Accueil > Marques & Agences > Transformation marketing > Clément Courvoisier (Les Echos) : « Tous nos projets numériques comportent un indicateur de performance » Clément Courvoisier (Les Echos) : « Tous nos projets numériques comportent un indicateur de performance » Par . Publié le 07 septembre 2015 à 14h59 - Mis à jour le 07 septembre 2015 à 14h59 Ressources Nommé directeur des activités digitales des Echos en mai 2015, Clément Courvoisier supervise désormais la direction des médias numériques (dirigée par Jean-Charles falloux) et la direction e-business (Vincent Kolb). Il a pour mission de conduire la transformation numérique des Echos. Dans une longue interview à Satellinet, il explique comment il voit son rôle de “CDO dans un média”, sa façon de faire travailler ses équipes et les projets numériques des Echos. Vous occupez depuis peu le poste de CDO et étiez auparavant éditeur du pôle finance & business. Quels sont les points communs et les passerelles entre ces deux fonctions ? Je suis arrivée dans le groupe Les Echos il y a deux ans et demi pour prendre en charge le pôle finance & business (Investir, Capital Finance, Les Echos Business, Les Echos Patrimoine, Les Echos Bilans Gratuits) et en gérer le développement éditorial, qu’il soit papier, web ou hors-médias. Et j’occupe en effet la fonction de directeur digital depuis quatre mois. De fait, dans un média, le quotidien d’un CDO n’est pas très éloigné de celui de l’éditeur. Les deux ont pour mission de mener à bien des projets à l’aide d’équipes pluridisciplinaires composées de journalistes, de professionnels du design, de la technique et du marketing. Loin d’être une matière prospective et abstraite, le digital est avant tout une affaire concrète de lancement et de gestion de projets. Comment définissez-vous votre rôle et le périmètre de la fonction de CDO ? Ma feuille de route est avant tout opérationnelle et consiste en premier lieu à gérer l’ensemble des développements digitaux du groupe Les Echos. C’est essentiellement un rôle de gestion de projets et de coordination qui me demande d’impliquer l’ensemble des services de l’entreprise. J’ai par ailleurs un rôle stratégique de digitalisation de l’entreprise. Le digital n’est pas un métier, mais un mode de fonctionnement et une culture du travail qui privilégient l’agilité, la transversalité, la rapidité d’exécution : comment faire en sorte que chacun des collaborateurs acquière ces réflexes et cet état d’esprit, et ce afin de faire évoluer l’ensemble de l’activité du groupe. Combien de collaborateurs composent votre équipe et comment la direction digitale est-elle organisée ? La direction digitale, qui rend compte directement au Comex, se divise en deux pôles d’activités : l’un est dédié aux médias et à l’innovation technologique (dirigé par Jean-Charles falloux) et l’autre a en charge l’e-business (dirigé par Vincent Kolb). Cette organisation reflète la particularité des Echos qui accordent une forte importance au développement des services aux entreprises. Ceux-ci représentent 25 % du chiffre d’affaires du groupe actuellement, avec pour objectif de faire des « Echos Solutions » la première plateforme multiservices en France. Au total, sur les 600 collaborateurs que compte le groupe, 50 travaillent à la direction digitale. Au-delà, 120 personnes travaillent au quotidien sur le web, chacune dans leur domaine d’expertise : la rédaction web dépend de la rédaction de même que le webmarketing dépend de la rédaction web. Les meilleurs experts sont les spécialistes métiers eux-mêmes. Notre rôle est de les accompagner et de favoriser une montée en compétences. Les projets digitaux qui se sont multipliés cette année sont autant de cas pratiques et concrets qui permettent de faire évoluer les collaborateurs. Quels projets avez-vous lancé ces derniers mois ? Le rythme est très soutenu. Par exemple la nouvelle plateforme de services à destination des entreprises, Les Echos Solutions, lancée en juin dernier, a mobilisé 120 personnes dans 10 business units différentes : Publishing, Events, Salons, Etudes, Formation, Annonces Légales, Marchés publics, Formalité, etc. Ces sites ont vocation à fournir l’ensemble des services dont une entreprise a besoin. L’objectif est de proposer 25 services en 2016 et 50 en 2018. Nous venons de lancer début septembre une nouvelle version de l’application mobile des Echos, baptisée « fusion » en interne, car elle réunit à la fois le fil d’information en continu « Les Echos Live », l’actualité hiérarchisée du site lesechos.fr et le journal en PDF. Nous avons également lancé il y a quelques jours la nouvelle application mobile dédiée aux Rencontres de l’UDECAM 2015 qui reprend le concept des « Echos Live » tout en organisant l’information différemment sous la forme d’un flux ante-chronologique de type Twitter. La sortie du nouveau magazine Les Echos WE, dans quelques semaines, sera accompagnée d’une nouvelle offre web dédiée à cet univers. Nous lançons aussi « Les Echos Start » ce mois-ci : cette offre média, web-first et responsive s’adresse aux jeunes actifs et aux étudiants. Enfin, nous ferons, en octobre, une refonte totale de la rubrique bourse des Echos en collaboration avec « Investir », sur le web et sur le mobile. Au total, nous avons relevé le défi de développer une dizaine de sites web et applications mobiles en moins d’un an. Pour atteindre une telle rapidité d’exécution, aux Echos nous avons mis en place une organisation agile et un management par projet. Comment se concrétise une organisation agile ? Nous sommes adepte de « l’agilité corrective », qui offre une plus grande vitesse de déploiement des projets. Nous nous inspirons des méthodes agiles à l’instar du « scrum » et du « devops ». Ces approches sont au cœur des process des champions numériques que sont par exemple Facebook ou Amazon, en développement permanent. Chaque semaine, par exemple, la homepage d’Amazon fait l’objet de micro-changements, quasi-invisibles pour l’utilisateur, mais qui permettent à l’interface d’évoluer pour être au plus près des besoins et des usages. L’analytics joue ici un rôle clé. Nous suivons de très près les indicateurs de performance. C’est une règle en interne : tout projet comporte un indicateur de performance qui doit être mesuré (taux de clic, de rebond, d’ouverture, etc). En matière d’évaluation, la data fait foi. Quelle est la clé du succès d’un projet digital, selon vous ? Le facteur temps est le plus important. Aujourd’hui, 30 % de l’audience provient du mobile et ce chiffre grimpera bientôt à 50 %. Les usages migrent à une vitesse folle. Si l’on met un an à mener à bien un projet, on prend le risque que l’idée initiale soit obsolète. C’est pourquoi la gestion du temps est draconienne. Pour cette raison, nous fonctionnons sur un mode horizontal et pluridisciplinaire pour favoriser de très courts cycles de décision. S’il est important que les membres de la direction partagent une même vision globale, ce sont ensuite de petites équipes autonomes de maximum cinq personnes qui conduisent les projets en mode commando. Chacune d’elle rassemble des compétences en marketing, en webdesign, en développement informatique et en journalisme. Le fait de constituer des équipes-projets très resserrées permet de résoudre rapidement les conflits éventuels : si désaccord il y a entre deux de ses membres, il se règle à chaud dans le cadre de relations informelles, et non trois mois plus tard au comité de direction au risque de bloquer le projet. Cela participe de « l’agilité corrective » que j’évoquais précédemment. Enfin, la réussite en matière de conduite d’un projet digital tient aussi à l’implication en amont de l’ensemble des métiers concernés, et ce dès le début des projets. Des points d’étape hebdomadaires entre la direction digitale et la rédaction en chef ont également lieu chaque semaine. De quels partenaires technologiques vous entourez-vous pour mener à bien cette digitalisation du groupe ? Pour nous accompagner, nous sélectionnons des structures très agiles sur une compétence précise : SDV pour le développement technique, Kreactive pour la partie mobile, Ezakus et Weborama pour la data, ou bien encore Toucantoco, spécialiste de la datavisualisation. Où en est aujourd’hui la digitalisation du groupe ? Elle est très avancée. Nous avons adapté l’organisation et les produits éditoriaux aux usages. Avec huit lecteurs sur dix qui consultent les Echos via le web, le mobile et la tablette, les Echos sont la première marque de presse digitalisée en France. Un abonné sur trois est exclusivement digital. En interne, afin de gagner en cohérence, en qualité, et en vitesse de développement, les services web ont été complètement intégrés aux métiers. La rédaction est 100 % bimédia ainsi que la fabrication. Et les résultats sont là : grâce à la montée des abonnements digitaux, Les Echos connaissent aujourd’hui leur plus forte diffusion depuis dix ans. Au total, 25 % du chiffre d’affaires du groupe est réalisé sur le digital. Les Echos en chiffres Le groupe Les Echos a généré environ 149 millions d’euros de revenus en 2014, avec un résultat opérationnel courant légèrement positif, soit environ 200 000 euros. C’est la première fois depuis 2008. Le chiffre d’affaires est en hausse. d’environ 5 %. En 2013, le groupe avait perdu 2,8 millions d’euros. Sur les 149 millions d’euros de revenus, près de 35 millions (soit 24 %) proviennent du numérique (abonnements et publicité) et des services (salons, conférences, annonces légales…). Au niveau groupe, la publicité en ligne représente environ 10 millions d’euros et les abonnements (papier et numériques) environ 45 millions d’euros. Concernant les abonnements digitaux, le titre Les Echos possède un peu plus de 26 000 abonnés purs numériques. Transformation numérique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Confidentiels Les Echos prépare une grande conférence européenne sur les start-up Les Echos lance Start, nouveau média dédié aux 20-30 ans Les Echos lance une plateforme de services aux entreprises avec un budget de 4 M€ Pourquoi Les Echos se rapproche du Parisien Le Groupe Les Echos réorganise sa direction numérique et nomme Clément Courvoisier directeur des activités digitales essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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