Accueil > Parcours de soins > Matthieu Lamy (Ad Scientiam) : “Les biomarqueurs digitaux révolutionnent la recherche clinique et la prise en charge des patients” Matthieu Lamy (Ad Scientiam) : “Les biomarqueurs digitaux révolutionnent la recherche clinique et la prise en charge des patients” Pour mind Health, le nouveau président d’Ad Scientiam, entreprise spécialisée dans le secteur en hyper-croissance des biomarqueurs digitaux, dresse sa feuille de route pour l’année 2022 autour de trois objectifs : accélération du développement à l’international, accès au remboursement pour les dispositifs médicaux déjà sur le marché et nouveaux partenariats. Par Sandrine Cochard. Publié le 25 janvier 2022 à 21h00 - Mis à jour le 26 janvier 2022 à 16h30 Ressources Quelle est l’activité d’Ad Scientiam ? Ad Scientiam conçoit des biomarqueurs digitaux qui permettent de s’appuyer sur des données objectives et fiables, dans le quotidien du patient grâce à son smartphone, pour améliorer sa prise en charge. Nos solutions cherchent à évaluer une maladie dans son ensemble et les traitements associés, sans se limiter aux spécificités d’un traitement ou d’une molécule en particulier. Cela décloisonne complètement la recherche clinique et la prise en charge patient, en offrant une continuité d’évaluation du patient, tout au long de sa vie. Nous cherchons à rendre visibles dans le temps les évolutions d’une maladie qui étaient jusqu’à présent indétectables. Nos aires prioritaires sont les neurosciences (en particulier la sclérose en plaques et les maladies neuromusculaires), les troubles mentaux (avec un programme en cours avec Janssen Pharmaceuticals) et les maladies rares (mucoviscidose et hémophilie). Nous cherchons à rendre visibles dans le temps les évolutions d’une maladie qui étaient jusqu’à présent indétectables. Combien investissez-vous en R&D ? Nous investissons annuellement un tiers de notre chiffre d’affaires en R&D. Par exemple, pour travailler sur le développement de nouveaux algorithmes de plus en plus précis et prédictifs de l’évolution de la maladie. Ceci pour anticiper et détecter de manière plus précoce le changement de forme de maladie, en particulier dans la sclérose en plaques où différentes formes peuvent se manifester au cours du temps. C’est également le cas dans les troubles dépressifs majeurs. Le programme de R&D sur lequel nous travaillons actuellement cherche à prédire la réponse ou la non-réponse à un traitement. Avec cette solution, nous pourrions diviser par trois le temps durant lequel les patients sont traités avec une molécule à laquelle ils sont en fait résistants. Robert Chu (Embleema) : “Un essai clinique totalement virtuel est cent fois plus rapide qu’une étude classique” Quelle est la spécificité de votre positionnement ? Nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne de valeur : nous sommes les fabricants de nos propres biomarqueurs digitaux, nous en comprenons l’intégralité du process et nous investissons continuellement dans l’amélioration de leur granularité et dans leur passage vers des modèles plus complexes et plus prédictifs. Nos solutions sont sans équivalent aujourd’hui, y compris au plan international. Nous avons une base d’assets qui nous permet d’avoir une avance extrêmement importante sur la concurrence à travers deux dispositifs marqués CE et sur le marché, une bibliothèque de plus de 350 biomarqueurs digitaux déjà constitués et une plateforme modulaire, AdS Data Factory, centralisant toutes nos activités liées à la conception de biomarqueurs. Tout cela nous permet d’accélérer notre développement sur nos aires thérapeutiques prioritaires. Quels sont les profils de vos employés ? Nous avons une équipe pluridisciplinaire composée de spécialistes du digital (expérience utilisateur, développement mobile et web, product management), de scientifiques, de spécialistes de l’innovation médicale, d’une équipe data d’une dizaine de personnes spécialisées dans la conception de nos modèles mathématiques, de nos algorithmes et de leur validation. Nous avons également notre propre CRO qui nous permet d’être les sponsors et les exécutants de nos propres études de validation, et un pôle réglementaire, qualité et protection des données. Aujourd’hui, nous avons l’intégralité des compétences nécessaires en interne pour concevoir, valider et mettre en œuvre nos biomarqueurs digitaux. [Étude exclusive mind Health] Quels acteurs français ont le plus adopté le numérique dans leurs essais cliniques ? Qui sont vos clients ? Nous comptons parmi nos clients la moitié des principaux laboratoires pharmaceutiques et plusieurs sociétés de biotechnologie leaders sur le secteur, comme Vertex Pharmaceutical avec laquelle nous travaillons actuellement sur le suivi des patients souffrant de mucoviscidose. Nos biomarqueurs digitaux permettent à la fois d’accompagner le développement clinique de nouvelles molécules et leur mise sur le marché. Des biomarqueurs qui ont servi aux études d’enregistrement peuvent continuer à être collectés et mesurés après la mise sur le marché des traitements et apporter des nouvelles preuves d’efficacité. Cela permet de répondre aux nouvelles demandes des autorités de santé qui exigent de plus en plus des données en vie réelle pour le maintien du traitement, le remboursement ou l’extension d’indication. Nos biomarqueurs digitaux permettent à la fois d’accompagner le développement clinique de nouvelles molécules et leur mise sur le marché. Vous souhaitez accélérer le développement d’Ad Scientiam à l’international. Quels nouveaux marchés visez-vous ? Nous allons d’abord étendre nos activités en Europe, prioritairement en Allemagne où nous allons installer une équipe de 3 à 5 personnes. Nous visons une implantation au deuxième semestre 2022. Un des grands jalons pour cette implantation est le passage en classe IIa de notre solution MS Copilot®. Notre dispositif médical marqué CE est un outil d’auto-évaluation pour les patients souffrant de sclérose en plaques. Nous souhaitons l’installer dans le programme DiGA. Avec la France et l’Allemagne, on couvre les principaux marchés de la santé en Europe. Notre objectif est ensuite soit d’aller développer des implantations géographiques au Bénélux ou sur le marché italien, soit de couvrir ces territoires depuis la France et l’Allemagne. Nous visons également une implantation aux Etats-Unis au deuxième semestre 2022, avec une équipe de 5 à 7 personnes. Toujours avec une forte composante médicale et clinique parce que dans notre modèle, le développement se fait d’abord en ancrant l’usage au niveau des patients et des médecins pour pouvoir ensuite étendre, petit à petit, la solution de manière plus large. Notre feuille de route est simple : d’ici la fin du premier semestre 2022, obtenir le marquage CE classe IIa pour MS Copilot® et, immédiatement après, soumettre notre solution à la FDA pour obtenir l’agrément 510k. La mise en place de notre structure locale se fera en parallèle, sûrement entre Boston et New-York. Quels investissements avez-vous prévu pour mener ces projets ? Prévoyez-vous une nouvelle levée de fonds cette année ? Nous avons réalisé une levée de fonds initiale d’1 million d’euros fin 2016. Depuis, nous avons réussi, à travers nos partenariats commerciaux, à auto-financer le développement de nos projets R&D, de nos activités et la croissance de notre équipe qui compte maintenant près de 50 collaborateurs. Notre modèle économique nous permet encore aujourd’hui de financer notre implantation en Allemagne et de commencer à établir notre présence aux Etats-Unis. Nous sommes conscients qu’une couverture large du marché américain nécessite des investissements de plusieurs millions d’euros. Cela pourrait être une raison pour recourir à des investissements extérieurs, mais uniquement dans une logique d’hyper accélération. Les levées de fonds sont une option envisagée pour accélérer notre croissance, tout en souhaitant rester maîtres de notre développement dans les années qui viennent. Nous en avons les moyens. Qui sont aujourd’hui vos principaux partenaires ? Nous avons des partenariats avec des leaders pharmaceutiques, sur chaque aire thérapeutique que nous couvrons. Sur la sclérose en plaques, notre solution MS Copilot® a été développée en partenariat avec Roche dans ses premières années. Une fois la phase de R&D terminée, nous avons ensuite collaboré dans des programmes de recherche clinique avec des sociétés comme Biogen ou Novartis. Dans d’autres aires thérapeutiques, nous avons récemment conclu un partenariat pluriannuel sur 3 ans avec le laboratoire Vertex Pharmaceuticals. Nous venons de conclure deux partenariats majeurs dans les maladies neuromusculaires et dans les maladies rares. Il s’agit à chaque fois de programmes de développement pluriannuels, ce qui nous donne une grande visibilité sur les années à venir. Notre modèle de partenariat est toujours le même : une part d’exclusivité dans les premières années de développement et de validation de nos solutions, puis le caractère agnostique de nos solutions fait que nous pouvons travailler avec l’ensemble des acteurs qui ont des molécules sur le marché ou en cours de développement clinique. L’accès au remboursement pour les dispositifs médicaux déjà sur le marché est l’un de vos autres grands objectifs pour cette année… Où en êtes-vous ? Notre objectif est de disposer du premier dispositif médical remboursé dans le suivi de patients souffrant d’atteinte du système nerveux central. Notre vaisseau amiral est MS Copilot®. Nous avons rencontré à l’automne les équipes de la HAS et de la DGOS pour identifier les dispositifs les plus à même de fournir un accès au remboursement pour MS Copilot®. Aujourd’hui, nous étudions avec intérêt l’article 24 du PLFSS 2022, qui définit un cadre de prise en charge de solutions permettant la télésurveillance des patients. Les décrets d’applications sont attendus au premier semestre et nous travaillons pour insérer MS Copilot® dans ce premier dispositif d’accès au marché. Côté Allemand, l’objectif est d’insérer MS Copilot® d’ici la fin 2022 dans le dispositif DiGA. Pour les États-Unis, nous visons l’horizon 2023. En début d’année, nous avons appris que le Health Data Hub retirait “temporairement” sa demande d’autorisation auprès de la Cnil. Cela a-t-il un impact sur vos travaux ? Tous nos projets récents d’étude ont été déposés sur la plateforme du Health Data Hub. Néanmoins, ce retrait ne nous impacte pas directement car la phase d’exploitation croisée des bases n’avait pas encore eu lieu. Nous resterons évidemment vigilants à l’évolution de la situation. Le HDH est un projet important pour faciliter l’interopérabilité de nos solutions avec des solutions plus larges et pour accéder à de nouvelles bases de données. Normaliser nos données et nos interfaces pour faciliter leur partage est une roadmap que nous poursuivrons dans tous les cas, car nous sommes convaincus que c’est en croisant ces bases de données que nous pourrons construire des modèles plus performants et plus prédictifs. Faire des biomarqueurs digitaux un nouveau standard d’évaluation utilisé dans la majorité des études cliniques ces prochaines années. Quels sont les enjeux à venir des biomarqueurs ? J’en vois deux principaux. Le premier est de soutenir le basculement en cours des équipes de recherche clinique pour définitivement faire des biomarqueurs digitaux un nouveau standard d’évaluation utilisé dans la majorité des études cliniques ces prochaines années. Pour cela, il faut accompagner et accélérer l’insertion de ces biomarqueurs dans des études cliniques. Aujourd’hui, on voit que plus de 150 biomarqueurs digitaux ont été utilisés dans des essais cliniques sponsorisés par des laboratoires pharmaceutiques. Notre ambition est de contribuer à multiplier ce chiffre par 2, par 3, par 5… et les imposer comme des standards cliniques. Le deuxième enjeu est de faire reconnaître ces biomarqueurs dans la prise en charge et l’évaluation des patients au quotidien. Nous avons besoin de structurer des communautés de patients et des communautés d’experts médicaux pour insérer ces bonnes pratiques dans leur prise en charge. C’est aussi pour cela que nous travaillons sur la dissémination de nos biomarqueurs dans des projets de recherche académique et dans la mise en place de registres de patients en vie réelle. Nous sommes en train d’inventer plein de nouveaux pans de la médecine, c’est un projet d’entreprise absolument passionnant ! En février dernier, le Dr Hubert Méchin, président de l’Afcros, affirmait dans un entretien à mind Health que “des start-up comme Ad Scientiam auraient leur place au sein de l’Afcros.” Allez-vous répondre à cette invitation ? C’est tout à fait quelque chose que l’on envisage puisqu’on suit, on participe, on s’appuie aussi sur les réseaux de l’Afcros pour, par exemple, développer notre pôle de recherche clinique, pour étudier les nouvelles tendances en matière d’étude clinique… En particulier parce que nos solutions permettent la mise en place d’études décentralisées. On est extrêmement attentifs à toutes ces évolutions de pratiques et en interne, on a formé toutes nos équipes aux nouvelles normes d’investigation clinique pour accompagner et aider à structurer cette nouvelle façon de faire de la recherche. Matthieu Lamy Novembre 2021 : nommé Président d’Ad Scientiam Novembre 2020 : nommé Directeur général d’Ad Scientiam Décembre 2016 : rejoint Ad Scientiam comme responsable des opérations aux Etats-Unis 2010-2016 : Consultant puis manager et senior manager chez Stanwell Consulting 2007-2010 : Consultant chez Oneida Associés 2006-2007 : Auditeur junior chez PWC Ad Scientiam Ad Scientiam a été incubé au sein de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (au sein de l’iPEPS-ICM). Elle réunit aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs et projette de doubler ses effectifs d’ici deux ans. 3500 utilisateurs de MS Copilot® en France. Ad Scientiam vise 30 000 utilisateurs à l’horizon 2024 sur le marché européen. Sandrine Cochard Biomarqueurs digitauxEssais cliniquesEuropeR&DRecherchestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind