 11 septembre prochain se déroulera l’élection du président du Leem par le conseil d’administration. Ses membres voteront pour choisir le remplaçant de Patrick Errard. Deux candidatures ont été officialisées début juillet, celles d’Emmanuelle Quilès et Philippe Tcheng. La première, ingénieure en biotechnologie, est présidente de Janssen France depuis 2015, après être passée notamment par les groupes Wyeth et Pfizer France. Le second, cardiologue de formation, travaille depuis plus de 30 ans chez Sanofi en France et a été nommé P-DG de Sanofi-Aventis groupe en janvier 2018. Il est par ailleurs administrateur du Leem depuis une dizaine d’années.

Si l’attractivité de la France pour l’industrie pharmaceutique, tant pour la production que pour la recherche, et le dialogue avec les pouvoirs publics figurent par exemple dans les axes défendus par les deux candidats, le numérique est également présent à différents niveaux. Ils distinguent ainsi plusieurs enjeux liés au numérique.

Accompagner la gestion des données 

Sur la question des données, Emmanuelle Quilès indique à mind Health : “dans mon programme, je propose d’accompagner les mutations de collecte, d’utilisation et de reconnaissance des données de santé de façon coordonnée entre les acteurs”. Elle ajoute : “l’accès aux bases de données et le renforcement des partenariats publics-privés vont nous permettre de renforcer l’utilisation des « données en vie réelle » pour l’évaluation des médicaments”. Un point que souligne également Philippe Tcheng, lors d’un entretien avec mind Health, “les données de santé et l’intelligence artificielle doivent aussi être au service de l’évaluation et du suivi des médicaments en condition réelle d’utilisation”. Au-delà de la question des données, Philippe Tcheng consacre au numérique une de ses 10 propositions. Il entend, en effet, proposer la création d’une académie de l’innovation numérique en santé. Cette instance serait dédiée à accompagner “la transformation de toutes nos entreprises face à la digitalisation du secteur, aux opportunités représentées par l’accès au Health data hub et l’utilisation de l’intelligence artificielle afin de participer à l’efficience du système de santé”.

Les évolutions des métiers

Outre leurs positions autour des données, les deux candidats se montrent attentifs à la transformation générale des métiers. Un point que Philippe Tcheng estime “considérable sur beaucoup de métiers des entreprises du médicament, de la recherche à la production en passant par l’accompagnement des traitements”. S’il cite les métiers en lien avec les biotechnologies, il constate également l’arrivée de métiers dans “des domaines encore exploratoires comme l’intelligence artificielle ou l’analyse des données massives”. “Pour que la France puisse être leader dans ce domaine, il faut des filières de formation et pour cela nous devons coordonner et créer des filières sur lesquelles les entreprises du médicament puissent se greffer, notamment pour un focus particulier sur les données de santé”, ajoute Philippe Tcheng. Il entend également accompagner la transformation “des métiers d’information et la promotion médicale qui s’orientent de plus en plus vers le multicanal” (voir notre dossier).

Emmanuelle Quilès estime pour sa part que “toutes ces transformations (liées au numérique, ndlr) doivent s’accompagner de mutations des compétences nécessaires afin de répondre aux besoins du futur en matière de formation, ou établir des partenariats avec les universités pour le support à la création de filières santé plus orientées vers ces nouveaux savoirs”. Elle entend également “créer les conditions qui nous manquent aujourd’hui pour développer des partenariats publics-privés avec échange de personnel, et de trouver les conditions qui nous permettront d’attirer demain les talents nécessaires”. La présidente de Janssen France propose par ailleurs d’ “élargir la catégorie des membres associés”, estimant que certaines start-up du domaine de la santé ont “vocation à se rapprocher de nos organisations”. Ainsi Emmanuelle Quilès a profité du festival Futur.e.s in Paris en juin 2018 pour, entre autres, “rencontrer les acteurs du numérique” et “découvrir les nouvelles technologies”.

La transformation des produits

Un autre enjeu lié au numérique concerne la transformation des produits et services mis à disposition des patients et des professionnels de santé. “De plus en plus, les entreprises du médicament ont l’ambition de proposer en plus de leurs produits des services permettant une meilleure prise en charge, en particulier dans les maladies chroniques”, observe Philippe Tcheng avant de préciser : “Il faut que le Leem anticipe ces changements et permette de créer un cadre propice au développement de nos entreprises dans ce domaine. Un point concerne l’évaluation des solutions multi-technologiques, alliant le médicament, le dispositif, le digital et les données de santé”.