Accueil > Médias & Audiovisuel > Audiovisuel & vidéo > Assistants virtuels : opportunité ou menace pour les éditeurs ? Assistants virtuels : opportunité ou menace pour les éditeurs ? Alexa, Google Assistant, Cortana, Siri : les assistants virtuels personnels, ces applications informatiques qui interagissent par la voie avec les utilisateurs, sont promis à un bel avenir. Les éditeurs médias se préparent à adopter ces nouvelles plateformes, qui soulèvent toutefois de nombreuses questions : quels services d'information ? Quels coûts d'adaptation ? Quelles données partagées ? Quels risques pour la marque ? mind Media a interrogé 20 Minutes, Radio France, France Télévisions et MFG Labs sur leurs premières réflexions et tests. Par Aymeric Marolleau. Publié le 02 juin 2017 à 14h31 - Mis à jour le 02 juin 2017 à 14h31 Ressources Les assistants virtuels personnels, ces applications informatiques qui interagissent par la voie avec les utilisateurs, ont le vent en poupe. Alexa, celui lancé par Amazon en 2014, a été la principale attraction du CES 2017 en janvier, le rassemblement annuel mondial de l’industrie des nouvelles technologies à Las Vegas. Selon une étude de Global Market Insights, le marché des assistants virtuels devrait représenter 3 milliards de dollars en 2020 (lire sur notre site), et selon l’institut Gartner, 20 % des interactions avec nos smartphones se feront à travers un assistant personnel à l’horizon 2019. Les GAFA se positionnent fortement sur cet internet commandé par la voix, à travers deux approches : soit en installant des assistants vocaux dans le système d’exploitation des smartphones, à l’instar de Siri pour Apple, Cortana pour Microsoft, et Assistant pour Google ; soit en commercialisant des enceintes à commande vocale destinées à prendre place dans les foyers, comme Alexa dans la colonne Amazon Echo (le e-commerçant en a vendu 11 millions en 2016 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni) et Assistant dans Google Home (qui sera lancé en France cet été). En France, Orange a annoncé le lancement de sa propre enceinte à commande vocale, baptisée Djingo, début 2018. Grâce à leurs “skills”, l’équivalent pour ces assistants virtuels des applications dans les smartphones, ils peuvent donner l’heure, déclencher une alarme, traduire des langue, contrôler les volets ou le chauffage d’une maison, ou encore lancer un morceau de musique. Les éditeurs veulent parler à leurs utilisateurs Les éditeurs y voient une nouvelles opportunité d’interagir avec leurs utilisateurs. Les médias anglo-saxons sont les premiers à avoir testé ces environnements ou à nouer des partenariats. Aux Etats-Unis, pour Amazon Echo, le groupe audiovisuel public NPR est par exemple la source par défaut pour les requêtes qui concernent les actualités, expliquait le site spécialisé Poynter début mai. Les utilisateurs d’Alexa (Amazon) peuvent aussi choisir d’écouter un résumé des principales informations fournies gratuitement par la BBC, le New York Times, CNN, Associated Press ou Reuters. Au total, la section “News” du store d’Alexa compte plus de 2 500 skills. Le nombre de skills d’Alexa est passé de 2 000 à l’été 2016 à 12 000 en avril 2017. Rares sont encore les assistants à parler français. Google Assistant et Google Home seront lancés dans l’Hexagone cet été. Si Amazon Echo est distribué aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, aucune date de lancement n’a encore été annoncée pour la France. Mais certains éditeurs français se préparent à leur arrivée. Depuis fin avril, 20 Minutes propose par exemple aux utilisateurs américains et britanniques d’Alexa d’écouter une sélection des principales informations du moment. Selon nos informations, Radio France a aussi mené des tests avec quelques assistants. “C’est une belle opportunité pour les éditeurs radio, puisque nos contenus live et podcasts sont nativement conçus pour ces supports”, explique Ari de Sousa, directeur numérique adjoint de Radio France en charge des produits et du marketing. Des coûts de distribution Mais ces assistants soulèvent plusieurs défis pour les éditeurs médias. D’abord, cela les oblige à prendre en compte une plateforme supplémentaire dans leurs plans de distribution des contenus, aux côtés de leurs sites desktop et mobile, leurs applications, les réseaux sociaux… “Il y aura un moment transitoire où les éditeurs devront essayer de comprendre les systèmes d’intelligence artificielle qui seront en compétition, avec de nouveaux coûts de distribution et d’adaptation aux technologies”, expliquait en mai Bruno Patino, directeur éditorial d’Arte France, à l’occasion du Colloque NPA. Laurent Couraudon, directeur du développement de l’agence MFG Labs (Havas), nuance ces difficultés : “Les skills installés aujourd’hui dans les assistants vocaux ne sont rien d’autre que des bots conversationnels à qui l’on a donné la parole grâce à un logiciel de traitement du langage naturel (NLP). Les versions plus évoluées de l’intelligence artificielle, comme la compréhension du langage naturel (NLU) à un stade grammaticale et la génération de langage naturel (NLG) par la machine sont encore à l’état de recherche et développement”. Or, de nombreux éditeurs français maîtrisent déjà les bases de la technologie des bots conversationnels, pour les avoir testés dans Facebook Messenger depuis plusieurs mois. C’est par exemple le cas de 20 Minutes, L’Express, Libération, le JDD ou encore France Info (lire notre dossier sur l’information conversationnelle). La création du skill d’information de 20 Minutes pour Alexa n’a nécessité le travail que de deux développeurs pendant cinq jours. Pour faciliter son adaptation à ce nouvel écosystème, France Télévisions a développé sa propre technologie universelle capable de se brancher aux plateformes vocales tierces. “Cela permettra à terme aux utilisateurs d’entrer en profondeur dans nos bases de données, pour lancer des vidéos ou des extraits”, explique Bernard Fontaine, directeur aux technologies des nouveaux services de France Télévisions. Pour cela, le groupe indexe une centaine d’heures de programmes par jour depuis trois ans. Effacement de la marque Toutefois, les éditeurs se demandent comment préempter ces nouveaux supports de diffusion et mettre en avant leur marque sur ces nouvelles plateformes. “C’est un écosystème de rareté, car contrairement aux résultats de recherche sur Google, les internautes n’auront pas le choix entre plusieurs liens, l’assistant vocal apportera une réponse unique à leurs questions”, explique Ari de Sousa, chez Radio France. Avec le risque de voir les marques médias perdre en visibilité auprès de l’utilisateur final. Le volume et la profondeur des données qui seront partagées avec eux par ces assistants ne sont pas encore clairs non plus. “Nous aimerions connaître l’utilisateur, le contexte d’écoute, les contenus consommés et leur durée, mais rien n’est encore fait”, explique Michaël Fromentoux, responsable des développements numériques de 20 Minutes. La question de la monétisation des contenus sur ces nouveaux supports reste, elle aussi, en suspend. Aymeric Marolleau Assistants vocaux Besoin d’informations complémentaires ? 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