Accueil > Parcours de soins > Outils professionnels > Les promesses de l’IA pour aider les cardiologues à traiter la fibrillation atriale Les promesses de l’IA pour aider les cardiologues à traiter la fibrillation atriale La fibrillation atriale est l’arythmie la plus complexe et la plus répandue dans le monde. Son opération reste un défi, y compris pour des chirurgiens chevronnés. Plusieurs essais cliniques intégrant de l’intelligence artificielle sont en cours pour améliorer sa prise en charge. Qu’apportent ces solutions jugées prometteuses ? mind Health a posé la question au docteur Jérôme Lacotte, cardiologue et rythmologue au sein de l’Institut Cardiovasculaire Paris Sud (ICPS). Par Sandrine Cochard. Publié le 15 septembre 2021 à 0h08 - Mis à jour le 12 octobre 2021 à 16h27 Ressources L’Institut Cardiovasculaire Paris Sud a intégré l’étude clinique Tailored‐AF portant sur le logiciel d’intelligence artificielle VX1 de Volta Medical. Que change cette approche guidée par l’IA ? Dr Jérôme Lacotte : Depuis 20 ans que nous faisons de l’ablation de fibrillation atriale persistante, nous sommes convaincus que le traitement doit être individualisé. Mais jusqu’à présent, nous étions extrêmement démunis pour identifier les zones à traiter. Pendant toutes ces années, nous avons travaillé de façon très subjective et non reproductible. Les résultats obtenus par la technique d’ablation classique, qui consiste en la déconnexion des veines pulmonaires, reste décevante, avec un taux d’échec supérieur à 50% à court terme. Cela oblige à répéter les interventions dans une majorité de cas. Aujourd’hui, la technique Volta est la seule qui permet de standardiser une technique d’ablation individualisée, en identifiant les zones critiques à retirer. Ce que l’approche classique ne permet pas. Concrètement, comment fonctionne cette nouvelle technique ? Dr J. L. : Elle nous aide à analyser les signaux enregistrés par les cathéters à l’intérieur d’un cœur (lire encadré). Ces cathéters ont énormément évolué ces dernières années. Leur capacité d’enregistrement a été multipliée par 10, peut-être même par 100 ! Ces capteurs disposent de plus en plus d’électrodes qui affichent de plus en plus de signaux. Or, il est très difficile pour un cerveau humain de suivre toutes ces informations en direct, pendant une intervention. L’intelligence artificielle, en analysant ces signaux en temps réel, facilite cette analyse et aide au diagnostic. C’est une couche logicielle supplémentaire qui peut s’implémenter sur tous les systèmes de cartographie existants et semble nous faire gagner du temps et améliorer les résultats en aigu. Cela nous donne l’espoir d’améliorer le service rendu au patient à long terme. L’étude est en cours et devrait dévoiler ses résultats d’ici un an. Combien de cas avez-vous traité avec cette nouvelle technique jusqu’à présent ? Dr J. L. : Nous avons traité une vingtaine de patients dans le cadre de l’étude Tailored-AF Volta. Nous n’avons pas encore de résultats probants car cette étude doit porter sur des centaines de patients, avec un suivi clinique sur 12 mois pour s’assurer qu’il n’y a pas de récidive de l’arythmie à court ou moyen terme. Le bénéfice final sera évalué au bout d’un an. Néanmoins, nous notons des résultats très encourageants pendant l’intervention puisque sur la vingtaine de patients traités avec le système Volta, nous avons pu interrompre l’arythmie dans tous les cas. Alors qu’avec la technique traditionnelle, une fois sur deux, nous avons dû recourir à un choc électrique pour redonner au patient son rythme normal, ce qui indique qu’il reste des zones actives non traitées et qu’il y aura probablement des récidives. VX1 est un logiciel d’IA conçu par Volta Medical. Cette MedTech française, qui a levé 23 M€ début 2021, travaille sur de nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle pour la prise en charge de diverses arythmies cardiaques. Son logiciel VX1 analyse des électrogrammes mesurés dans le cœur du patient en temps réel, pendant l’opération, pour identifier des électrogrammes d’intérêt. Dispositif médical autorisé par la FDA, il a également obtenu le marquage CE. Une étude pour comparer les deux techniques L’étude clinique Tailored‐AF en cours cherche à comparer la stratégie d’ablation basée sur VX1 avec les approches d’ablation classiques. Cette étude internationale randomisée à 2 bras prévoit d’inclure 344 patients (172 dans chaque groupe/bras) et leur suivi sur 12 mois. Les premiers résultats sont attendus au troisième trimestre 2023. Douze centres hospitaliers français y participent, dont 11 en tant que centres investigateurs : l’Hôpital cardiologique Louis Pradel‐Hospices Civils de Lyon, le Pôle Santé République à Clermont‐Ferrand, l’Hôpital Privé Jacques Cartier à Massy, l’Hôpital Privé du Confluent à Nantes, la Polyclinique Saint George à Nice, la Rhéna Clinique de Strasbourg, l’Hôpital Saint Philibert à Lomme, l’Hôpital Saint‐Joseph à Marseille, le Centre Cardiologique du Nord à Saint Denis, la Clinique Pasteur à Toulouse, l’Institut Lorrain du cœur et des vaisseaux‐CHRU Nancy à Vandoeuvre‐Lès‐Nancy. Sandrine Cochard AlgorithmescardiologieCardiovasculaireEssais cliniquesIntelligence ArtificielleLogiciel Besoin d’informations complémentaires ? 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