Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Édouard Boccon-Gibod (metronews) : « La disparition de notre version papier est un axe de réflexion dans les années qui viennent. » Édouard Boccon-Gibod (metronews) : « La disparition de notre version papier est un axe de réflexion dans les années qui viennent. » Avec 6,7 millions d’euros de pertes en 2013, et comme Direct Matin et 20 Minutes, metronews est frappé de plein fouet par la crise publicitaire de la presse gratuite. En parallèle, le titre se développe sur le numérique, notamment sur le mobile où il affiche d’excellents résultats. Bilan 2013, stratégie numérique, fin du journal papier, concurrence parmi les « gratuits », axes de développement... Édouard Boccon-Gibod, président de metronews, se confie à Satellinet. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 10 mars 2014 à 5h29 - Mis à jour le 10 mars 2014 à 5h29 Ressources Vous avez intégré TF1 en 1992 où vous avez été notamment secrétaire général de l’antenne, directeur de la communication et président de TF1 Production. Avant de devenir président de metronews en 2011. Qu’est-ce qui vous a motivé pour ce nouveau projet ? Ce qui m’intéressait c’est de relever le défi d’une mutation extraordinaire : participer à la transformation d’un média vieux de plus de 150 ans – le papier – touché par une innovation majeure, le gratuit. Comment adapter la presse à l’exceptionnelle rapidité de la digitalisation du secteur : c’est cette question passionnante à laquelle nous devons trouver des réponses. Sur ce sujet, j’ai une conviction : il ne naît plus de lecteur papier aujourd’hui. On peut le regretter, mais ce serait idiot de se voiler la face et une erreur majeure pour notre industrie. Notre ère est marquée par le triomphe de l’écran. La presse ne vit pas une crise, ni même une simple révolution, mais une révolution darwinienne : seuls ceux qui s’adaptent et sauront s’adapter survivront. C’est le sens de la mutation digitale de l’entreprise que nous mettons en place. Avez-vous été étonné dans ce nouveau métier ? Quel sentiment se dégage après deux ans et demi de présidence ? La vraie surprise c’est la rapidité de la mutation des usages qui va à une vitesse très supérieure à ce qu’on pouvait imaginer il y a quatre ou cinq ans. Pour plusieurs raisons : la progression des usages transfère une part des revenus du papier vers le numérique extrêmement vite. Deuxièmement, la presse ne jouit pas d’une image de modernité et d’efficacité auprès des annonceurs. Quel était l’intérêt stratégique de TF1 à devenir majoritaire au capital du journal en 2011 ? Nonce Paolini a estimé en 2011 que TF1, marque leader sur l’information gratuite avec ses journaux télévisés de 13h et 20h notamment, avait vocation à sortir du média télévisuel pour élargir son influence et son expertise à un support papier quotidien et ses déclinaisons numériques. Mais l’économie de la presse quotidienne est de plus en plus délicate. Ce constat posé en 2011 est-il toujours valable aujourd’hui ? Oui, malgré les difficultés du secteur de la presse, tout me laisse à penser que TF1 est heureux dans son investissement dans metronews. Quels ont été les résultats économiques du journal en 2013 ? C’est une année très tendue d’un point de vue publicitaire. Notre chiffre d’affaires est de l’ordre de 33 millions d’euros (- 7,1 %), avec un résultat net de – 6,7 millions d’euros (- 4 millions d’euros en 2012, ndlr). Cela nous oblige à transformer davantage notre modèle et à accélérer sur le digital. Quels sont les résultats des activités numériques ? Nous avons doublé nos revenus l’an dernier et devrions réaliser la même chose cette année. Les précédents actionnaires (le groupe de presse suédois Metro International, ndlr) avaient laissé les investissements dans le numérique en déshérence. Notre mission, depuis deux ans, est de rattraper ce retard. Nous sommes ainsi passés de 1 à 3 millions de VU mensuels sur ordinateurs selon Médiamétrie//NetRatings. Pour cela nous avons fait passer la rédaction au reverse publishing : sur 52 journalistes titulaires de la carte de presse, 3 sont éditeurs et mettent en page en fin de journée les articles que la quasi-totalité de la rédaction écrit pour les supports numériques. Nous sommes également bien placés sur le mobile : nous sommes devenus la cinquième application mobile en moins de deux ans avec 624 000 VU par mois, devant Rue89 (397 000 VU), LePoint.fr (331 000), L’Express.fr (205 000), Libération (148 000, chiffres Médiamétrie), etc. Concernant les sites mobiles, nous sommes 7e avec 1,2 million de VU mensuels, devant LePoint.fr, Lexpress.fr, BFMTV, Europe1, etc. Nos espaces publicitaires sont commercialisés par notre régie indépendante de 40 personnes, rattachée à la direction générale adjointe de Jérôme Dessaux à TF1 Publicité. Quelle a été votre stratégie mobile ? Nous avons fait un excellent pari ces deux dernières années, celui du développement de l’OS Android. Là ou beaucoup d’éditeurs ont privilégié l’iPhone et tout misé sur Apple, nous avons également développé des applications spécifiques pour Android, avec un gros travail sur l’ergonomie. Nous avons également choisi d’être très présents sur Windows Phone, avec le Lumia qui marche très bien : notre lectorat, le public jeune et urbain, est très technophile. Et puis nous faisons six à sept mises à jour par an pour améliorer techniquement les applications et les adapter aux usages. Enfin, l’aspect éditorial est évidemment essentiel : nous proposons des contenus en adéquation avec les internautes, avec le parti pris de n’être pas exhaustifs, mais de retracer l’essentiel de l’actualité, ajoutées à des thématiques urbaines pointues : high-tech, culture mainstream (culture, danse, TV, musique), jeux vidéo… Quels sont vos projets sur mobile ? Nous devons être capables d’être très présents dans les transports en commun dans les grandes villes, là où est notre lectorat. Il y aura donc un gros travail de communication de la marque dans ces endroits. D’ici 2015, à Paris, l’équipement urbain et les transports alimentés en 3G et 4G seront également un enjeu très importants pour les éditeurs de presse. La RATP a déjà annoncé qu’une grande partie de son réseau serait couvert en 3G et 4G en 2015. Nous nous y préparons. Metronews est-il voué à rester gratuit ? L’ADN de metronews, c’est la gratuité. Aujourd’hui, ce serait bousculer les habitudes des lecteurs et se méprendre que de faire payer la marque metronews. Il faut plutôt mieux se démarquer des journaux payants en misant sur notre capacité à être puissant, jeune, urbain, mobile… et gratuit. Mais les quotidiens gratuits ont-ils encore une place sur le marché depuis l’explosion des contenus gratuits sur ordinateurs et smartphones ces dernières années ? L’arrêt du papier est-il envisagé à metronews ? Plutôt que la question du gratuit ou du payant, c’est ça la bonne question. On nous la pose depuis plusieurs années déjà et nous sommes encore là, sur papier. Mais le papier décline, c’est indéniable. La disparition de la presse papier se fera en moins d’une génération. Quand, comment… je l’ignore et je n’ai pas de projet à court terme pour arrêter notre diffusion papier, mais c’est un axe de réflexion dans les années qui viennent. Quelles sont les perspectives que vous avez sur le numérique ? Je crois en plusieurs leviers pour développer les revenus : les formats de native advertising, le développement du marché publicitaire sur mobile, l’émergence d’un marché sur la tablette, et enfin la combinaison de ces deux supports dans les campagnes des agences médias. Jean-Michel De Marchi MobileOrganisationTransformation des médias Besoin d’informations complémentaires ? 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