La migration sur cloud public des éditeurs d’information : l’exemple de 20 Minutes avec AWS (Amazon)

Contexte

Ces dernières années, la plupart des éditeurs français ont migré leurs sites et certains de leurs actifs numériques sur le cloud public. L’objectif : réduire les coûts, améliorer le temps de réponse, être plus flexible et optimiser l’utilisation des serveurs en fonction des audiences. C’est le choix qu’a fait 20 Minutes en procédant à la migration de son site vers le cloud public Amazon Web Services en août 2019. “Cette migration vient clore un travail de plusieurs années. Nous cherchions à être plus souples et plus réactifs face aux demandes des lecteurs, ce que ne permettait pas notre infrastructure”, explique Aurélien Capdecomme, le directeur technique de 20 Minutes. 

En effet, l’éditeur hébergeait déjà un bot messenger, ses skills Amazon et d’autres briques technologiques liées au site sur AWS. La migration du site constituait la dernière étape de cette stratégie de migration vers le cloud public d’Amazon, qui a été amorcée en 2016. Par ailleurs Google Cloud Services est utilisé par 20 Minutes pour la partie analytics et mesure d’audience.

C’est l’équipe technique, dirigée par Aurélien Capdecomme, qui a conduit le projet et qui a fait le choix d’AWS. “Amazon a un temps d’avance sur Google Cloud Services et OVH en termes de disponibilités des services et d’innovation, et le service client est très bon”, justifie Aurélien Capdecomme. Il précise qu’Amazon Web Services “répond aux questions” mais n’a pas de rôle de conseil, et n’est pas partie prenante dans la conduite du projet.

Dispositif 

La première étape pour l’éditeur a été le design de l’infrastructure sur le cloud. “Nous avons dû examiner en détail le comportement de nos audiences pour dimensionner et optimiser notre infrastructure serveurs (ndlr : le nombre de serveurs à utiliser en fonction des pics d’audiences). Notre infrastructure interne était capable de supporter les audiences d’une finale de Coupe du monde, mais était souvent sous-utilisée”, détaille Aurélien Capdecomme. Le site étant orienté API – de multiples briques d’applications composent le site -, la migration a pu être faite brique par brique.

 

Après quelques jours, nous nous sommes rendu compte nous avions dimensionné nos serveurs de manière trop optimiste. Pour stabiliser la plateforme, nous avons dû doubler les ressources sur plusieurs serveurs.

 

Aurélien Capdecomme

directeur technique de 20 Minutes

Cette migration ne se fait pas sans obstacles, comme l’illustre Aurélien Capdecomme : “Après quelques jours, nous nous sommes rendus compte nous avions dimensionné nos serveurs de manière trop optimiste. Pour stabiliser la plateforme, nous avons dû doubler les ressources sur plusieurs serveurs”. Il ajoute qu’il n’y a eu aucun incident sur les 50 derniers jours. 

Après la migration, un accompagnement des équipes et un changement d’état d’esprit est nécessaire. “Autrefois, le site était tenu par trois serveurs statiques, aujourd’hui le site est sur six serveurs dans le cloud public d’AWS. Cet aspect “virtualisation” est parfois difficile à appréhender par les équipes : les développeurs allaient jusque là lire les logs sur sur les serveurs, maintenant tout est remonté sur des graphs”, explique-t-il.

Selon lui, la nouvelle infrastructure va en revanche décomplexer l’équipe marketing. “Nous disposons d’un système robuste et résilient. C’est autant d’énergie que nous pouvons consacrer à apporter de la valeur au service que nous offrons à nos lecteurs (fonctionnalités et connexions avec des services externes)”, explique-t-il.

Quels sont les résultats et coûts ? 

Pour l’éditeur, il n’y a pas de différence de coûts pour le moment avec l’hébergement classique chez Claranet (qui est aujourd’hui l’infogérant). S’il ne souhaite pas donner de chiffre précis, une fourchette de 10 000 à 20 000 euros par mois est mentionnée. “Pour l’instant le paiement chez AWS se fait “on demand” à l’heure, et change en fonction de la puissance utilisée. À partir de janvier, nous allons utiliser le modèle de réservation de la puissance (réservation d’un nombre de processeurs et d’une quantité de mémoire sur 1 à 3 ans), ce qui entraînera une réduction des coûts de 30 % par mois”. Il ajoute que sur l’ensemble des applications de 20 Minutes – notamment celles qui utilisent les technologies serverless -, le coût est divisé par dix avec l’usage du cloud public. 

Côté performance du site, le résultat est directement visible : “Le temps de réponse est divisé par trois en temps normal et par quatre lors de fortes audiences. Par ailleurs, le déploiement de nouvelles fonctionnalités – qu’ils fonctionne ou pas – n’affecte pas les performances du site”, se félicite Aurélien Capdecomme. Interrogée, la régie ne note pas d’impact particulier sur le changement de site.

Et après ?

L’éditeur prévoit par la suite d’envoyer toute sa base d’images sur les serveurs AWS et y ajouter du machine learning (via des scènes et des séquences) pour faciliter le travail des rédacteurs : “l’algorithme pourrait détecter des personnalités sur une photo, la présence d’un animal ou encore identifier une action de but en football par exemple. On pourrait ainsi tagger les photos et/ou les suggérer si le contenu d’un article en cours de rédaction correspond”, explique-t-il. 

mind Media a interrogé les dix premiers éditeurs d’informations sur leur infrastructure numérique et a récapitulé les informations dans un tableau comparatif disponible ici :