Comment l’agence Dare.Win a recruté des collaborateurs sur Fortnite

L’enjeu

Pour développer des campagnes pour ses clients PlayStation, Spotify ou encore Ubisoft, Dare.Win accueille chaque année dans son agence parisienne d’une trentaine de personnes environ quatre teams créatifs (un concepteur-rédacteur et un directeur artistique) en stage. Sur un marché de la communication qui comptait pas moins de 41 365 entreprises (agences de publicité, agences médias, régies publicitaires, sociétés événementielles et filière industrielle) au second trimestre 2017 selon l’Observatoire COM MEDIA, et qui fait face à la concurrence d’employeurs comme les GAFA ou les startup, “les talents créatifs recherchent des structures créatives donc notre approche du recrutement doit l’être elle aussi”, constate Boris Lavergne, directeur artistique chez Dare.Win.

Autre enjeu, évoqué par le concepteur-rédacteur avec qui il fait équipe, Thomas Brouchon : “la méthode de recrutement de l’agence doit être en accord avec ce qu’elle produit, la patte et le ton de ses campagnes”. Dare.Win s’étant en effet spécialisé depuis sa création en 2011 dans le divertissement.  

Le dispositif

Début août 2018, l’agence partage donc une offre de stage avec pour objectif d’”attirer le maximum de profils créatifs, avec le minimum de moyens et dans le minimum de temps pour une prise de poste à la rentrée”, indique Boris Lavergne. L’annonce, partagée uniquement sur les comptes sociaux de l’entreprise, ne comportait pas de description des missions ou du profil recherché, mais invitait les candidats à entamer une partie de Fortnite sur PlayStation – l’un de ses clients, mais qui n’a pas participé à l’opération – avec l’agence.

“Fortnite a été une tendance majeure dans le jeu vidéo cette année, et c’est un jeu qui a le pouvoir de fédérer une communauté, donc d’élargir notre audience”, souligne Thomas Brouchon. Moins d’un an après son lancement en juillet 2017, ce jeu d’action-construction et de survie revendiquait 125 millions d’utilisateurs, tandis que PlayStation a vendu plus de 525 millions de ses consoles depuis sa création en 1994. Les candidats qui ne sont pas adeptes du jeu avaient également la possibilité d’envoyer de manière classique leur candidature par email.  

Cette campagne qui se voulait “ludique et universelle” dans son approche, selon Boris Lavergne, n’a pas mobilisé beaucoup plus de ressources que pour un recrutement classique : le visuel a été photographié et conçu par le team créatif, qui a également géré les entretiens sur Fortnite “étant nous-mêmes des utilisateurs de Playstation”, explique Thomas Brouchon. De même, le dispositif n’a pas été soutenu par un plan média, hormis l’envoi d’un communiqué de presse – uniquement à l’étranger – dans plus de 17 pays.

Les résultats

Dare.Win dit avoir reçu près de 600 demandes d’ajouts au compte PlayStation de l’agence en une dizaine de jours, et plus de 250 emails sur l’adresse dédiée – des candidatures continuaient d’ailleurs d’affluer fin septembre. Les deux tiers des candidatures provenaient de l’étranger, en particulier de pays d’Amérique du Sud, des États-Unis ou de Suède.

Une cinquantaine d’entre elles ont donné lieu à des entretiens sur Fortnite, qui consistaient en une discussion vocale informelle de 10 à 20 minutes, en conditions de jeu, pour découvrir la personnalité et la motivation des candidats. Une dizaine d’aspirants stagiaires a ensuite été invitée à l’agence pour un second rendez-vous plus formel avec les directeurs de création de l’agence. Les deux personnes retenues, Vincent Pollet en tant que concepteur-rédacteur, et Mallory Walle en tant qu’assistant directeur artistique, doivent débuter leur stage lundi 15 octobre.

Et après ?

Cette opération sur Fortnite a permis à Dare.Win d’élargir sa base de candidats. “Nous avons quand même reçu beaucoup d’emails d’individus qui pensaient qu’il s’agissait d’une offre d’emploi dans le jeu vidéo et l’e-sport, concède Thomas Brouchon, mais le dispositif reste très positif. Cela nous a permis de comprendre que chaque projet doit être exigeant en terme de création et que nous devions saisir toutes les occasions de prouver les qualités de l’agence sur ce registre, y compris lors d’un exercice de recrutement qui peut sembler banal”, conclut-il.

Fin septembre, Dare.Win a d’ailleurs affiché un message sur les murs de ses bureaux, donnant sur la voie publique et invitant à traverser la rue pour trouver un emploi (planneur stratégique, community manager…) dans son agence, pour rebondir sur la petite phrase d’Emmanuel Macron.

Autre enseignement rapporté par Boris Lavergne : il est important de s’insérer dans les usages des consommateurs ou des candidats plutôt que d’essayer d’en créer. “Nous partons du principe que n’importe quel support peut devenir un média et servir une campagne. Nous regardons tous les canaux de communication, tels que Reddit et Discord par exemple”, indique-t-il. En 2016, peu de temps après le lancement de la fonctionnalité “face swap” de Snapchat, l’agence avait d’ailleurs réalisé une campagne d’affichage permettant aux passagers d’échanger leur visage avec les héros des séries Netflix.