Social media intelligence : évolution du marché et perspectives

Apparu en en France en 2005, le marché de l’écoute sociale, soit la collecte et l’analyse de tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, les forums et les blogs autour d’une marque, a connu en quelques années une ascension fulgurante. “En cinq ans, la valeur des “gros contrats” que nous signons a été multipliée par dix”, confirme Guilhem Fouetillou, cofondateur de Linkfluence. La raison : le périmètre et le champ d’application de ces outils se sont considérablement élargis. “Les entreprises sont de plus en plus matures. Alors que le social listening était au départ plutôt voué à la gestion de crise, aujourd’hui il est utilisé pour l’analyse de concurrence, le suivi de lancement de produit, de lancement de campagnes, la recherche d’insights… “, explique Diana Martins, marketing manager de Synthesio, qui travaille en France avec Nissan, L’Oréal, Deezer et Kerring. Même constat chez l’autre grand acteur français de se secteur en France, Linkfluence, qui compte parmi ses clients Danone, Orange, Sanofi et Mc Donald’s… “Chez un client comme Danone, près de 1000 personnes reçoivent nos rapports”, explique-t-il. Résultat : Linkfluence, qui a levé 7 millions d’euros depuis sa création en 2006, emploie aujourd’hui plus de 200 personnes, contre 30 il y a trois ans, et Synthesio a levé en février 2016 huit millions d’euros, deux ans après avoir levé 14 millions d’euros.

Linkfluence en chiffres Fondée en 2006 par Alain Le Berre (PDG) et Guilhem Fouetillou (DG), Linkfluence est basée en France, au Royaume-Uni et en Allemagne. Après les rachats de TrendyBuzz en 2014 et Die Medialys en 2015, la société rassemble plus de 200 personnes, a réalisé 13 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et vise 20 millions d’euros pour 2016. Linkfluence revendique plus de 300 clients dans le monde (Danone, Sanofi, Orange, Accor, McDonald’s et Groupama…). La société a levé plus de 6,5 millions d’euros en plusieurs fois, auprès notamment de Sigma Gestion, Orkos Capital et Banexi Ventures Partners.

L’enjeu : les réseaux sociaux émergents

Comment ces outils se sont-ils adaptés à ces évolutions et se différencient-ils ? D’abord, en étendant le nombre de sources où collecter des données. La poignée des grands acteurs mondiaux à la tête de ce marché, parmi lesquels Synthesio et Linkfluence, mais aussi Brandwatch ou Netbase, ont désormais tous des technologies et des partenariats leur permettant de récolter des données sur l’ensemble des grands réseaux sociaux et des forums. Pour cela, des partenariats sont quasi incontournables : avec Gnip pour l’accès aux données Twitter, Datasift depuis 2015 pour les données privées de Facebook, LinkedIn, qui a fermé son API en 2015, Boardreader pour les forums… “Outre ces grands partenariats, notre différence se fait sur la capacité à être exhaustif sur les réseaux sociaux émergents”, explique Guilhem Fouetillou (Linkfluence). Sa société vient par exemple de concevoir une technologie capable de collecter des informations sur les pages publiques non propriétaires de Sina Weibo. A l’avenir, la société se fixe notamment comme défi de récolter des données à partir des “stories” de Snapchat. Ces acteurs ont aussi pris de l’importance en reliant leurs technologies avec celles avec des partenaires spécialisés dans l’activation de campagnes et l’engagement. Linkfluence et Synthesio travaillent ainsi avec Hotsuite, Spreadfast, Conversocial… “Depuis un an, nous nous concentrons sur la partie écoute et avons délégué la partie engagement à ces experts, pour fournir une offre optimisée. Nos équipes de R&D travaillent beaucoup sur ces intégrations”, explique Diana Martin (Synthesio). Selon les deux acteurs francais, les grands enjeux du moment se trouvent désormais dans la capacité à analyser les images et les vidéos et à investir le marché asiatique.

Synthesio en chiffres Créée la même année que Linkfluence, en 2006, par Loic Moisand et Thibault Hanin, Synthesio embauche aujourd’hui 150 personnes, dont une cinquantaine en France. Elle revendique plus de 200 clients das le monde, parmi lesquels Nissan, L’Oréal, Deezer et Kerring. La société a levé près de 24 millions d’euros au total, dont 14 millions d’euros en 2014 auprès de Idinvest, et 8 millions en 2015, auprès à nouveau de Indinvest Partners et d’Entrepreneur Ventures. A cette occasion, Bpifrance a pris une part au capital, aux côtés des fonds d’investissement.