Accueil > Parcours de soins > Stéphane Messika (Kynapse): “Cette alliance permettra de faire émerger des cas d’usages de laboratoire ou start-up” Stéphane Messika (Kynapse): “Cette alliance permettra de faire émerger des cas d’usages de laboratoire ou start-up” La création de l'Alliance française des données de vie réelle a été annoncée le 13 juillet 2021 lors de la conférence "Numérique et Santé pour tous : quelles actions pour la santé publique de demain ?" qui s'était tenue à l'Assemblée Nationale. Stéphane Messika, CEO de Kynapse qui copilote l'alliance aux côtés d'AI4Health, revient pour mind Health sur la genèse et les objectifs de cette initiative. Par Camille Boivigny. Publié le 28 septembre 2021 à 16h31 - Mis à jour le 29 septembre 2021 à 16h56 Ressources Qu’entend-on par “données de vie réelle” ? Stéphane Messika : Ce sont les données de suivi des patients longitudinales, c’est-à-dire tout le long de leur parcours de soin, que ce soit en ville ou à l’hôpital. Elles permettent de voir les pathologies, les traitements et leur efficacité. En France, ce sont souvent les données qui se retrouvent dans les bases de la sécurité sociale et des hôpitaux. Au-delà des données de vie courante collectées par les objets personnels connectés? S. M. : “Real-world evidence” signifie qu’une fois que les médicaments et traitements ont été mis sur le marché, on observe leur efficacité en vie réelle et non en test [clinique, ndlr] donc on peut suivre les errances diagnostiques, les sujets d’observance de maladies chroniques… Tous les sujets qui se suivent dans la longueur. Comment est née cette initiative ? S. M. : Nous travaillons beaucoup avec les industriels de santé et le Health Data Hub. Nous nous sommes rendus compte que l’on pouvait faire beaucoup plus de choses entre les industriels et le HDH, qui sont tous deux très demandeurs. Peut-être y a-t-il besoin d’un appui pour aider les industriels à trouver des bons cas d’usage, mieux connaître l’écosystème, savoir quelles données sont disponibles, comment les traiter, comment déposer un dossier etc. On a voulu monter une initiative qui permette aux industriels de mieux utiliser les données de vie réelle en recherche et de mieux comprendre leur utilité (même s’ils les utilisent depuis longtemps), de mieux comprendre les données hébergées sur le HDH, de faire de l’idéation autour des sujets qui pourraient émerger et peut-être même travailler ensemble. Les industriels méconnaissent-ils le fonctionnement du HDH au point d’avoir besoin d’accompagnement et de mise en relation? S. M. : Ils sont très au courant, cela n’empêche pas que les sujets data soient assez nouveaux. Les entreprises pharmaceutiques ou les industriels n’ont pas tous une équipe data dédiée à la recherche. Parfois, ils travaillent avec les CRO [Contract research organization, société de recherche contractuelle], mais ils ont de plus en plus envie de travailler en direct avec le HDH. Or, il faut monter des projets qui passent devant des comités. Ce qui est fait, les études éligibles, tout cela est assez surveillé. C’est l’objet de l’alliance: faire émerger les sujets, les cadrer proprement, faire en sorte qu’ils soient éligibles, aider les porteurs de projet. Ce qui ne les empêche pas de travailler en direct avec le HDH, l’un n’empêche pas l’autre. La Haute Autorité de Santé a publié un guide méthodologique sur les études en vie réelle. Qu’apporte l’Alliance? S. M. : Nous allons suivre ce guide. La HAS est très favorable au fait que tout le monde travaille en synergie sur ce sujet. Le fait de réfléchir ensemble fait émerger les sujets. On a parfois l’impression que l’industriel n’a pas envie de suivre, mais force est de constater qu’il y a moins de secret qu’il y a 20 ans. En tout cas du côté des industriels, on partage idéation et réflexion. Toute cette synergie collective sera intéressante. S’agit-il de faire travailler ensemble exclusivement industriels et start-up ou ciblez-vous également d’autres acteurs? S. M. : La première cible ce sont les industriels car on ne pourra pas faire de recherche en France en les évitant. Ils doivent être partie prenante mais évidemment toute start-up ou centre de soins est bienvenu.e dans nos réflexion. Les industriels disposent de données, les start-up développent plutôt des outils pour les traiter, d’où leur collaboration.. S. M. : Les industriels n’ont pas énormément de données de vie réelle, ils ont leurs propres données, quelques données de vente. Pour réaliser des projets au sein du HDH, ne doit-on pas déjà disposer de son propre set de données ? S. M. : Non, on peut candidater sur les data existantes sans obligatoirement avoir les siennes. Si on en a, tant mieux on les partage. Sinon on peut regarder le catalogue de données disponibles au HDH et indiquer celles sur lesquelles on estime que l’on peut développer un algorithme de recherche d’intérêt sur un sujet très précis d’interactions médicamenteuses par exemple, en fournissant le protocole à suivre. Il y a de plus en plus de données au HDH donc de plus en plus de sujets potentiels. Il existe déjà dix bases de données “effectives”… S. M. : Il y en a encore plus. L’objet du HDH est non seulement d’être un tiers de confiance qui permet de récolter le plus de bases de données possibles, mais aussi et de les chaîner les unes avec les autres pour permettre de faire des analyses croisées et anonymes. C’est tout l’enjeu : si on parvient à chaîner les données du SAMU, des hôpitaux et de SOS Médecins avec celles de la Sécurité sociale, on commence à avoir des choses intéressantes d’un point de vue de suivi longitudinal. En France, on a des données particulièrement de qualité, c’est un sujet. Quel est le rôle de Cleyrop ? S. M. : C’est un éditeur qui fait partie de l’alliance avec Kynapse et AI4Health. Il va fournir la plateforme technologique qui va permettre aux industriels de s’entraîner sur des données factices : le HDH met à disposition des données factices qui ont le même format que les données réelles, cela permet de s’entraîner, de voir quelles sont les caractéristiques des données, les colonnes disponibles (les types de variables qu’on peut analyser) , les algorithmes qu’on pourra concevoir etc. Qui pilote l’Alliance et en est responsable ? S. M. : La communauté de l’alliance est animée par AI4Health, avec Stéphanie Trang et Damien Gromier. Les personnes de Kynapse vont travailler sur les données, avec les industriels. C’est Stéphanie Korsia (directrice de la practice santé de Kynapse) et moi qui les représentons. Comment vous financez-vous ? S. M. : Il y a une adhésion qui couvre tous les ateliers que l’on tiendra. On va lancer deux saisons par an, une par semestre. Deux thématiques émergent : le parcours de soins que l’on doit affiner et une seconde sur les maladies rares, avec un “bonus” covid car on dispose de nombreuses données à ce sujet. Au premier semestre, on réalisera des ateliers d’idéation, avec la venue d’experts. L’objectif est d’analyser les données dont on dispose à ces sujets, de réfléchir et faire émerger des cas d’usage d’un laboratoire ou plusieurs, ou d’un laboratoire et d’une start-up. pour toute cette animation au cours de l’année chaque laboratoire verse un financement de 30 000 euros. Calendrier Octobre 2021 : Première session avec les premiers membres, idéation autour de l’errance diagnostique et maladie rare, cas d’usage Novembre 2021 : AI for Health, présentation des cas d’usage sur les enjeux de RWD (real-world data) Décembre 2021 : Idéation sur l’amélioration du parcours de soins (relation ville-hôpital, observance et suivi thérapeutique) Janvier 2022 : Présentation des projets déposés auprès du HDH Stéphane Messika Président Cleyrop depuis janvier 2021 CEO Kynapse depuis janvier 2016 CEO Lateos 2011-2016 Maitre de Conférences Université Paris XI 2005-2011 Chiffres-clés Cleyrop : créée en 2020, 3 M€ de CA et 30 collaborateurs Kynapse : créée en 2016, 10 M€ de CA et 50 consultants Camille Boivigny données de vie réellePatientvie réelle Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Création de l’Alliance française des données de vie réelle Données de vie réelle : Aetion et Cegedim Health Data reconduisent leur partenariat Comment la crise sanitaire a accéléré la valorisation des données de santé en vie réelle aux États-Unis PicnicHealth et Komodo Health se partagent leurs données de vie réelle autour des pathologies complexes Données de santé en vie réelle : les six recommandations du CSF Roche et Unicancer associent leurs données de vie réelle au sein d'une plateforme ouverte à tous De l’usage des preuves en vie réelle dans l’autorisation des DM Sanofi accède aux données de vie réelle collectées par l’AP-HP