Les sites médias se préparent à passer au https

Google et Apple incitent les éditeurs à adopter sur leurs sites le “https”, un protocole de communication internet sécurisé. Malgré plusieurs interrogations sur les conséquences de cette bascule, les éditeurs s’y préparent.

Au nom de la “sécurité du web”, Google et Apple appellent de plus en plus les sites web à adopter le “https”. Ce protocole de communication permet aux internautes de se connecter de manière sécurisée à un site web, en chiffrant les canaux de communication : le https est par exemple obligatoire en France pour les pages demandant des données personnelles à l’internaute. Il permet en outre aux sites d’accéder à un certain nombre de fonctionnalités, même si elles ne sont pas encore claires et définies. Et il est désormais un critère pris en compte dans le référencement sur Google, qui veut lui donner encore plus de poids.

Le https permettrait également à un site web mobile d’intégrer des fonctionnalités comme la géolocalisation ou le “progressive download”, qui permet de charger une page en même temps que l’utilisateur consomme le contenu. Sur Apple, le “deep-linking” , qui permet le renvoi d’un lien web mobile vers une application par exemple, serait également conditionné par l’utilisation du https. De plus, dans les mois qui viennent, les navigateurs pourraient afficher une signalétique prévenant les internautes que l’accès aux sites http n’est pas sécurisé.

Bayard et Libération prêts à passer au https

Selon Google, 25 du top 100 des sites dans le monde sont passés au https. Parmi les sites médias, Le Washington Post, The Guardian et Mediapart font partie des rares sites à avoir adopté ce protocole. Libération prévoit également cette transition pour ses sites dans les mois à venir. “Ce processus est assez laborieux, mais pas forcément complexe. Il faut d’abord configurer notre CDN, puis s’assurer que les redirections vers la nouvelle URL, qui commence donc par https, soient réalisées. La transition doit aussi se faire du côté de la régie, qui nous a assuré être prête”, explique Xavier Grangier, CTO de Libération. Car c’est en fait du côté de la publicité que se posent le plus de questions : Si selon un sondage de l’IAB auprès de ses membres, 80 % des réseaux publicitaires sont prêts à supporter le https h , il suffit qu’un maillon de la chaîne publicitaire ne le respecte pas pour que la publicité ne s’affiche pas ou, pire, que le navigateur indique à l’utilisateur que le site n’est pas sécurisé.

Au sein du Groupe Bayard, le directeur du développement numérique, Cédric Naux, se montre plus inquiet des conséquences sur la publicité que Libération : “Techniquement, nous sommes prêts à basculer l’ensemble de nos sites en https, mais nous ne le faisons pas tant que nous ne nous sommes pas assurés que l’ensemble de nos partenaires, notamment publicitaires, sont passés à ce protocole”. Le groupe entame donc un travail d’audit de ses partenaires, pour une durée encore indéterminée. En attendant plus de communication de la part des navigateurs et des acteurs de la publicité en ligne, le flou demeure sur les conséquences de la bascule au https et les éditeurs n’en font pas une priorité.