Eyeo organise un “Camp David” européen sur l’adblocking le 2 février à Londres

Le Geste, qui rassemble en France les éditeurs de contenus et de service en ligne, a reçu fin 2015 une invitation envoyée par Eyeo, créateur d’Adblock Plus, pour “débattre en vue de la création d’un comité destiné à gérer la définition de la publicité acceptable”. L’invitation a été adressée à Emmanuel Parody, son secrétaire général. Eyeo souhaite en effet organiser une concertation avec l’ensemble des professionnels du secteur, mardi 2 février à Londres, pour ce qu’il appelle un “Camp David Europe”, du nom des accords de Camp David, signés en 1978 et constituant le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, l’Egypte.

Les critères de la “white list” au centre des débats

L’objectif, donc : “débattre” en vue de la création d’un comité destiné à gérer la définition de la “publicité acceptable”. C’est cette publicité acceptable que Eyeo laisse passer au sein de la white list de son adblocker, en étant seul juge pour déterminer quels sont les formats acceptables – “qui respectent la navigation de l’internaute” – des autres. Les professionnels critiquent cette attitude autant que son modèle économique, sans pour autant faire confiance à Eyeo et accepter de discuter des critères de la white list. Depuis six mois, Eyeo tente d’amorcer des discussions pour légitimer son activité, d’autant qu’elle fait payer aux plus gros acteurs (Google, Outbrain…) leur présence sur cette liste. Pour cette réunion à Londres, la société a invité “des représentants des éditeurs, des annonceurs et du secteur publicitaire, des groupes à but non lucratif et des créateurs de contenu (des journalistes) de niveau européen”, indique à mind-Satellinet Ben Williams, PR manager de la société. Eyeo espère réunir une trentaine de personnes. Parmi les invités donc, le Geste, qui depuis dix-huit mois a toujours refusé de rencontrer Eyeo et les autres fournisseurs d’adblockers afin de ne pas donner crédit à leurs outils et leur modèle économique. Ce lundi 11 janvier, le Geste campe sur ses positions et affirme décliner officiellement l’invitation. Curieusement, au même moment, ni l’IAB France, ni le SRI, ni l’UDA n’avaient encore été invité, ni l’IAB Europe, selon les réponses recueillies par mind-Satellinet. La WFA, l’association des annonceurs en Europe, affirme en revanche avoir été sollicitée. “Mais nous n’avons pas l’intention de nous y rendre, déclare son CEO, Stephan Loerke. Nous sommes en faveur d’un dialogue pour définir des standards de bonnes pratiques en matière de pub digitale, mais nous pensons que ce dialogue doit être mené au niveau interprofessionnel pour être réellement utile.” Si presque toutes affirment officiellement ne pas pas avoir été invité ou ne pas vouloir discuter avec Eyeo le 2 février, difficile de savoir si parmi ces associations certaines préfèrent rester discrètes sur leurs intentions réelles, de peur là encore de cautionner la pratiques de l’adblocking et les fournisseurs.

Les annonceurs britanniques seront présents

Seule l’ISBA, l’association des annonceurs au Royaume-Uni, confirme officiellement sa présence. “Nous irons, mais avec beaucoup de prudence et de réserves, indique Hicham Felter, responsable de la communication de l’association. Non pas pour collaborer, mais pour écouter et apprendre. Il est essentiel pour nos membres de tout connaître sur ces questions pour éviter ou diminuer la menace du blocage des publicités. Les utilisateurs d’internet ont besoin de comprendre que la plupart des contenus qu’ils apprécient n’existeraient pas sans publicité. Nous devons donc parvenir à un accord avec les utilisateurs d’adblockers pour tolérer un certain nombre d’annonces publicitaires. Et assister à cette réunion peut aller en ce sens.”