LVMH recapitalise Le Parisien à hauteur de 83 millions d’euros

Invité à s’exprimer par l’Association des journalistes médias mercredi 9 janvier, Pierre Louette, PDG des groupes Le Parisien et Les Echos, a surtout été interrogé sur Le Parisien, qui connaît une santé économique délicate. Le journal fait face à des difficultés récurrentes ces dernières années, poussant son actionnaire, LVMH, a procéder à une recapitalisation à hauteur de 83 millions d’euros fin 2018.

“Il a fallu éponger les pertes des dernières années (y compris pour 2018, ndlr), financer trois plans de départs, et donner de nouvelles capacités de trésorerie, notamment pour pouvoir investir dans des infrastructures techniques et de nouveaux développements. Mais cela illustre aussi le soutien de l’actionnaire, qui pourra le refaire en cas de besoin”, a indiqué Pierre Louette. Les charges exceptionnelles mentionnées expliquent en large partie les 24 millions d’euros de pertes affichées par Le Parisien en 2017.

Acquis il y a un peu plus de trois ans, le titre tente d’accélérer la transformation de son modèle vers le numérique, en développant notamment son offre payante. Mais la progression reste limitée, avec désormais 15 000 abonnés en ligne revendiqués. L’enjeu principal du groupe porte ici sur la façon de convaincre son lectorat, certes large et fidèle à la marque, mais sans doute moins enclin à payer pour des contenus numériques que celui des Echos, du Monde ou du Figaro.

Le Parisien a expérimenté plusieurs tarifs d’abonnement exclusivement numérique ces deux dernières années, et propose depuis ces derniers mois des tarifs très agressifs, à 4,99 euros TT par mois jusqu’en décembre 2019, au lieu du plein tarif affiché à 13 euros.

En parallèle, le titre travaille notamment à l’optimisation de son paywall au compteur en fonction du comportement du lecteur (smart paywall). Plusieurs chantiers techniques sont également enclenchés, par exemple la mise en place d’un nouvel outil de publication (ARC Publishing, commercialisé par Le Washington Post) pour améliorer la production des contenus.

Rappelons enfin que Sophie Cassam Chenaï a été recrutée il y a quelques jours comme directrice des activités numériques après le départ d’Ariane Bernard (lire ici).

La régie publicitaire est rebaptisée Les Echos – Le Parisien Media

Le PDG du Parisien affirme aussi vouloir rationnaliser l’organisation globale. Il a d’ailleurs officialisé la création d’un vaste pôle de revenus communs au Parisien et aux Echos – déjà installé et que mind Media annonçait en août dernier – pour rapprocher davantage la régie publicitaire et les diversifications (notre article). 

Un pôle baptisé “Les Echos – Le Parisien Partenaires” est donc créé et placé sous la responsabilité de Corinne Mrejen, directrice générale aux revenus, pour rassembler la régie, les diversifications, annonces légales, contenus de marques, événementiel, salons et études. La régie publicitaire Team Media est dans le même temps rebaptisée Les Echos – Le Parisien Media.

Parmi les diversifications déjà amorcées figurent l’audio, avec la prise de 33 % du capital de Binge Audio. En parallèle, un incubateur (“2050”) est en cours d’installation pour se rapprocher des start-up et de l’innovation, voire éventuellement pour accueillir des structures dans lesquelles les Echos et Le Parisien investiraient. Pierre Louette a indiqué sur ce point vouloir saisir des opportunités dans l’adtech notamment.

Concernant l’alliance publicitaire Gravity, lancée en septembre 2017 et dont Le Parisien et Les Echos sont membres fondateurs, le dirigeant a admis que ses résultats se manifestaient “lentement”. Rappelons que son directeur général, Fabien Magalon) évoquait dans nos colonnes en octobre (notre article) un rythme annuel de 5 millions d’euros de revenus pour l’ensemble des membres (près d’une trentaine).

Interrogé également sur l’éventuelle entrée du Parisien (et des Echos) au sein de Skyline, le couplage publicitaire entre Le Monde et Le Figaro – des discussions on lieu en ce sens depuis la mi-2018 (lire nos révélations d’octobre 2018) – le dirigeant a évacué cette option à court terme : “On discute, mais il n’y a rien de prévu. Et pourquoi ne pas imaginer aussi que c’est Skylne qui intègre Gravity ?”