Des éditeurs commencent à tester Google Home

Google communique peu de chiffres sur ses assistants vocaux commercialisés en France depuis le 3 août 2017, mais il ne semble pas y avoir eu d’engouement pour les acheter en magasin à Noël. Plusieurs médias français semblent pourtant y croire : L’Équipe, 20 Minutes, RTL, Radio France et Les Échos font partie des éditeurs français ayant développé leur application sur l’assistant vocal. Les fonctions proposées sont aujourd’hui relativement “basiques” : l’application des Échos, conçue avec l’agence Artefact, pour quelques dizaines de milliers d’euros, propose de “découvrir les principaux titres des Échos” de la journée : une voix artificielle lit les titres puis propose d’écouter quelques lignes des dernières informations. “Près de 30 % des usages consistent à demander une blague, nous en avons donc prévu, ainsi que la possibilité de “parler” à des éditorialistes du journal sous forme de message vocal”, indique Étienne Porteaux, directeur de la diffusion et du marketing clients des Échos.

Soutien financier de Google

Celle de RTL a, elle, été élaborée en partie en interne et en partie avec Google qui a “pris en charge certains développements”, indique Charles-Emmanuel Bon, directeur du développement de RTL. La radio propose d’écouter son flash info et donne accès à certaines émissions en replay.

Le service proposé par Radio France est le plus poussé. Il se déclenche lorsque l’utilisateur demande quelle est l’actualité, sans mentionner spécifiquement la station demandée. Il peut alors retrouver le dernier flash de France Info, ou des journaux culturels et économiques de Radio France. Les flux des radios et podcasts sont également disponibles. Le groupe a aussi lancé un service FIP sur Alexa (Amazon) au Royaume-Uni et vient de recevoir un financement de 300 000 euros du fonds Google DNI pour proposer de “nouvelles expériences” via les assistants vocaux.

Se préparer à l’arrivée d’Alexa

Quel est l’objectif des éditeurs ? Le nombre de requêtes pour ces médias varie pour le moment de quelques centaines à quelques milliers. “Il est certain que Google Home est aujourd’hui surtout utilisée par des “early-adopters”, issus des CSP +, mais l’objectif est de suivre et anticiper les tendances : nous sommes certains que ces technologies vont se démocratiser surtout lorsque Alexa, qui permet de commander des produits Amazon, arrivera en France”, explique Étienne Porteaux (Les Échos). Pour Charles-Emmanuel Bon, “Cela permet de toucher un public chez qui il n’y a plus forcément de transistor. On se retrouve comme la presse écrite avec le web, il y a vingt ans : c’est une nouvelle façon d’aiguiller notre contenu”.

Bientôt la révolution du vocal ?

Laurent Frisch, directeur du numérique de Radio France, ne croit pas dur comme fer à la démocratisation des enceintes connectées : “De même qu’il y a une époque où l’on parlait des montres et lunettes connectées, je ne parierais pas sur un raz-de-marée des enceintes comme l’a provoqué l’iPhone”, explique-t-il, “mais ce qui nous intéresse est l’interface par la parole. Il est probable qu’avec l’ensemble des écrans, objets connectés et la voiture, les interfaces conversationnelles vont devenir majeures”. Le projet financé par DNI consiste à mobiliser le fonds d’1,5 million de sons en ligne dont dispose Radio France, pour tenter de trouver des réponses à des questions pouvant être posées à des assistants vocaux. “L’enjeu est de comprendre ce qui est dit dans les sons et en déduire comment découper des extraits pour formuler des réponses, et ce pour toute interface conversationnelle”, détaille Laurent Frisch. Le groupe compte se distinguer par la richesse des contenus qu’il propose, le “marketing” sur ces enceintes étant aujourd’hui impossible

Marion-Jeanne Lefebvre