TV5MONDE va développer une offre mobile first en Afrique

Le nouveau plan stratégique du groupe audiovisuel prévoit d’accélérer sur le numérique avec le lancement de nouvelles offres verticales. Hélène Zemmour, directrice du numérique de TV5MONDE, explique la première étape de ce déploiement, en Afrique. 

TV5 Monde active une nouvelle étape de son développement. Créée il y a un peu plus de 30 ans, la chaîne assure une mission de service public en promouvant la francophonie et ses valeurs en 13 langues à travers le monde. Ses programmes proposent essentiellement des informations, des fictions, des dessins-animés, des magazines et des documentaires.

Sous l’impulsion de ses tutelles – les grands Etats francophones – son conseil d’administration (France Télévisions à 49 %, France Media Monde, RTBF, SSR, Arte France, Radio-Canada, Télé Québec et l’INA essentiellement) veut aller plus loin et a défini le développement du numérique comme l’une des priorités du plan stratégique 2017-2020, notamment avec la constitution de verticales éditoriales : Information, Culture, Afrique, TV, Langue française, Art de vivre…

Une stratégie mobile first en Afrique

L’entreprise audiovisuelle (109 millions d’euros de budget en 2016) totalise chaque mois entre 4 à 5 millions de visites en ligne et 10 millions de streams vidéo (chiffres ComScore). Pour accroître son offre, une chaîne Afrique sera lancée le 5 octobre 2017. “L’objectif est de faire progresser notre audience en conservant la diaspora africaine, qui nous est très fidèle, et en s’adressant davantage aux Africains sur place, un territoire où nous avons un vrai potentiel de croissance”, indique Hélène Zemmour, directrice du numérique de TV5MONDE.

Les contenus en ligne du site sur l’Afrique génère actuellement 1,4 million de visites mensuelles et 1 million de streams vidéo par mois. La vidéo est un format particulièrement consulté : les contenus Afrique représentent 7 % des visites sur le site, mais 13 % des vidéos consultées, avec un fort intérêt pour l’information et les séries africaines. La nouvelle offre Afrique portera donc particulièrement sur l’information, les séries et la vidéo, avec notamment la mise en avant d’un réseau de Youtubeurs africains.

Les contenus seront mobile first pour coller aux usages en Afrique (avec un site en responsive design développé par l’agence Clever Adge et une application mobile pour IOS et Android développée par Tapptic) avec un téléchargement en mode hors connexion afin de s’adapter aux contraintes techniques locales. Selon nos informations, un partenariat est en cours de finalisation avec Orange pour intégrer les contenus Afrique de TV5MONDE au sein des abonnements mobiles d’Orange commercialisés dans les pays africains.

Beaucoup de vidéos

L’offre donnera une large place à la vidéo. Le groupe voudrait d’ailleurs changer d’outil de découpage des vidéos (clipping vidéo) destinées à être partager en ligne. SnappyTV, une solution gratuite utilisée depuis un an, n’est plus jugée assez fiable techniquement. Des tests sont en cours ou prévus avec les solutions payantes de Wildmoka, Telequid et Wellcut.

L’objectif est de viraliser ses contenus sur les plateformes sociales, où TV5MONDE est suivi par 8 millions d’abonnés, essentiellement sur Facebook (surtout en Afrique du nord), puis Twitter (surtout en France, Côte d’Ivoire et RDC) et YouTube (France, Etats-Unis, Canada). L’ensemble de la verticale sera supervisée par un chef de produit numérique – qui sera recruté cet été – sous la responsabilité de Denise Epoté, directrice marketing Afrique, et travaillera en lien avec les autres directions, dont la direction numérique d’Hélène Zemmour.

Celle-ci est composée de 22 personnes réparties au sein d’un pôle marketing web pour l’acquisition de trafic (2 personnes), un pôle pour l’apprentissage et l’enseignement du Français (5 personnes), un pole éditorial (5 personnes), un pôle technique et gestion de projets (5 personnes), le pôle réseau social (3 personnes) et une assistante.

Le budget annuel du numérique est de l’ordre de 3,5 millions d’euros, répartis à parts égales entre frais de fonctionnement et investissements. La monétisation publicitaire des contenus en ligne génère quelques centaines de milliers de revenus par an qui sont réinvestis. Les revenus issus du display et de Youtube sont en baisse, et un travail va être effectué sur des formats de native advertising. Après la numérisation de la rédaction et de l’information en 2015 et l’Afrique cette année, les prochaines verticales porteront sur la culture (sur le déploiement des cultures française et francophones) à partir de productions internes et de partenariats, puis sur l’art de vivre, laquelle sera en partie payante sur abonnement.

 Jean-Michel De Marchi