TEST 15 JOURS

2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur

Alors que Google vient de confirmer la suppression des premiers cookies tiers sur Chrome début 2024, mind Media revient sur les enjeux et alternatives au tracking utilisateur pour le marché publicitaire.

Par Paul Roy. Publié le 02 juin 2023 à 1h00 - Mis à jour le 19 octobre 2023 à 14h56
Synthèse

LE CONTEXTE

La prise de conscience de la société civile quant à la protection des données personnelles ces dernières années a poussé régulateurs et acteurs technologiques à restreindre l’utilisation du cookie tiers, mais aussi d’autres identifiants intersites largement utilisés dans le secteur de la publicité en ligne. 

Google et Apple s’attaquent au tracking utilisateur

En 2017, Apple a lancé Intelligence Tracking Platform (ITP) sur Safari, un programme qui vise à limiter le tracking utilisateur sur son navigateur. Les cookies tiers ont été les premiers visés, puis le groupe a progressivement ciblé toutes les formes de tracking utilisateur sur son navigateur. Il a ensuite été suivi par d’autres navigateurs open source comme Brave et Mozilla Firefox. La firme a alors étendu cette politique au tracking sur mobile, en imposant dans IOS 14.5 à partir d’avril 2021 son nouveau dispositif de protection des données personnels App Tracking Transparency – qui implique notamment une fenêtre de consentement pour recueillir l’identifiant publicitaire IDFA.

Google a lui adopté une posture plus souple, en annonçant en janvier 2020 laisser deux ans aux acteurs de la publicité en ligne avant que les cookies tiers ne soient plus exploitables sur son navigateur Chrome. Le groupe a proposé au marché une consultation – via notamment un groupe de travail dans l’organisation de standardisation du web W3C – pour établir les normes techniques de sa Privacy Sandbox, qu’il présente comme une alternative aux cookies tiers pour optimiser le ciblage et la mesure de la performance publicitaire tout en restant respectueux de la vie privée en ligne. 

Début mars 2020, le groupe est allé un peu plus loin en annonçant qu’il ne supporterait pas les identifiants uniques reposant sur un mail encrypté dans ses outils publicitaires tiers – qui concentrent la grande majorité des investissements publicitaires.

Après avoir repoussé plusieurs fois la date fatidique après la crise sanitaire, Google a finalement annoncé en mai 2023 qu’il supprimerait 1 % des cookies tiers début 2024, et déploierait les API de la Privacy Sandbox dès juillet 2023.

Qu’est-ce-que le cookie tiers ? 

Le cookie tiers est un tag intégré par un acteur tiers (plateforme d’achat ou de vente publicitaire, société de mesure, etc.) sur un site qui n’est pas le sien, afin de permettre de suivre le parcours de l’internaute sur plusieurs sites pour mieux connaître son profil et ses intérêts. L’ensemble du secteur de la publicité en ligne s’est développé depuis une quinzaine d’années sur l’utilisation des cookies tiers pour optimiser le ciblage et le tracking utilisateur d’un site à l’autre, le capping, la mesure, l’attribution, etc.

Une réglementation de plus en plus contraignante

En parallèle, la réglementation sur l’utilisation des données en ligne s’est durcie avec le RGPD entré en vigueur en mai 2018. La collecte et l’usage des données personnelles en ligne sont à la fois plus stricts et incertains : le texte européen est soumis à l’interprétation des organes de protection des données au sein de chaque pays. En France, un an et demi après l’adoption du RGPD, une grande partie du trafic restait sans information de consentement, témoignant de la difficulté du secteur à s’adapter à la réglementation.

La position de la Cnil a d’ailleurs été rapidement contestée par l’ensemble du marché, car jugée trop restrictive sur le dépôt et l’usage des cookies tiers, la gestion du consentement et leurs conséquences. Il est reproché à la Cnil de sur-interpréter le RGPD et d’anticiper le futur réglement e-privacy – notamment concernant les cookie wall. La Cnil a précisé – et en partie assoupli – ses lignes directrices en octobre 2020, et a donné aux acteurs de la publicité en ligne un délai supplémentaire de six mois pour se conformer.

Incertitudes sur le cookie wall

Sur la question des cookie wall, le Conseil d’Etat a finalement donné raison aux éditeurs mi-juin 2020 sur leur licéité, autrement dit la possibilité de réserver l’accès à un site aux internautes qui ont accepté le dépôt de cookies si une alternative est proposée (offre payante d’abonnement,…