Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Technologies, usages, monétisation… la smart TV a-t-elle un avenir en France ? Technologies, usages, monétisation… la smart TV a-t-elle un avenir en France ? Alors que l’usage de la “smart TV” (ou téléviseur connecté) explose aux Etats-Unis, où de plus en plus de foyers la préfèrent à l’abonnement à un bouquet de chaînes câblées coûteux, en France les usages semblent encore extrêmement restreints. Peuvent-ils encore progresser ? Quel est le niveau de monétisation publicitaire ? Les réponses de Dotscreen, IfeelSmart, StickyADS.tv et France Télévisions. Par . Publié le 25 février 2016 à 14h51 - Mis à jour le 25 février 2016 à 14h51 Ressources F aute de mesure d’audience, il est difficile d’estimer les usages réels des télévisions connectés en France. Les chiffres portent davantage sur les équipements : selon le dernier baromètre GfK publié en février 2016, 21 % des téléviseurs achetées en 2015 étaient connectés, soit 1,45 million d’écrans, en progression de 5 % par rapport à 2014. L’année 2016 devrait voir encore une progression de ventes de ces téléviseurs grâce à de grandes échéances comme l’Euro de football et les Jeux Olympiques cet été. Mais cela ne dit rien de leur usage. “Nous préférons parler de téléviseurs ‘’connectables’’ plutôt que connectés. A partir du troisième quartile de prix, soit les modèles les plus chers, la télévision est forcément connectable, donc de fait les ventes de ces écrans progressent”, explique Michaël Mathieu, directeur des marchés de l’électronique grand public et des télécoms de GfK. Du côté de Médiamétrie, aucun indicateur concernant spécifiquement la smart TV n’est mesuré aujourd’hui. Malgré ce manque, l’ensemble des acteurs du secteur s’accordent pour reconnaître que l’usage de la smart TV est très limité et pâtit des offres de télévision reliée à internet proposées par les box opérateurs (qui équipent 77,8 % des foyers français, selon Médiamétrie) et ce pour un prix très abordable en France. La smart TV propose en effet des services que l’on peut parfois retrouver sur les box opérateurs : elle donne accès à un environnement d’applications d’éditeurs (comme Arte concert, Marmiton, Deezer, Spotify, etc.), et à certains services accessibles depuis la chaîne directement (changement d’angle de vue, retour en arrière, etc.) Une certaine progression des usages serait cependant observée. “Nous comptons plusieurs millions de vidéos vues chaque mois sur nos applications sur téléviseurs connectés ; l’usage a doublé en un an”, affirme Philippe Bourquin, directeur du développement et de la TV connectée chez France Télévisions, qui compte une vingtaine de services sur HBBTV et téléviseurs connectés, parmi lesquels Pluzz, France TV Info, France TV éducation, Ludo, Zouzou et des outils comme “Salto”, qui permet de revenir au début d’un programme en cours. Un contexte plus favorable ? Certains services spécifiques au téléviseur connecté semblent attirer une audience conséquente. “Ce qui se développe le plus, ce sont les offres de niches : des offres ethniques, religieuses, ou très locales… L’application de la chaîne catholique KTO TV, par exemple, marche bien, tout comme les offres de la PQR”, explique Stanislas Leridon, président de Dotscreen TV, qui a notamment développé les applications pour smart TV de France Télévisions, MyTF1 VOD, BeIn Sport, Deezer, Marmiton et Allociné. Et certains obstacles à la progression de la smart TV se lèvent : des écosystèmes au sein de grands OS se développent, comme Android TV, qui équipe 70 % des nouveaux téléviseurs connectés vendus. Cela simplifie la création d’applications sur l’ensemble des marques, de sorte qu’aujourd’hui, la création d’une application pour smart TV coûte entre 30 000 et 100 000 euros. De plus, des services comme Spotify, Netflix – ou dans quelques mois en France, Molotov.TV, qui ne sera présent sur aucune box opérateur – sont de nature à attirer les utilisateurs sur cet environnement. “Nous développons plus d’innovations sur le téléviseur connecté que sur l’IPTV, où les opérateurs doivent donner leur accord avant qu’on y installe un nouveau service. Un outil comme “Salto” ne fonctionne que sur téléviseur connecté”, explique Philippe Bourquin de France TV. Le groupe public prévoit d’ailleurs la sortie d’une nouvelle application de smart TV avant l’été, autour du sport. Une monétisation encore difficile En termes de monétisation, le marché de la smart TV semble également seulement émerger pour les inventaires pré-rolls et display. Chez StickyADS.tv, SSP et régie vidéo – qui commercialise notamment les applications de TV connectée de France Télévisions -, ce segment représente aux alentours d’1 % de ses revenus. “La smart TV n’est pas vendue seule mais intégrée à un package commercial global, qui inclut tous les écrans. L’audience est extrêmement minoritaire par rapport à l’IPTV”, indique Nicolas Mignot, country manager France & emerging markets de StickyADS.tv. Les prix des pré-rolls sont équivalents à ceux en IPTV (autour de 20 euros du CPM). “C’est dommage parce qu’il est plus facile ‘techniquement’ de monétiser un espace sur smart TV que sur IPTV, qui est un environnement beaucoup plus fermé. De plus, nous disposons de beaucoup plus de données sur smart TV : clics, taux de complétions, etc. Alors que sur l’IPTV les opérateurs ne partagent pas facilement ces indicateurs. En termes d’enrichissement par la donnée, la smart TV devrait logiquement être plus chère que l’IPTV”, explique Nicolas Mignot. Les opérateurs télécoms résistent L’une des difficultés réside dans la résistance des opérateurs télécoms, qui entendent ne pas perdre de terrain dans le domaine de la télévision. “Les opérateurs ne veulent pas vivre la même chose en TV que sur le mobile, où ils en sont désormais réduits à un rôle de tuyau”, explique Shy Shriqui, président d’iFeelSmart, qui a notamment développé une interface utilisateur pour intégrer le système d’Androïd TV dans la Bbox Miami de Bouygues. Avec Free, ils sont les deux opérateurs qui donnent accès aux services de la smart TV via leur box, ce qui leur permet de garder un certain contrôle sur son usage et, surtout, de récupérer de nombreuses données utilisateurs. “Quelques centaines de milliers d’utilisateurs se connectent à l’Android TV via la Bbox”, indique Shy Shriqui. Les opérateurs gardent également le contrôle en posant un cadre contractuel assez rigide aux éditeurs pour intégrer leurs produits à leur box, qui contraint notamment les accords avec les constructeurs. Conséquence : un grand groupe comme France Télévisions n’a pas d’accord avec l’ensemble des constructeurs sur toutes ses applications. Faut-il alors investir ce domaine ? “La question n’est pas de savoir s’il faut y aller, mais quand il faut y aller. C’est aujourd’hui un marché plutôt dirigé par les opérateurs, mais qui s’ouvre progressivement. Il y a des opportunités, certainement pas une audience de masse, mais nous vivons dans une hyper-fragmentation des audiences et des devices”, constate Stanislas Leridon (Dotscreen). La création d’un outil commun de mesure d’audience de la smart TV serait déjà une belle avancée pour le secteur. Télévision connectée Besoin d’informations complémentaires ? 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