Applications mobiles : à quels prestataires les éditeurs français confient-ils leurs analytics, leurs notifications et leur CMP ?

Au total, notre partenaire 42matters, une société spécialisée dans l’App Store Intelligence, a identifié 313 SDK différents dans les applications Android des éditeurs français (voir encadré méthodologique). Outre les outils de développement et ceux de monétisation publicitaire, déjà étudiés dans notre précédent article, 24 sont dédiés à l’analytics, 12 à l’engagement – notamment pour gérer les push notifications – et trois à la gestion du consentement, pour ne citer qu’eux.

Sur le graphique ci-dessous, nous n’affichons que les 41 SDK (hors outils de développement et de monétisation publicitaire) présents dans plus de 2 % des applications de notre panel, parmi les 313 SDK qui figurent, selon 42matters, dans au moins une d’entre elles.

AT Internet dans le sillage de Google Analytics

156 applications sur 185 ont au moins un SDK dédié à mesurer leur fréquentation et les usages que leurs utilisateurs en tirent, soit 84 % des services de notre panel. Il n’est pas rare qu’une application ait plus d’un SDK dédié à ce sujet – jusqu’à sept pour Eurosport et six pour Virgin Radio et RFM -, si bien que 42matters a identifié 24 SDK spécialisés différents. Mais 10 d’entre eux seulement sont présents dans plus de 2 % des applications, dont le Français AT Internet – très présent chez les éditeurs médias sur desktop et web mobile -, qui a été acquis par Piano en mars 2021 et figure dans 50,5 % des services, soit 5 points de plus qu’en 2020. Il talonne donc désormais Google Analytics, dont l’empreinte n’a pas changée. Dans cette catégorie, nous pouvons aussi noter le recul de Flurry (Yahoo), passé de 30 % de présence l’an dernier à seulement 11,9 % cette année.

Pour Thomas Petit, consultant spécialisé dans le mobile, la domination de Google Analytics s’explique en partie par les efforts réalisés par Google ces dernières années : “Outre le fait que Firebase (l’outil d’hébergement applicatif embarquant Analytics, ndlr) soit gratuit et s’améliore petit à petit – mises à jour de l’interface, nouvelles options et fonctionnalités comme le predictive modelling, l’AB testing, etc -, Google a mené une offensive commerciale agressive pour s’assurer une présence sur un maximum d’applications et de terminaux, notamment en conditionnant l’accès à certaines fonctionnalités publicitaires à l’installation de son outil”.

Batch toujours très bien installé

173 applications ont au moins un SDK dédié à envoyer des push notifications, soit 94 % des services de notre panel. En outre, 42matters a identifié huit SDK différents qui s’adonnent à cette activité.

Le Français Batch, qui vient de lever 20 millions d’euros, est présent dans quatre applications sur 10. Le groupe Airship l’est dans une vingtaine de services, via Urban Airship et le Français Accengage, qu’il a acquis en 2019. Citons aussi la présence d’un troisième Français, WonderPush, identifié dans les applications de L’Équipe, Skyrock et Foot Mercato.

104 applications ont au moins un SDK dédié à la collecte du consentement des internautes au traitement de leurs données personnelles, soit 56 % des services de notre panel. Cela ne signifie pas que 44 % des applications n’ont pas de CMP : leur SDK est peut être passé entre les mailles du filet de 42matters (voir méthodologie). Selon Romain Gauthier, CEO et cofondateur de Didomi, cette dynamique peut en partie s’expliquer par le fait que beaucoup d’acteurs ont choisi de réutiliser leur SDK de recueil du consentement web sur l’environnement applicatif – rendant difficile leur détection par un tiers. “L’adoption de solutions natives est plus tardive sur les environnements applicatifs, on en est au même stade que lors des premières années du web. Par ailleurs, Android et iOS ayant des politiques différentes en matière de données personnelles, il est compliqué pour les éditeurs de comprendre s’il faut se reposer sur la CMP du système d’exploitation ou une solution tierce”.  

En outre, nous avons identifié trois SDK différents qui s’adonnent à cette activité. Comme sur desktop, la CMP de Didomi est la plus représentée, puisqu’elle figure dans 92 applications, devant celle de Google, qui est dans 43 services, parfois sans concurrent, comme chez Libération, Le Point, Capital ou encore GQ. AppConsent (SFBX, ex-Chandago) figure dans les applications du Figaro et de Madame Figaro.

Plateformes de publication

Vingt-six applications ont au moins un SDK dédié à des plateformes de publication, soit 14 % des services de notre panel. 42matters a identifié deux SDK différents qui s’adonnent à cette activité.

Vingt-et-une de ces applications travaillent avec MiLibris (Cafeyn), une société française spécialisée dans la publication numérique pour les industries de la presse et du livre. Fondée en 2009 par Guillaume Monteux et Luc Vauvillier, la société a été acquise par Altice en 2017 pour au moins 16 millions d’euros. Cela a permis à l’opérateur télécom de développer la plateforme SFR Presse, qui a été revendue à Cafeyn (ex-LeKiosk) en 2020. 

Les cinq applications de Condé Nast (vogue, Vanity Fair, AD, Glamour et GQ) travaillent avec Pugpig, une société britannique qui propose également une plateforme de publication pour les éditeurs médias qui revendique, parmi ses références, des acteurs tels que The Economist, Hearst et News Corp.