Accueil > Médias & Audiovisuel > Les dispositifs d’open innovation en PQR Les dispositifs d’open innovation en PQR Incubateurs et accélérateurs, investissement dans les start-up en numéraire ou en media for equity, programmes d'intrapreneuriat ou encore plateformes de crowdfunding : les groupes de PQR ont multiplié les dispositifs d'innovation ouverte ces 18 derniers mois pour développer de nouveaux projets et idées hors de leurs murs. Quels sont les moyens mis en place et les structures pour les porter ? Quels premiers résultats ? mind a interrogé Sud Ouest, Ouest France, Rossel-La Voix, La Dépêche du Midi, Le Télégramme, Centre France et l'Upreg pour décrypter leurs premières initiatives. Par Aymeric Marolleau. Publié le 30 septembre 2016 à 16h10 - Mis à jour le 15 juillet 2021 à 15h22 Ressources Ces dernières années, la plupart des grands groupes de PQR se sont engagés dans une démarche d’open innovation. “Cela leur permet de faciliter leur transition numérique et de favoriser le transfert de compétences au sein de leurs équipes, tout en limitant les risques et les investissements”, observe Cécile Bernardet, responsable du développement numérique de l’Union pour la presse en région (Upreg). Car l’innovation ouverte ne nécessite pas toujours d’importants investissements. Sud Ouest a par exemple installé son accélérateur dans ses propres locaux : l’accompagnement des start-up est en partie assuré par un partenaire, 1Kubator, via un échange de prestations : le journal fournit les locaux et son partenaire l’accompagnement quotidien. Le média for equity, qui permet d’entrer au capital d’une start-up en contrepartie d’espaces publicitaires, est aussi une façon d’investir avec un risque calculé. Pour ces groupes, dont l’activité historique de presse est en difficulté, l’objectif est de trouver de nouvelles sources de revenus ou de nouvelles idées. “C’est aussi un moyen formidable de véhiculer une image innovante et de détecter des talents, car la presse n’est pas le secteur qui attire le plus les profils numériques, ajoute Cécile Bernardet. Mais ils ont conscience de leurs lacunes et essaient de se structurer pour répondre aux attentes des start-up”. Incubateurs et accélérateurs L’open innovation revêt plusieurs formes. Deux groupes ont lancé leur propre incubateur ou accélérateur de start-up. “Théophraste”, celui du Groupe Sud Ouest (GSO), a accueilli sa première promotion en juillet 2016 (lire les détails sur notre site). Les trois premières sociétés sélectionnées sont Hubstairs (immobilier), Abracadacook (restauration) et Poool (monétisation du contenu premium). “Cela nous permet de susciter des rencontres et d’apporter une autre façon de penser au sein de l’entreprise”, explique Guillaume Vasse, co-manager de Théophraste pour GSO. Théophraste est une filiale de GSO créée sous le statut de SARL en février 2016, avec un capital réparti entre GSO (à 60 %) et ses éditeurs (à 40 %) : Sud Ouest, Charente Libre, Pyrénées Presse et Bordeaux 7, notamment. La structure est gérée par Groupe Sud Ouest Interactive (GSOI), la direction du développement numérique du groupe, dirigée par Guillaume Vasse. GSOI a été accompagnée dans la mise en place de l’accélérateur par le réseau d’incubateurs 1Kubator. En mai, c’était le groupe SIPA Ouest France qui a annoncé le lancement de son propre accélérateur, baptisé OFF7 (les détails sur notre site). Il accueille depuis juillet huit start-up retenues parmi 136 candidates : Skippair (voile), Mediego (personnalisation multicanal), Scorenco (plateforme communautaire autour du sport), Vendre.com (commerce entre particuliers), Kadran (immobilier), Leankr (sémantique pour les contenus TV) et Anona (plateforme publicitaire). L’accompagnement sur 12 mois est assorti d’un investissement – qui peut atteindre 150 000 euros – avec une prise de participation minoritaire. Des opérations de media for equity ne sont pas exclues. Ouest France a déjà choisi d’investir en numéraire dans Skippair – pour un montant non précisé – et investira dans une deuxième société en novembre. Le groupe n’a pas créé de fonds d’investissement, ni de structure juridique dédiée à OFF7. Le projet a été initié et coordonné par la direction des services numériques. Dirigée par Fabrice Bazard, elle compte une quinzaine de personnes. Un prestataire spécialiste de l’animation des incubateurs, Birming Group, l’accompagne dans le sourcing et la sélection des start-up, le suivi et la méthodologie. Chaque start-up dispose aussi de parrains choisis aux sein des différents services du groupe (direction des services numériques, rédaction, régie, immobilier…). Investissements direct dans les start-up D’autres groupes ont opté pour une relation plus directe en entrant au capital de start-up présente dans leur bassin de diffusion, via un investissement en numéraire ou du media for equity (échange de capital contre des emplacements publicitaires). Rossel-La Voix (La Voix du Nord, Nord Eclair, Nord Littoral…) a ainsi investi 250 000 euros en mai dernier dans Concierge, société de la métropole lilloise spécialisée dans la maison connectée. Certains ont opté pour le media for equity. “Cela nous permet de monétiser notre audience de manière intelligente et moins engageante qu’en lançant un incubateur, pour lequel il faut des coachs et des locaux”, analyse Magali Roy, en charge des dossiers d’investissement pour le groupe Dépêche du Midi, qui a réalisé deux opérations de ce genre en 2015. Il a en effet investi 100 000 euros en numéraire dans Schoolmouv, une start-up toulousaine spécialisée dans le soutien scolaire en ligne (lire sur notre site), qui s’est engagée en retour à investir 75 000 euros de crédits médias sur ses supports, avec un taux de réduction de 35 % par rapport à ses tarifs médias officiels. Le groupe de PQR a investi 360 000 euros selon le même procédé dans Morning (ex-Payname), une autre start-up toulousaine spécialisée dans le paiement en ligne entre particuliers, qui compte une quarantaine de salariés et revendique plus de 60 000 utilisateurs. Ses participations dans ces sociétés sont comprises entre 3 et 8%. Outre Magali Roy et Bruno Pachent, directeur du pôle développement, ces investissements impliquent le directeur financier, le directeur juridique, et la comptabilité du groupe La Dépêche. La régie publicitaire est aussi très impliquée dans la définition des plans médias. Le Groupe Télégramme (GT) a aussi eu recours au media for equity, mais il ne communique pas le nom des start-up dans lesquelles il a investi ni les montants. Pour les éditeurs, le media for equity peut en outre présenter l’avantage de monétiser des inventaires publicitaires qui n’ont pas été commercialisés. Intrapreneuriat Selon les acteurs interrogés, l’open innovation revêt également une forte composante RH et peut passer par l’intrapreneuriat. Via par exemple la mise en place de programmes pour encourager la prise d’initiative de salariés autour de projets ou la collaboration entre services, ce que tentent de concrétiser les groupes Rossel-La Voix et Centre France. Ce dernier organise ainsi les “Journées lagon”, dont l’édition 2016 a réuni 200 personnes sur deux jours au printemps (10% des effectifs du groupe). Il a été accompagné pour cela par Cultures Trafic, une agence de Clermont-Ferrand. La finale, en juin, a vu huit équipes pitcher leur projet dans une salle de spectacle. Les deux gagnantes pourront consacrer plusieurs jours au développement de leur idée, avant de juger la pertinence de dégager plus de moyens dédiés. Les Journées Lagon sont portées par le Lab Centre France, une cellule directement rattachée à la direction générale et qui disposera, à partir de novembre 2016, de son propre espace pour organiser des événements. Le Lab est dirigé par Soizic Bouju, également directrice de l’innovation éditoriale, et animé par Raphaël Poughon, en tant que Lab manager. Plateformes de crowdfunding Quelques groupes ont également lancé leur propre plateforme de crowdfunding pour financer des projets locaux. A l’instar du Groupe Télégramme, qui a mis en ligne Kengo.bzh en juin 2015. “Nous y voyons le moyen de valoriser, comme dans nos supports, les projets associatifs et entrepreneuriaux réalisés dans notre zone de diffusion”, explique Perrine Albrieux, directrice marketing et développement numérique du Télégramme. C’est le fruit d’une joint-venture avec le Crédit Mutuel Arkéa, notamment via du media for equity. Les deux premiers actionnaires ont été rejoints il y a quelques mois par le groupe Sud-Ouest, qui a lancé la plateforme Sokengo. La société Kengo, dirigée par Serge Appriou, compte quatre employés et est basée à Brest. La plateforme du Télégramme a permis de collecter 250 000 euros pour 120 projets publiés. La société n’est pas encore rentable. Elle prélève une commission de 5 % et 3 % de frais techniques dès lors qu’un projet a obtenu 70 % de son objectif de financement. Jusqu’ici, 60 % de ses 120 projets ont été financés. Au sein de GT, c’est Télégramme Développement, sa holding dédiée à l’investissement et à la diversification, qui gère les investissements du groupe (Régions Job, Francofolies SAS, Net PME, Vacances.com, etc.). Elle est dotée d’une équipe de cinq personnes. Le groupe La Dépêche, de son côté, a lancé la plateforme Occistart, en août 2016, en créant une joint-venture avec la société Bulb in Town. Les deux partenaires ont limité leurs investissements ; aucun n’apporte d’investissement en numéraire : la participation de La Dépêche correspond à la mise à disposition d’un inventaire publicitaire pour promouvoir le site dans ses supports, et celle de Bulb in Town à la mise en place du back-office de la plateforme et à son expertise du crowdfunding. OcciStart n’aura pas d’équipe dédiée ; elle sera pilotée par des salariés des deux partenaires. Cinq collaborateurs de La Dépêche interviennent sur ce projet ponctuellement. La Dépêche veut collecter 2 millions d’euros en 2017 pour les projets soutenus et vise la rentabilité dès la première année. Aymeric Marolleau Information localeOpen innovationStart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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