StreetPress lance une plate-forme participative

Le pure player de gauche, qui s’adresse à la jeune génération urbaine, veut peser sur le débat sociétal et politique en cassant les codes des médias traditionnels.

Selon nos informations, le pure payer StreetPress, magazine de société en ligne destiné aux jeunes urbains de 25 à 35 ans, va lancer une nouvelle plateforme participative. Baptisée StreetVox, il s’agit d’une plateforme de témoignages et d’opinions conçues pour être viralisés sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Facebook. Elle devrait être opérationnelle dès lundi 9 janvier. Le projet est porté avec la participation de l’incubateur Media Maker et de l’Ecole française du journalisme, dirigée par Jacques Rosselin. Streetpress, qui se présente comme un média engagé politiquement à gauche, souhaite ainsi peser sur le débat public en ligne – notamment sur les réseaux sociaux – qu’il estime préempté par les thèses de droite dure et d’extrême droite.

Rappelons qu’en octobre, Libération a lui aussi lancé une plateforme, L’Oeil sur le Front, positionnée comme “un observatoire des droites extrêmes, du Front national et de la façon dont ce type d’idées s’immiscent dans le débat politique, avec la volonté de les confronter aux faits réels”, avec un journaliste à temps plein, pour des formats journalistiques et universitaires, archives, alertes de citoyens et tribunes.

Trois journalistes dédiés

StreetVox a été développé par l’agence Révolutions. Streetpress a recruté trois journalistes dédiés cette plateforme. Ils encadreront et aideront l’écriture du réseau de 300 contributeurs (“les Voxeurs”) : des jeunes chercheurs, des militants et activistes, des entrepreneurs et Youtubeurs, des personnes ancrées dans la société civile, etc. Cinq contenus seront publiés par jour. Il n’y a pas d’objectif affiché d’audience – plutôt la volonté d’imposer des idées de gauche dans le débat public – ni de modèle économique mis en place autour : le projet doit durer huit mois, avant éventuellement de le prolonger en trouvant un nouveau financement.

“Interviews kebab”

La plateforme proposera des formats vidéo, dont des interviews de représentants et d’élus politiques dans un cadre original, diffusés en direct sur Facebook. Par exemple des interviews hebdomadaires diffusées à 21h sur Facebook Live depuis un kebab du 20e arrondissement de Paris, avec les candidats avec les Primaire du Parti socialiste. Cette “interview Kebab” veut être tranchée, sans langue de bois, et reprendre les codes de la jeune génération. Benoît Hamon sera le premier à se prêter au dispositif, mardi 10 janvier. Un “petit” budget d’achat média va être utilisé sur Facebook. Google AMP est intégré au dispositif. Le projet a nécessité un investissement de 280 000 euros, dont 46 % est financé par le FINP et 17 % par le Fonds du 11 janvier, le reste en autofinancement.

Streetpress (12 personnes) a été fondé en 2009 par Johan Weisz, son président, Cécilia Gabizon, responsable du développement, et Patrick Weil, historien et directeur de recherche au CNRS. Le site est légèrement rentable depuis près de quatre ans avec un chiffre d’affaires en hausse. Il a dépassé les 400 000 euros en 2015 et est attendu en progression en 2016. La société cherche toujours un financement de 850 000 euros environ.