Une task force pour structurer la filière de l’anatomopathologie numérique

La task force de l’anatomopathologie numérique a posé son premier jalon, mercredi 22 mars 2023 dans les locaux de PariSanté Campus. “L’objectif est d’accompagner la structuration de la filière de l’anatomopathologie numérique dans toutes ses dimensions”, a rappelé Franck Mouthon, président de France Biotech. Cette task force entend accélérer la transformation des laboratoires d’anatomopathologie, alors que 10% d’entre eux seulement sont aujourd’hui passés au numérique. Une de ses missions sera notamment de dégager “une feuille de route de ce que la pathologie digitale peut apporter à nos métiers”, a ajouté Jean-François Pomerol, PDG de Tribun Health et en charge de cette task force, afin de porter les enjeux et les besoins de la filière (en termes de formation, de financements, de normalisation…) auprès des pouvoirs publics. Avec l’ambition d’embarquer dans ce projet tous les acteurs concernés.

Un écosystème public-privé

Parmi les 130 personnes présentes ou connectées à distance pour participer à ce lancement se trouvaient ainsi des représentants de l’AP-HP, Institut Curie, Gustave Roussy, Institut Cochin, Unicancer, Inserm, Roche Diagnostic, Medexprim, Medipath, Primaa, Owkin, Cerba Path, Medicen, Cypath… “Nous recevons encore des demandes d’inscription, a précisé France Biotech à mind Health. La task force est ouverte à tous pour être le plus représentative possible. C’est la première fois en 15 ans que se sont réunies toutes les parties prenantes : public/privé, pharma/diagnostic, entreprises/start-up, sociétés savantes/syndicat et pouvoirs publics. Cela est déjà un grand succès, une preuve d’intérêt majeur et une légitimité de départ.”

6 axes de travail

Six axes de travail ont été retenus, qui donneront lieu à des groupes de travail incluant les différents acteurs de l’anatomopathologie (médecins, chercheurs, industriels, start-up, institutionnels). Une fois les groupes de travail formés, la première réunion devrait se tenir fin avril.

1 – Benchmark international

L’objectif de ce premier axe est d’observer ce qui se fait dans d’autres pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Israël, Suisse et Singapour), pour évaluer la position de la France dans le domaine et s’inspirer de bonnes pratiques. 

2 – Évaluation et démonstration des bénéfices internes et externes : leviers de financements

Ce deuxième axe vise à objectiver la valeur du numérique et des outils d’IA dans le flux de travail. “Il s’agit de démontrer le bénéfice du digital pour le département d’anapath et le patient”, a précisé Jean-François Pomerol. Un préalable à la question du remboursement des actes, qui “viendra après”.

3 – Accès à la donnée et modèles économiques de valorisation des IA

Plusieurs enjeux seront abordés dans cet axe : la question de l’archivage médico-légal, des solutions d’archivage, des modèles économiques de valorisation de la donnée, de l’accès à la donnée et de confidentialité.

4 – Standards, interopérabilité, normalisation et réglementation

Alors qu’un des participants à cette première réunion rappelait à juste titre que la France était le seul pays à utiliser du safran pour colorer ses lames, ce qui pouvait limiter le partage de données avec d’autres pays et des grands programmes de recherche internationaux, la question de la standardisation des pratiques et de l’interopérabilité est cruciale.

5 – Formation des professionnels

L’objectif de cet axe est de former et sensibiliser les professionnels (médecins, ingénieurs, techniciens) à la digitalisation et à l’intelligence artificielle, pour anticiper les nouveaux métiers, permettre la validation des connaissances et renforcer l’attractivité de la discipline.

6 – RSE

Enfin, le sixième axe s’attachera à réfléchir aux enjeux de clouds souverains, de “privacy” et d’impact environnemental (le stockage des lames et la puissance de calcul nécessaire à leur traitement étant assez énergivores).

Ces réflexions donneront lieu à un document de synthèse qui devrait être publié début 2024.