Accueil > Industrie > Les DTx dédiées au diabète se multiplient sur le marché français Les DTx dédiées au diabète se multiplient sur le marché français Alors que le nombre de personnes atteintes du diabète ne cesse d’augmenter, les thérapies numériques semblent être une piste pour améliorer la prise en charge de cette pathologie, comme en témoigne la prolifération des solutions. Par Coralie Baumard. Publié le 20 mai 2025 à 22h08 - Mis à jour le 20 mai 2025 à 15h42 Ressources Le 7 avril 2025, la Fédération Internationale du Diabète (FID), l’organisation qui fédère 240 associations nationales du diabète issues de 161 pays, a publié la onzième édition de son Atlas du diabète. Ce rapport rassemble les estimations de la FID concernant la prévalence de la maladie. Selon la FID, en 2024, 589 millions d’adultes (20-79 ans) vivent avec le diabète et 252 millions d’entre eux ignorent qu’elles en sont atteintes. L’Europe est la région qui concentre le plus grand nombre de personnes atteintes de diabète de type 1 (2,7 millions). La Fédération précise qu’en 2024 les dépenses de santé mondiales liées au diabète dépasseront pour la première fois les mille milliards de dollars américains, contre 966 milliards en 2021. Selon ses projections, en 2050, environ 853 millions de personnes vivront avec un diabète. Le président de la FID, le professeur Peter Schwarz, a souligné dans un communiqué que “les gouvernements doivent donner la priorité au dépistage, au diagnostic précoce et à l’éducation. La lutte contre la marée montante du diabète nécessitera une collaboration entre plusieurs secteurs et disciplines. Les gouvernements, le secteur de la santé, de l’éducation, de la technologie et les acteurs privés ont tous un rôle à jouer.” Le numérique est, en effet, une piste pour faciliter la gestion du diabète au quotidien. Selon le rapport “Digital Health Trends 2024” réalisé par le IQVIA Institute for Human Data Science, le diabète est la deuxième pathologie ciblée par les applications de santé en 2024. Sur les 2817 applications recensées, 14% d’entre elles se focalisent sur le diabète. Du côté des thérapies numériques (DTx) prescrites (297), l’endocrinologie est la troisième aire thérapeutique ciblée derrière la psychiatrie et la neurologie. Hedia, une entreprise danoise à l’assaut du marché français Lars Christian Lund, directeur général d’Hedia Si des laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi (My Dose Coach) ou Eli Lilly (Go Dose) proposent des applications pour la gestion du diabète et le calcul des doses d’insuline, des acteurs indépendants ont également fait leur apparition. Le 31 mars 2025, Hedia, une société danoise, annonçait le lancement de TEMPO, son étude clinique réalisée en France et visant à évaluer l’impact de sa thérapie numérique Hedia Diabetes Assistant (HDA) sur les patients atteints de diabète de type 1 et présentant un contrôle glycémique insuffisant. “Jusqu’à 70 % des personnes diabétiques ont une glycémie mal régulée”, indique à mind Health Lars Christian Lund, le directeur général d’Hedia, augmentant ainsi les risques de complications aiguës et chroniques (hypoglycémies sévères, fatigue, troubles de la concentration, complications cardiovasculaires, neuropathies, maladies rénales et rétinopathies). Cette étude multicentrique (AP-HP, HCL, CHU d’Angers, CHU de Nantes, CHU de Nîmes, CHU de Poitiers, CHU de Martinique) est coordonnée par le professeur Louis Potier, diabétologue et endocrinologue à l’Hôpital Bichat. Elle inclura au total 154 patients adultes. L’interface de HDA, la solution d’Hedia “Une précédente étude nous a déjà permis de démontrer une diminution de 17% de l’hypoglycémie lorsque les patients utilisent notre application durant 12 semaines”, révèle Lars Christian Lund. Dispositif médical numérique certifié CE IIb, HDA est conçu pour faciliter le calcul des doses d’insuline et la prise en compte des habitudes du patient (la consommation de glucides, l’activité physique et les niveaux de glucose). L’application est compatible avec différents lecteurs de glycémie (Ascensia, Fora, BSI, I-sens, Keto-Mojo ), un moniteur de glycémie en continu (Dexcom) et des stylos à insuline de Novo Nordisk (le groupe est présent au board d’Hedia, ndlr). En janvier 2025, Hedia a également annoncé un partenariat avec Glooko. Le calculateur de bolus (dosage d’insuline administré) d’Hedia est intégré à la plateforme de Glooko au Royaume-Uni. TEMPO doit permettre à l’entreprise de déposer une demande de prise en charge anticipée numérique (PECAN) d’ici la fin de l’année. Clear.bio est une autre start-up étrangère attirée par la perspective de cette voie de remboursement. Sa cofondatrice Madelon Bracke avait confié à mind Health, lors du Demo Day 2025 organisé par Future4care, que la PECAN avait un argument de poids pour intégrer le marché français. L’entreprise néerlandaise a développé une application de thérapie numérique qui fournit des recommandations diététiques personnalisées aux personnes atteintes de diabète de type 2. Cette application bénéficie d’un remboursement aux Pays-Bas. DiappyMed, une demande de PECAN en 2025 L’équipe dirigeante de DiappyMed, de gauche à droite : Youssef Raqui, Coralie Lefevre et Omar Diouri L’entreprise montpelliéraine DiappyMed propose elle aussi une DTx, EkiYou, dédiée aux patients souffrant d’un diabète de type 1 ou de type 2 traités en insulinothérapie sous stylo à insuline et permettant de leur recommander une dose d’insuline bolus sûre et personnalisée. Le patient peut renseigner son repas, en sélectionnant ses aliments parmi les 700 000 que compte la base de données de DiappyMed. La solution possède aujourd’hui 2000 utilisateurs. “Il y a beaucoup d’attente du côté des prescripteurs pour pouvoir utiliser le numérique dans le domaine du diabète, particulièrement pour les patients qui sont traités par stylos à insuline, souligne Coralie Lefevre, la CEO de DiappyMed. En France, nous avons à peu près 500 000 personnes qui prennent de l’insuline, dont 100 000 qui sont traitées par pompe à insuline et 400 000 par stylo. Ces 400 000 personnes ne bénéficiaient pas d’outil d’aide à la décision ou d’algorithmie, ils ont été totalement délaissé par la technologie. Pour cette patientèle, la thérapie numérique prend tout son sens.” L’interface d’EkiYou, la thérapie de DiappyMed DiappyMed a été fondée en 2021, elle fait suite à la thèse d’Omar Diouri, l’un des cofondateurs. En 2016, ses travaux de recherche, menés dans le service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition du Pr Éric Renard, visaient à développer un outil de dosage d’insuline. Il a ensuite créé la start-up avec Coralie Lefevre et Youssef Raqui (CTO-COO), qui compte désormais 12 personnes. EkiYou peut être connectée aux moniteurs de glycémie en continu de Dexcom et d’Abbott (Freestyle Libre). “Nous avons obtenu notre marquage CE en 2023 et nous préparons une V2 intégrant de nouveaux algorithmes. Ces derniers réévalueront chaque semaine la quantité d’insuline basale qui doit être prise le matin. Aujourd’hui, la dose d’insuline basale est réajustée une fois tous les trois mois ou tous les ans lors du rendez-vous avec le diabétologue, cela nous permet donc d’être au plus près des besoins du patient. Pour l’insuline rapide, nous allons avoir un algorithme adapté à la sensibilité du patient à l’insuline, car en fonction des saisons, de la température, de la fatigue, du stress, elle change. Notre algorithme va permettre de réévaluer cela”, détaille Coralie Lefevre. L’entreprise vise l’obtention de ce nouveau marquage d’ici la fin de l’année. DiappyMed a également lancé une étude clinique avec 17 centres hospitaliers et cabinets libéraux, dont le CHU de Montpellier et La Pitié Salpêtrière, visant à inclure 154 patients. Elle sera intégrée au dossier de prise en charge anticipée que l’entreprise souhaite déposer cette année. L’entreprise a également développé une application de comptage des glucides : EkiYou Carbs. En 2024, la start-up s’est associée à Sanofi pour mettre à disposition des patients cette application. Télésurveillance du diabète : Steto mise sur l’intelligence artificielle En mars dernier, Steto, spécialisée dans la télésurveillance du diabète et remboursée sur la ligne générique, a racheté à la barre la start-up Hillo AI. Cette dernière a développé, grâce à l’intelligence artificielle, une technologie capable de générer un jumeau numérique du patient à partir des données des appareils utilisés pour le traitement et le suivi du diabète. “Le diabète est une pathologie où l’on recueille énormément de données, notre objectif est que les patients comme les médecins profitent des bénéfices de l’intelligence artificielle, indique Gauthier Croizat, cofondateur et CEO de Steto. Le jumeau numérique d’Hillo est un outil pédagogique formidable. Il permet au diabétologue, en consultation, de montrer concrètement à son patient comment son organisme réagit à la variation de différents paramètres : le dosage d’insuline, l’alimentation, l’activité physique. Ainsi, ce dernier visualise les changements qu’il pourrait mettre en œuvre pour améliorer la gestion de son diabète.” Le jumeau numérique sera disponible en début 2026. L’entreprise s’appuie également sur les modèles d’Hillo pour développer une fonctionnalité permettant aux diabétologues de gagner du temps en consultation. “Les diabétologues sont aujourd’hui peu nombreux alors que le nombre de personnes diabétiques, ainsi que les données qu’ils génèrent, sont importants, explique Gauthier Croizat. Généralement, un diabétologue passe les premières minutes de sa consultation à examiner les données quotidiennes de son patient pour trouver des problèmes qui se répètent afin d’adapter au mieux son traitement et/ou son alimentation.” Grâce à l’intelligence artificielle, l’entreprise entend faciliter la détection de ces situations. “Nous estimons que l’analyse automatique des données biologiques pourrait faire gagner 20% du temps de consultation. L’IA constitue un levier d’innovation majeur en diabétologie” souligne le cofondateur et CEO de Steto. Coralie Baumard Application mobileDispositif médicalstart-upThérapies numériques Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind