Accueil > Industrie > Accès au marché > Régis Sénégou (Docaposte) : “Il n’existe pas de sujet e-santé qui soit purement national” Régis Sénégou (Docaposte) : “Il n’existe pas de sujet e-santé qui soit purement national” Docaposte, la filiale numérique du groupe La Poste qui fournit des services de transition numérique aux entreprises, veut consolider sa place sur le marché français de la e-santé. Dans une interview avec mind Health, le directeur de l’innovation David de Amorim et Régis Sénégou, le directeur de marché e-santé, décryptent les objectifs de cette filiale qui affiche un chiffre d’affaires de 522 M€ et un effectif de 5000 salariés. Par . Publié le 18 mars 2019 à 14h33 - Mis à jour le 18 mars 2019 à 14h33 Ressources Comment est organisée l’activité e-santé au sein de Docaposte ? Régis Sénégou : Docaposte est organisée en verticales sur quatre marchés stratégiques : la e-santé, le secteur public, les banques et assurances et le Mass Market. En e-santé, nous développons des applications permettant aux patients de disposer d’un accompagnement digital et humain tout au long de leur parcours de soins. David de Amorim : Sur la e-santé, secteur sur lequel nous avons accéléré notre développement il y a trois ans, nous employons aujourd’hui une centaine de personnes et accompagnons tous types d’organisations en leur délivrant des services de transformation digitale. Nous nous appuyons sur les savoir-faire et les outils de Docaposte alliant plateformes collaboratives, expertises métiers, capacités numériques, industrielles et humaines. Que représente la partie e-santé dans le chiffre d’affaires de Docaposte et de quel budget bénéficie-t-elle ? R.S. : Nous ne communiquons pas sur ces chiffres, mais les investissements sont conséquents et l’ambition importante. Quelles sont vos réalisations les plus importantes à l’échelle nationale ? D.dA. : Nous avons conclu un partenariat en 2018 avec le groupe de cliniques privées français Elsan. Il prévoit une mise en commun de nos savoir-faire, une collaboration à terme sur l’offre de services à domicile, notamment pour les seniors et enfin une coopération technologique dont le premier fruit a été l’application Adel présentée au CES de Las Vegas cette année. En déploiement à Bordeaux, Nantes et Vannes, Adel accompagnera à terme un million de patients. Cette application constitue une solution de suivi du parcours patient, depuis l’admission clinique jusqu’au suivi médical à distance pré et post opératoire, en passant par le déroulé de l’opération. Nous sommes ici sur un modèle B2B2C qui, sans remplacer le médecin, vise au contraire à améliorer la qualité de la relation avec le personnel médical ainsi que le niveau de prise en charge. Nous dévoilerons de nouveaux projets au salon VivaTech (Viva Technology 2019, à Paris du 16 au 18 mai, ndlr). Menez-vous des actions localement ? D.dA. : Docaposte a développé avec l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Strasbourg une application e-santé pour simplifier et améliorer l’accompagnement des patients en chirurgie bariatrique. Le programme de recherche clinique consiste à étudier l’apport du numérique et des objets connectés de santé dans le traitement des patients souffrant d’hyper-obésité. L’application permet le suivi des données médicales grâce à l’envoi de notifications sur un smartphone. Le professionnel de santé est alerté via son portail numérique en cas de franchissement de seuils prédéfinis. L’étude clinique a démarré en janvier 2019 avec l’inclusion d’une trentaine de patients. Les premiers résultats sont attendus au bout de six mois. La conception des solutions de e-santé est-elle réalisée en interne ? R.S. : Oui, nous sommes avant tout une société d’ingénierie : il s’agit de notre savoir-faire. Nous disposons des compétences nécessaires : ingénieurs, développeurs, juristes, architectes données, designers… Nous avons développé un système sécurisé d’hébergement qui préserve toutes les données de santé personnelles, dans le respect du consentement éclairé du patient. Outre le suivi médical, que proposez-vous au patient ? R.S. : Nous proposons un écosystème de santé incluant une plateforme e-santé pour les praticiens et une application La Poste eSanté, lancée à l’occasion du CES 2018. La Poste eSanté est une application mobile gratuite qui permet au patient de centraliser toutes ses données de santé, de les partager, sous son contrôle permanent, avec les professionnels de santé et d’interagir avec eux. La Poste eSanté comprend un moteur de règles médicales développé par la start-up canadienne Tactio qui permet de personnaliser les conseils prodigués au patient. L’application est également utilisée à l’hôpital Bichat pour le suivi des patients ayant subi une transplantation pulmonaire et à l’institut Rafaël, Maison de l’après cancer qui s’inscrit dans une démarche mêlant données de vie réelle et données médicales. D.dA. : Au travers d’une collaboration avec Cerba Healthcare, groupe français de plus de 400 laboratoires, nous allons intégrer à l’application La Poste eSanté la possibilité pour le patient de récupérer et visualiser les résultats de ses analyses médicales stockées sur cette même plateforme. Comptez-vous vous déployer à l’international ? R.S. : Il est encore tôt pour parler de projets à l’international. Par ailleurs, il n’existe pas de sujet e-santé qui soit purement national. Nous démarrons par le marché français. Nous profitons en Europe de la solidité de la législation qui entoure les données de santé et qui émane d’une volonté forte de protéger l’individu. Nous construisons nos solutions en collaboration avec les industriels, les professionnels de santé et les patients, et, quand toutes bénéficieront d’un agrément labellisé CE, nous pourrons envisager de nous développer à l’étranger. Avec 45 millions de dossiers de santé actifs, votre activité d’hébergeur agréé de données de santé semble primordiale… D.dA. : Elle est devenue une garantie. Aujourd’hui, certains Gafam se lancent dans l’hébergement de données de santé. Cela génère un problème de souveraineté, sur le droit à la réquisition de ces informations (Cloud Act voté aux États-Unis en 2018, ndlr). Docaposte est le 1er hébergeur de données de santé en France et respecte bien évidemment le cadre du RGPD (règlement général sur la protection des données). Par ailleurs, tous nos data centers sont localisés en France et nous suivons la Charte Data de La Poste qui intègre la notion de respect des données personnelles électroniques et s’engage à donner le contrôle des données à leurs propriétaires. Il nous faut également faciliter l’accès à cette donnée pour créer de la valeur : nous le faisons via nos partenariats comme celui avec Elsan, ou avec l’IHU de Strasbourg. Mais nous voulons aller plus loin à l’avenir et contribuer au développement de l’interopérabilité avec le dossier médical partagé (DMP), en notre qualité d’acteur neutre et transversal. R.S. : Notre perspective est d’enrichir le DMP. Une illustration de notre contribution possible : créer des passerelles avec le DMP. Avec l’application La Poste eSanté nous avons observé que les patients ont très vite ajouté leurs données de santé puisque l’application leur permet de les centraliser sur une même plateforme. Nous pourrions proposer d’alimenter le DMP avec ces données. Qu’en est-il de votre implication dans l’incubation de start-up ? R.S. : Nous sommes partenaires de l’incubateur French IoT, programme initié par La Poste, qui a su attirer en cinq ans plus de 200 start-up. L’objectif est de créer une dynamique française d’innovation autour des objets et services connectés. Tous les ans, une quinzaine de start-up est sélectionnée, dont un quart se focalise sur la santé. Nous les accompagnons en leur donnant de la visibilité, un programme d’accélération, un soutien financier, l’accès au Hub numérique de La Poste… L’une des start-up incubées, Lifeina, fabricante d’un mini-réfrigérateur portatif et connecté dédié au stockage de produits médicamenteux au froid, a remporté un Innovation Award au CES de Las Vegas cette année (et un prix Galien fin 2018, ndlr). Régis Sénégou 2019 : Directeur de marché e-santé de Docaposte 2015 : Membre fondateur et directeur général de Sivan Innovation 2010 : Directeur général du groupe Séphira 2005 : Directeur général de Cegedim Logiciels Médicaux David de Amorim 2009 : Directeur de l’innovation e-santé de Docaposte 2004 : Directeur associé, entrepreneur transformation digitale 2000 : Consultant manager à Gemini Consulting 1996 : Consultant senior nouvelles technologies à Andersen Consulting (Accenture) David de Amorim, directeur de l’innovation de Docaposte Application mobilebase de donnéesDiagnosticDispositif médicalDMPDonnées de santéDonnées privéeshébergeursHôpitalIncubateursLaboratoiresmessagerie sécuriséeTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind