R&D en oncologie : moins de nouveaux essais, mais des traitements plus ciblés

L’industrie pharmaceutique a dépensé 223 Mds $ en 2023 pour les traitements anticancéreux. Les démarrages d’essais cliniques en oncologie ont décroché en 2023 mais demeurent toujours 11% supérieurs à 2019, avec une spécialisation sur les cancers rares et les tumeurs solides, selon les derniers résultats du rapport annuel d’IQVIA sur l’état de la recherche en oncologie.

Alors que les grandes sociétés pharmaceutiques ont vu leurs activités diminuer, les sociétés biopharmaceutiques émergentes (qui réalisent des ventes annuelles inférieures à 500 M$ et dépensent moins de 200 M$ par an en R&D) représentent désormais 60% des essais cliniques, contre 33% en 2014.

L’essor des thérapies géniques et des anticorps

La R&D en oncologie met l’accent sur les médicaments ciblés avec des mécanismes d’action innovants. Les thérapies cellulaires et géniques, les conjugués anticorps-médicaments et les anticorps multispécifiques représentent 25% des essais en cours et plus de 250 essais testant les thérapies CAR T-cells ont démarré l’an passé. 

L’entrée de l’intelligence artificielle dans la recherche offre une porte d’entrée vers ces traitements innovants. Le rapport a identifié 24 usages de l’IA dans la recherche en oncologie au cours des cinq dernières années, dont une grande partie pour la découverte et la conception de médicaments.

 Des recrutements en chute de 11%

Les nouveaux traitements en oncologie ciblent des populations de patients qui n’auraient peut-être pas pu bénéficier des traitements plus traditionnels. Toutefois, le rythme de mise à disposition des nouvelles thérapies aux patients reste très inégal selon les régions. 

Pendant les essais, les temps d’attente tendent à s’allonger entre chacune des phases, même si le taux de succès ne s’en trouve pas affecté. Les difficultés de recrutement de patients constituent l’un des facteurs récurrents. Ainsi, le nombre de patients inscrits dans les essais cliniques a chuté de 11% l’an passé par rapport à 2021. Les pays d’Europe occidentale ont toujours la plus forte inclusion dans les essais en oncologie, même si la Chine et l’Amérique du Nord ont augmenté leur bassin de patients ces dernières années. Cela va de pair avec le regain des essais cliniques en Chine, qui sont passés de 5% à 35% en dix ans. Le marché américain continue aussi de performer. Les dépenses américaines en oncologie sont passées de 65 Mds $ en 2019 à 99 Mds $ en 2023, soit 45 % des dépenses mondiales.

Le Vieux Continent semble, quant à lui, cumuler du retard sur les nouveaux médicaments. L’an passé, l’Agence européenne des médicaments a approuvé huit nouvelles substances actives, contre 18 nouveaux médicaments anticancéreux aux États-Unis. En outre, 27% des nouvelles substances actives développées aux États-Unis au cours des dix dernières années ne sont pas encore disponibles en Europe.