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Accueil > Industrie > Stratégie > Philippe Emery (Abbott Diabetes Care France) : “Nous préparons l’arrivée du FreeStyle Libre 2”

Philippe Emery (Abbott Diabetes Care France) : “Nous préparons l’arrivée du FreeStyle Libre 2”

En 2017, Abbott a obtenu le remboursement en France pour son système FreeStyle Libre de suivi en continu du taux de glucose dans le sang pour les diabétiques. Un dispositif médical mis sur le marché quelques années auparavant. Pour les cinq ans de sa commercialisation en France, Philippe Emery, directeur général d’Abbott Diabetes Care France, détaille pour mind Health les avancées dans la gestion du diabète et les développements en cours.

Par Aurélie Dureuil. Publié le 25 octobre 2019 à 17h58 - Mis à jour le 25 octobre 2019 à 17h58
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Pouvez-vous présenter l’activité Abbott Diabetes Care France ?

Nous sommes une filiale d’un groupe américain qui commercialise des dispositifs médicaux et de diagnostic dans plus de 160 pays. En France, Abbott emploie 680 personnes et compte neuf divisions dont Abbott Diabetes Care France que j’ai la chance de diriger depuis 14 ans. Nous disposons d’équipes marketing, d’excellence commerciale, d’accès au marché, de gestion de la qualité, du contrôle financier…, d’une direction médicale et d’une personne en charge de développer nos outils et produits numériques.

Outre le FreeStyle Libre, quelles sont les gammes de produits dans le domaine du diabète commercialisées en France ?

Nous commercialisons nos lecteurs de glycémie historiques qui permettent d’effectuer une mesure de glycémie capillaire. Compte tenu des prises en charges, ces systèmes sont utilisés aujourd’hui chez les patients atteints de diabète de type 2 traités soit sous insuline basale, soit par un autre traitement oral. Cela représente plus de 70 % des patients atteints de diabète. Parallèlement, nous avons des lecteurs de glycémie spécifiques pour l’usage intra-hospitalier. Il s’agit toujours de mesure capillaire mais le dispositif est muni d’une connexion wifi. Il peut collecter toutes les mesures réalisées par l’infirmière et les rassembler dans le dossier patient au sein de l’établissement.

Le FreeStyle Libre a fêté les cinq ans de sa mise sur le marché français. Pouvez-vous revenir sur son principe de fonctionnement ?

Dans les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), les patients traités doivent pratiquer au moins quatre glycémies capillaires chaque jour. C’est des plus contraignant dans la vie de tous les jours et surtout ça ne fournit qu’une valeur ponctuelle. Quand nous sommes arrivés sur le marché en 2014, il y a eu un énorme engouement des patients en attente d’innovation. Le FreeStyle Libre est indiqué pour les patients atteints de diabète de type 1 et 2 sous insulinothérapie intensifiée. Le système repose sur un capteur posé sur la face externe du bras et qu’il faut scanner pour accéder aux données. Le patient peut accéder à la lecture de ses résultats à la demande. Le capteur a une durée de 14 jours sans calibration.

Quels sont les différents éléments de cette gamme ?

Le FreeStyle Libre permet une lecture des résultats à la demande par le patient. Nous proposons également le FreeStyle Libre Pro. Le capteur présente une durée de 14 jours également mais aucune donnée n’est communiquée à la personne qui le porte. Ce système d’enregistrement du glucose en continu délivre les résultats au médecin qui peut récupérer les données et observer le profil glycémique de son patient. Cette solution est pratique pour les diabétiques de type 2 sans insulinothérapie et qui n’ont pas besoin d’accéder à leur suivi glycémique au quotidien. Nous avons également des applications mobiles pour accompagner le dispositif FreeStyle Libre. L’appli FreeStyle LibreLink existe en version iOS et Android et permet de scanner son capteur avec son smartphone au lieu du lecteur fourni. Et FreeStyle LibreLinkUp permet de recevoir les résultats d’une autre personne qui utilise l’application précédente. C’est utile pour les parents voulant suivre les résultats d’un adolescent par exemple mais aussi pour des personnes suivant la santé de leur parent.

Le système implique un échange de données. Comment est géré l’hébergement de ces données de santé ?

Les utilisateurs ont la possibilité de transférer leurs données en créant un compte dans le cloud d’Abbott, LibreView. Et, via un consentement, ils peuvent donner accès à leur médecin qui crée un compte et peut ainsi visualiser les données de son patient. Le Cloud LibreView est hébergé en France chez un tiers de confiance (l’hébergeur certifié Hébergement de données de santé, OVH ).

Avant le FreeStyle Libre, Abbott a développé le FreeStyle Navigator. Quelles étaient ses caractéristiques ?

En 2007, nous avons en effet commercialisé le FreeStyle Navigator 1. Remplacé en 2009 par le FreeStyle Navigator 2. Il s’agissait d’un des premiers lecteurs de glucose en continu. Le capteur avait une durée de vie de cinq jours et nécessitait cinq calibrations, c’est-à-dire qu’il fallait se piquer cinq fois le bout du doigt pendant les cinq premiers jours d’utilisation. Il a été évalué par la HAS en 2013, a reçu un ASA (amélioration du service rendu, ndlr) de niveau 4 et le remboursement n’a pas abouti. Il a été commercialisé en France sans remboursement au tarif de 450 euros par mois pour une boite de six capteurs.

Quelles évolutions techniques ont été opérées pour aboutir au FreeStyle Libre ?

Pour le lancer en septembre 2014, nous avons bénéficié de l’expérience et l’apprentissage du FreeStyle Navigator. Le fait de passer à un capteur d’une durée de vie de 14 jours sans calibration est un point extrêmement fort techniquement. Il ne faut plus que 26 capteurs par an, au lieu de 73 avec le FreeStyle Navigator. La technologie a évolué notamment pour réduire le nombre de pièces. En particulier, le transmetteur a été supprimé. Le développement du FreeStyle Libre a pris en compte la réalité économique. Nous avons également appris sur la qualité de vie des patients. Par exemple, le FreeStyle Navigator comprenait des alarmes obligatoires. Les diabétiques étaient victime d’une fatigue face à ces alarmes. Avec le FreeStyle Libre, le patient est totalement acteur. Si il veut voir ses résultats, il a tout simplement à scanner le lecteur.

Pour le FreeStyle Libre, vous avez obtenu le remboursement en juin 2017. Quels sont les tarifs ?

Nous l’avons commercialisé en 2014 sans remboursement. Puis il a fallu terminer les études cliniques : Impact chez les diabétiques de type 1 et Replace pour les diabétiques de type 2. Nous avons ensuite préparé le dossier de remboursement pour les autorités françaises. Nous l’avons obtenu en juin 2017 avec un tarif de 50 euros pour un capteur. Au 1er juillet 2019, le tarif est passé à 37 euros.

Combien d’utilisateurs recensez-vous ?

Nous sommes dans un schéma de remboursement avec une population cible de 300 000 patients, c’est-à-dire que le dispositif est remboursé pour 300 000 patients. Aujourd’hui en octobre 2019, nous sommes encore dans cette population cible, nous n’avons pas encore tout à fait atteint cette limite. C’est un succès considérable. Du côté des professionnels de santé, l’adoption du LiveView est importante avec plus de 2 000 créés.

Quels retours d’usage avez-vous enregistrés ?

Il y a trois points qui remontent. D’abord la praticité du geste. Les patients n’ont plus à se piquer le bout du doigt plusieurs fois par jours et peuvent scanner leurs résultats autant de fois qu’ils le veulent. Le deuxième point est l’accès aux données. Le patient n’a plus juste un résultat ponctuel. Quand il scanne son capteur, il accède au résultat instantané et à son profil glycémique des huit dernières heures avec une flèche de tendance. Quand ils l’utilisent pour la première fois, les patients sont étonnés de voir leur profil pendant la nuit. Enfin, il y a un aspect sociétal. Le capteur est visible sur le bras et peut constituer un signe communautaire.

Vous avez intégré le programme Etapes en novembre 2018 avec LibreView pour la télésurveillance du diabète. Où en êtes-vous ?

Nous avons fait évoluer l’interface pour proposer des fonctions de télésurveillance. Le programme Etapes concerne les diabétiques de type 2 avec une hémoglobine glyquée supérieure à 9 ou de type 1 avec une hémoglobine glyquée supérieur à 8. Ce sont les médecins endocrinologues qui peuvent doivent pratiquer cette télésurveillance. Il y a un forfait pour le médecin, un pour l’éducation thérapeutique et un pour le prestataire technique. Nous avons mis en place la solution en juin 2019 et avons intégré les premiers utilisateurs.

Quelles évolutions prévoyez-vous pour le FreeStyle Libre ? Travaillez-vous sur le pancréas artificiel ?

Depuis le mois de juin, nous proposons aux patients de faire une mise à jour de leur lecteur FreeStyle Libre. Il y a également une mise à jour de l’application mobile FreeStyle Libre Link. Elles permettent d’avoir une fiabilité améliorée, en particulier lors de la pose du premier capteur. Et nous préparons l’arrivée du FreeStyle Libre 2 pour lequel nous allons prochainement soumettre un dossier de remboursement. Le capteur a toujours une durée de vie de 14 jours mais il donne accès à des alarmes optionnelles pour l’utilisateur en cas d’hyperglycémie et d’hypoglycémie. Et nous travaillons sur le sujet du pancréas artificiel au travers de partenariats.

 

Philippe Emery
2006 : Directeur général de la division Abbott Diabetes Care France, Afrique du nord et Belgique
2001 : Formation de marketing de l’Essec Business School
1999 : Postes de marketing et de management chez Abbott France
1993 : Postes dans les domaines des ventes et du marketing chez Johnson & Johnson en France
 
Aurélie Dureuil
  • Diabète
  • Dispositif médical
  • Laboratoires
  • Stratégie

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