Trace : lancement d’une plateforme de SVOD en 2016

A l’occasion de sa conférence de rentrée, le groupe audiovisuel français a dévoilé plusieurs projets numériques, dont une plateforme de SVOD dédiée aux divertissements urbains.

La SVOD continue à gagner du terrain. Selon la dernière étude Deloitte Digital, le marché a connu une croissance de 23 % en 2014 pour atteindre 833 millions d’euros. Les groupes audiovisuels entendent bien ne pas laisser les spécialistes comme CanalPlay ou Netflix – 900 000 abonnés en France selon les estimations du cabinet NPA Conseil – en profiter seul.

Après M6, avec son Pass, TF1 avec TFou Max en janvier 2015 et Gulli avec Gulli Max annoncé en 2014, Trace, qui édite quatre chaînes de télévision (Trace Urban, Trace Tropical, Trace Africa et Trace Toca), spécialisé dans l’actualité des cultures urbaines, se lance à son tour.

Le groupe audiovisuel compte 100 000 abonnés sur Free en France et 160 000 via le bouquet africain de SFR. Au total, il revendique que 10 millions de personnes accèdent à ses chaînes en France, et autant en Afrique.

Trace Play

Le 10 septembre, son fondateur Olivier Laouchez a en effet profité de sa conférence de rentrée pour annoncer le lancement en 2016 de Trace Play, présentée comme la première plateforme de SVOD dédiée aux divertissements urbains.

« Nous devons être au plus près des nouvelles habitudes de consommation médias de nos cibles, qui ont entre 15 et 34 ans, et sont en train de migrer vers les plateformes numériques », estime-t-il.

Le catalogue annoncén qui pourrait compter 5 000 heures de contenus dès le lancement, proposera des formats variés : musique, fiction, éducation, information… « Nous n’avons pas vocation à être généraliste, plutôt à proposer des contenus avec un filtre urbain pour la jeunesse qui s’intéresse à cette culture et aux 15-34 ans d’origine africaine et caribéenne mal servis par les grands médias traditionnels ».

Pour nourrir son catalogue, le groupe investira dans la production de contenus originaux, avec d’abord le film Le gang des Antillais, avec Mathieu Kassovitz et Romane Bohringer, dont la sortie en salles est prévue à l’automne 2016.

En février 2014, le spécialiste suédois de l’entertainment Modern Times Group (MTG, 1,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013) a acquis 75 % de l’éditeur de chaînes thématiques, dont le chiffre d’affaires pour 2015 devrait atteindre 25 millions d’euros, en hausse pour la huitième année consécutive.

Le management conserve 25 % du capital. Cette acquisition a valorisé Trace 40 millions d’euros. La société, qui compte 125 personnes dans plus de 20 pays, est bénéficiaire depuis huit ans.

Investissement

Trace Play sera d’abord lancée en France – où la société vise 200 000 abonnés en trois ans – et en Afrique, avant un déploiement au Brésil, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ce lancement fera l’objet d’un investissement de 10 millions d’euros, dont la moitié sera consacré à l’achat des contenus, un quart aux développements techniques, et le dernier quart au marketing.

Le groupe est en discussion avec plusieurs fournisseurs d’accès pour intégrer son offre dans leur box. La chaîne sera en outre disponible sur les OTT (« over the top ») via une application.

S’il ne communique pas encore sur le prix des abonnements, Olivier Laouchez assure qu’ils seront « beaucoup moins chers que les offres actuelles. Nous avons une culture du low-cost, car notre public est jeune et nous pourrons nous appuyer sur notre réseau (Trace est présent dans 15 pays africains, ndlr) pour amortir les coûts. »

Stratégie de niche

Alors que les généralistes peinent à se faire une place en France aux côtés du duo formé par les leaders Netflix et CanalPlay – Juke a par exemple jeté l’éponge en juin dernier – « il y a une vraie place à prendre pour les offres très spécialisées avec un abonnement bon marché », analyse Philippe Bailly, président de NPA Conseil.

 Trace se lance aussi dans le mobile

Le groupe audiovisuel a aussi lancé, mi-septembre, une offre de téléphonie mobile, Trace Mobile, en Afrique du Sud, en partenariat avec l’opérateur Cell C et la maison de disque Universal. « La quasi-totalité de nos cibles passent plus de temps sur le téléphone que sur la télévision et la radio. Il était donc très important d’y être présents », explique Olivier Laouchez, le PDG de Trace.

En plus des services classiques de voix, de data et de SMS, les abonnés auront accès à une application musicale développée avec Universal, des jeux vidéos, un service de dating ou encore des concours de détection de talents.

De plus, grâce à un partenariat avec Facebook et WhatsApp, Trace ne facturera pas à ses abonnés les données consommées sur ces deux applications. Objectif : un million d’abonnés en 3 ans en Afrique du Sud, puis un déploiement progressif au Cameroun, en Côte-d’Ivoire, au Nigeria et au Kenya.