[ÉTÉ 2015] Pourquoi Google se réorganise et crée le holding Alphabet

Une nouvelle entité baptisée Alphabet est créée et devient la maison-mère de l’ensemble des sociétés du groupe, officiellement pour séparer son activité principale (le moteur de recherche et sa monétisation publicitaire) des autres activités plus récentes et expérimentales.

« D’ici la fin de l’année », Google va mettre en place une profonde réorganisation de sa structure, ont annoncé ses dirigeants, lundi 10 août, sur le blog du groupe. Alphabet remplacera Google en tant que groupe coté en Bourse et sera composé des sociétés Google (moteur de recherche, régie publicitaire, Gmail, cartographie en ligne, applications, Android, YouTube et les infrastructures techniques), qui cotoiera désormais les nouvelles sociétés Nest (thermomètres connectés), Calico (santé et laboratoire de recherche sur la longévité humaine), X Lab (voitures connectées, Google Glass…), Fiber (projet d’internet à haut débit), ainsi que Google Ventures et Google Capital (ses fonds de capital risque).

Cette nouvelle organisation est présentée comme plus claire pour les investisseurs (qui ont réagit favorablement à cette annonce) et plus souple pour créer, développer ou stopper de nouvelles activités au sein du groupe.

D’autres raisons ?

Mais certains observateurs ont souligné que cette nouvelle organisation pouvait aussi permettre au groupe américain de mieux répondre aux critiques sur son optimisation fiscale et de préparer sa réponse aux conclusions des enquêtes et procédures fiscales lancées contre lui par nombre d’Etats européens (France, Italie, Royaume-Uni…).

Les analystes applaudissent

Sundar Pichai, actuellement vice-président chargé des produits, deviendra le nouvel homme fort de Google, en qualité de directeur général, tandis que l’ensemble des directeurs d’activités vont intégrer la direction d’Alphabet. Enfin, Sergey Brin va devenir président d’Alphabet et Eric Schmidt, actuel président de Google, en deviendra président exécutif. « Cela va rendre la gestion plus performante, en nous permettant de diriger de façon indépendante des activités qui n’ont rien à voir entre elles, a ainsi expliqué Larry Page. Il s’agira pour Alphabet de les faire prospérer de façon autonome et avec des dirigeants forts. […]. Sergey (Brin) et moi serons là pour les aider. »

Analystes et investisseurs ont accueillis favorablement cette réorganisation et l’action Google a gagné 6,5 % au lendemain de son annonce « Cette transparence accrue liée à la création d’Alphabet est une bonne nouvelle. Elle va permettre de mieux comprendre la rentabilité des métiers historiques de Google et de ses projets de développement qui perdent encore de l’argent » a ainsi commenté Brian Nowak, analyste chez Morgan Stanley. Pour d’autres, l’organisation permettra de céder certains métiers ou d’en acquérir d’autres plus rapidement.

L’OIP reste attentive

Interrogé par Satellinet, Benoît Sillard, président de l’OIP – association qui a porté plainte contre Google devant la Commission européenne pour abus de position dominante -, estime que cette réorganisation n’aura pas de conséquences sur la procédure en cours en Europe.

« Cette annonce est une opération essentiellement destinée aux investisseurs, ça n’aura pas d’impact sur ce qui est reproché à Google : ses activités de moteur de recherche et de régie publicitaire sont toujours étroitement liées au sein d’une même société, avec des liens économiques très forts qui faussent la libre concurrence. Par conséquent, je ne pense pas que cette décision ait le moindre impact auprès de la Commission européenne qui me semble bien maitriser le sujet. » Celle-ci pourrait auditionner Google en septembre avant une décision annoncée fin 2015 ou début 2016.