• Contenus gratuits
  • Notre offre
Menu
  • Ressources
    • Toutes les ressources
  • Infos
    • Toutes les infos
  • Essentiels
    • Tous les essentiels
  • Analyses
    • Toutes les analyses
  • Data
    • Data
  • Newsletters
  • Profil
    • Je teste 15 jours
    • Je me connecte
  • Profil
    • Mon profil
    • Je me déconnecte
CLOSE

Accueil > Parcours de soins > États-Unis : comment la télémédecine révolutionne l’accès à l’avortement

États-Unis : comment la télémédecine révolutionne l’accès à l’avortement

Alors que l’accès à l’avortement a été interdit ou limité dans plusieurs États américains, de plus en plus de start-up proposent un service de téléconsultation aux femmes souhaitant avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) à domicile.

Par Valentine Azelini. Publié le 07 novembre 2023 à 22h05 - Mis à jour le 03 novembre 2023 à 10h23
  • Ressources

Bien que 62% des adultes américains sont favorables à la légalisation de l’avortement dans leur pays, le sujet a toujours été très controversé outre-Atlantique. À tel point que le 24 juin 2022, la Cour Suprême des États-Unis a abrogé l’arrêt Roe v. Wade qui autorisait le recours à l’IVG sur tout le territoire depuis 1973, laissant la possibilité à chaque État d’adopter sa propre législation en matière d’avortement. C’est ainsi que 14 États, parmi lesquels le Texas, l’Indiana ou encore le Missouri, ont décidé de l’interdire et 7 autres d’en réduire drastiquement l’accès, comme la Floride, l’Arizona, le Nebraska ou encore l’Utah. Des millions d’Américaines sont donc désormais privées du droit d’avorter légalement, parfois même en cas de viol ou d’inceste. Les vingtenaires sont particulièrement concernées, puisque selon les Centers for disease control and prevention, plus de la moitié des avortements pratiqués aux États-Unis en 2020 (57,2%) concernaient des femmes âgées de 20 à 29 ans. 

L’impact de cette décision sur la santé des femmes a fait l’objet de nombreuses études. L’une d’elles, menée par l’Université du Colorado, a démontré que l’interdiction d’avorter pourrait entraîner une augmentation de 21% des décès liés à la grossesse. C’est notamment le cas pour les femmes de plus de 40 ans et les adolescentes, pour qui mener une grossesse à terme est plus dangereux qu’avorter. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les mères de 10 à 19 ans et leurs nouveaux-nés sont en effet plus exposés à des risques d’éclampsie, d’endométrite puerpérale, d’infections, d’accouchement prématuré, d’insuffisance pondérale à la naissance et de pathologie néonatale grave. Or, les moins de 17 ans représentent 4% des femmes ayant chaque année recours à une IVG aux États-Unis. En 2019, 1410 avortements concernaient même des adolescentes de moins de 15 ans dans 47 États. 

L’avortement par téléconsultation, un marché en pleine expansion

Afin d’apporter une solution d’urgence aux femmes et jeunes filles vivant dans les 21 États concernés par une interdiction ou des restrictions, de plus en plus de start-up américaines proposent un service de téléconsultation en vue d’une IVG à domicile. Le principe est simple : les patientes peuvent consulter un médecin à distance et en toute discrétion, via l’une des plateformes en ligne, pour discuter des différentes options d’avortement et recevoir les pilules abortives par courrier lorsque l’option médicamenteuse est envisageable. 

Plusieurs de ces « cliniques virtuelles » ont vu le jour au début de la pandémie, lorsque la Food and Drug administration (FDA) a autorisé l’envoi de pilules abortives par courrier pour éviter aux patientes de se rendre dans les établissements de santé et d’être exposées à la Covid-19. C’est notamment le cas de “Choix“, “Just The Pill” ou encore “Hey Jane” qui ont pris le train en marche et révolutionné l’accès à l’avortement. Mais depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, leur activité a explosé et le contexte politique a attiré l’attention des investisseurs sur la « femtech », le secteur technologique lié à la santé des femmes. 

Cindy Adam, PDG de Choix, a déclaré que le trafic de la plateforme et la demande de soin avaient augmenté de 300% la semaine suivant la décision de justice. Un succès qui lui a permis de lever 1 million de dollars lors d’un premier tour de table mené par Elevate Capital, une société privée de capital-risque. « Nous avons investi dans Choix en raison de la diversité de ses fondateurs qui possèdent une solide formation médicale et une expérience approfondie de la santé reproductive des femmes », a déclaré Nitin Rai, fondatrice et directrice associée chez Elevate Capital.

Kiki Freedman, PDG de Hey Jane, a également expliqué à CNN Business que le nombre de nouveaux patients quotidiens avait été multiplié par 9 par rapport à la même période en 2021 et que l’équipe médicale avait presque doublé. L’entrepreneuse est parvenue à lever 6,1 millions de dollars en 2022, après une première levée de fonds de 2,2 millions de dollars en 2021.  

Les défis des cliniques virtuelles

Jayaram Brindala
Jayaram Brindala, fondateur d’Abortion Telemedicine

Aucune donnée fiable ne permet de quantifier le nombre de plateformes proposant aujourd’hui ce type de service aux États-Unis. Notamment parce qu’elles sont soumises à des lois et réglementations susceptibles de changer au gré des différentes élections législatives dans chaque État. Mais le succès des « cliniques virtuelles » existantes et le contexte politique continuent d’inspirer médecins et entrepreneurs. En témoigne Abortion Medicine, l’une des « petites nouvelles » sur le marché. « Nous l’avons créé en mai 2022 à la suite de la décision de la Cour Suprême, explique son PDG, le Dr Jayaram Brindala. Nous espérons pouvoir aider le plus de femmes possible à mesure que la politique évolue pour améliorer l’accès légal dans un plus grand nombre d’États et, à terme, dans l’ensemble du pays. Mais le manque de connaissance (du grand public) quant à l’utilisation des services de télémédecine et les lois des différents États constituent de vrais défis ». 

Avec Abortion Medicine, les patientes peuvent avorter au cours du premier trimestre moyennant la somme de 145 dollars : « Nous offrons le prix le plus bas dans 22 États, ce qui aide les patientes qui ont des revenus modestes », précise le médecin. Et pour cause, en 2014, 49% des Américaines ayant eu recours à un avortement vivaient sous le seuil de pauvreté et 26% avaient un revenu faible (Guttmacher Institute). « Elles s’inscrivent en ligne pour choisir le jour et l’heure de la téléconsultation, qui est privée et sécurisée, poursuit le médecin. À la suite de ce rendez-vous, les pilules abortives sont livrées sous 1 à 3 jours ouvrables dans les 23 États où l’avortement reste légal ». 

Les inconvénients de l’avortement à domicile

C’est bien l’un des inconvénients de ce système : aucune pilule abortive ne peut être envoyée dans un État où l’avortement est désormais illégal, ce qui oblige les patientes à voyager où à redoubler d’ingéniosité pour se les procurer. « L’avortement est interdit en Louisiane, je ne savais pas quoi faire, explique Emily*, 21 ans, étudiante en psychologie. Puis j’ai découvert ces cliniques en ligne quand j’étais à 9 semaines. J’ai pris rendez-vous pour une téléconsultation et fait envoyer la pilule abortive dans l’État de New York où vit ma cousine. Elle me l’a ensuite expédiée dans un colis de vêtements et j’ai avorté chez moi. C’est révoltant d’être contrainte de faire tout ça, mais c’était l’option la plus pratique et économique ». 

En facilitant l’accès à l’avortement via la télémédecine, ces plateformes permettent donc aux femmes d’avorter dans le confort et l’intimité de leur domicile. Mais si cette discrétion est un atout pour certaines, d’autres peuvent trouver effrayant le fait d’être livrées à elles-mêmes dans un moment aussi délicat. Car bien que l’OMS considère les femmes capables de gérer leur IVG sans encadrement médical jusqu’à 12 semaines de grossesse, l’IVG médicamenteuse comporte, comme toute pratique médicale, quelques risques : l’avortement peut être incomplet et finalement nécessiter une intervention chirurgicale, de même qu’il peut ne pas fonctionner ou engendrer des saignements abondants et prolongés, voire de la fièvre. « C’était stressant d’être seule, reconnaît Emily, qui avait pourtant assuré au médecin qu’elle serait accompagnée pendant toute la procédure (ce qui est fortement recommandé). S’il m’était arrivé quelque chose, j’aurais dû appeler les secours. Je ne sais pas à quoi je me serais exposée si les autorités avaient découvert mon avortement clandestin ». 

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), recense environ 39 000 décès par an à la suite « d’avortements non-sécurisés » pratiquées avec des « méthodes dangereuses ou invasives », la plupart du temps en Asie et en Afrique. Permettre aux femmes et aux jeunes filles d’y avoir recours en toute sécurité est donc un enjeu de santé publique mondial, que la télémédecine semble être en train de rendre possible. 

* Emily est le prénom d’emprunt d’une jeune fille que j’ai rencontrée par le biais de sa cousine vivant à New York. Elle préfère garder l’anonymat.

L’avortement par télémédecine en France et en Europe  

Pendant la pandémie, de nombreux pays du monde ont été obligés de repenser leur accès à l’avortement. En France, le délai légal de recours à une IVG avait été temporairement rallongé et les actes médicamenteux effectués avec la téléassistance d’un professionnel de santé autorisés pendant plusieurs mois. Mais un décret gouvernemental paru le 19 février 2022 a pérennisé cette mesure. Les Françaises désirant avorter ne sont donc plus obligées de se rendre physiquement chez un médecin ou dans un établissement de santé pour avoir recours à une IVG médicamenteuse. Elles peuvent désormais obtenir une ordonnance via téléconsultation (laquelle est prise en charge par la Sécurité sociale) et se procurer les pilules abortives à la pharmacie, de façon à avorter à domicile. Selon une étude menée par SciencesPo, les patientes ayant eu recours à l’avortement par télémédecine durant la pandémie l’ont principalement fait pour la discrétion (46%), le respect de la vie privée (38%) et la commodité (35%) que cela offrait, plutôt qu’au motif de la Covid-19. Des résultats qui démontrent l’intérêt de la télémédecine en matière d’avortement.  En Écosse, où de pareilles dispositions ont été prises pendant la crise sanitaire, le gouvernement a remarqué une amélioration de l’accès aux soins, en particulier dans les zones rurales. Mais il avait noté deux risques en l’absence de consultation physique : le fait que la patiente ne bénéficie pas d’une échographie pour diagnostiquer une éventuelle grossesse extra-utérine et l’éventualité qu’elle puisse finalement être à un stade de gestation plus avancé que le délai légal. Les Écossaises s’étant tout de même déclarées à 97% favorables au maintien de l’avortement par télémédecine, le gouvernement l’a adopté officiellement en 2021. Des dispositions similaires ont été prises en Allemagne, au Pays de Galles, en Irlande et en Angleterre. Une étude menée au Royaume-Uni a démontré que l’avortement par télémédecine avait permis de réduire les délais d’attente et donc de réaliser des IVG à des stades de grossesse plus précoces.

Valentine Azelini
  • Femtech
  • Médicament
  • Plateformes
  • Règlementaire
  • téléconsultation
  • Télémédecine
  • télésanté
  • usa

Besoin d’informations complémentaires ?

Contactez Mind Research

le service d’études à la demande de mind

Découvrez nos contenus gratuitement et sans engagement pendant 15 jours J'en profite
  • Le groupe mind
  • Notre histoire
  • Notre équipe
  • Nos clients
  • Nous contacter
  • Nos services
  • mind Media
  • mind Fintech
  • mind Health
  • mind Rh
  • mind Retail
  • mind Research
  • Les clubs
  • mind et vous
  • Présentation
  • Nous contacter
  • Vous abonner
  • A savoir
  • Mentions légales
  • CGU
  • CGV
  • CGV publicité
  • Politique des cookies
Tous droits réservés - Frontline MEDIA 2025
  • Twitter
  • LinkedIn
  • Email