Ewen Sturgeon (Wunderman Thompson) : “Notre nouvel ensemble est le fruit d’une évolution des cultures des deux agences”

Vous avez quitté le groupe Publicis en juillet 2018 car vous estimiez que les agences de publicité n’étaient pas capables d’intégrer la data dans leur offre. En quoi est-ce le cas de Wunderman Thompson ? 

La seule combinaison qui peut apporter de la croissance chez nos clients annonceurs est celle de la créativité, de la technologie et de la data. Elle permet d’unifier la vision du parcours consommateur sur l’ensemble des points de contact, ce qui n’était pas une évidence dans mes précédentes agences. Au sein de Wunderman Thompson, la data est abordée de trois manières différentes. Dans un premier temps, une équipe est chargée de comprendre le fonctionnement interne et les besoins des clients pour développer une architecture de travail en conséquence. Plus traditionnellement, la data permet de mieux comprendre les besoins et les comportements consommateurs en s’appuyant sur des données first et third party, rassemblées au sein d’une plateforme interne à laquelle nos clients peuvent avoir accès. Enfin, des data scientists, data analytists et des creative technologists travaillent ensemble sur l’élaboration de stratégies. 

Où en est la fusion de Wunderman et J. Walter Thompson, annoncée par WPP en novembre dernier ?

La fusion des deux agences sera pleinement achevée en septembre, mais on commence déjà à en observer les bénéfices. Nous avons remporté des budgets que Wunderman et J. Walter Thompson n’auraient pas pu obtenir chacune seule de leur côté, par exemple une opération autour de la Champions League de football pour l’opérateur télécom britannique BT Group. En parallèle, nous développons également des synergies avec d’autres agences du groupe WPP, telles qu’Ogilvy et VMLY&R, avec lesquelles tantôt nous sommes en compétition, tantôt nous partageons des budgets.

Comment intégrer des agences aux cultures, compétences et profils différents ?

Le rapprochement des deux agences est en encore en cours, mais la vision du nouvel ensemble est déjà effective. La fusion de deux agences avec deux cultures différentes paraissait en effet difficile, et les employés doivent être rassemblés autour d’une culture commune pour proposer les meilleures recommandations aux annonceurs. Plutôt que d’instaurer une nouvelle culture d’agence, notre nouvel ensemble est le fruit d’une évolution des cultures des deux agences, qui repose sur ce mélange des compétences créatives, technologiques et data. Pour répondre aux besoins de nos clients, nous avons en effet besoin d’avoir des expertises sur tous les marchés, tous les leviers. J’ai d’ailleurs pu observer lors des Cannes Lions une tendance à l’interprétation de la créativité, qui combine des expertises auparavant sillotées pour aller vers plus d’efficacité.