Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Guillaume Dubois (BFMTV) : “Le payant devient l’un des métiers du groupe” Guillaume Dubois (BFMTV) : “Le payant devient l’un des métiers du groupe” Directeur général de BFMTV et vice-président de BFM Business depuis sept ans, Guillaume Dubois est l’un des artisans du succès de BFMTV. L’un des chantiers en cours porte sur l’intégration des offres avec Altice Média Groupe et SFR et l’accélération du numérique amorcée il y a un an. La convergence des médias est-elle inévitable ? Comment BFMTV doit-il se positionner face aux nouvelles offres de vidéo en direct ? Le groupe doit-il distribuer ces contenus sur toutes les plateformes ? BFM Business peut-il développer des offres payantes ? Par . Publié le 13 mai 2016 à 17h37 - Mis à jour le 13 mai 2016 à 17h37 Ressources Quel regard portez-sur la construction de l’offre numérique du groupe et particulièrement de BFMTV ? Pourquoi les groupes audiovisuels ont-ils plus de mal sur les nouveaux médias en France ? Il faut se remettre dans le contexte. En lançant BFTMV en 2005 – et sans vouloir être prétentieux -, nous avons lancé les chaînes d’information grand public en France – puisqu’elles étaient payantes jusque-là et avec une audience moindre – et l’information en continu telle que nous la connaissons aujourd’hui. Nous avons d’abord mis en place l’information en continu et à l’époque, les médias ne voyaient pas le numérique comme une alternative. Ce qui ne nous a pas empêchés d’être très bons sur le numérique où nous avons longtemps été précurseurs : BFMTV a par exemple été la première à installer le streaming sur les supports numériques (dès 2005), puis à lancer une application pour iPad dès son lancement en France début 2010. Aujourd’hui, sur le numérique, les médias audiovisuels sont effectivement derrière les titres de presse écrite. Il y a des raisons à cela : ils y ont mis plus de moyens et plus rapidement, et ils viennent de l’univers de l’écrit, qui est jusqu’à présent très proche des contenus en ligne. Concernant spécifiquement BFMTV, n’oublions pas que le groupe, même s’il s’est développé très vite, est relativement petit et récent : dix ans, ce n’est pas beaucoup pour un média. Nous avons donc choisi nos priorités pour assurer notre croissance. Entre 2005 et 2010, les profits de RMC et de BFM Radio ont permis de financer les projets de développement autour de BFMTV entre 2005 et 2010. Jusque-là, il n’y avait pas suffisamment de marché publicitaire en ligne permettant d’investir lourdement dans des contenus gratuits. Au fur et à mesure des années, le modèle du groupe s’est constitué et nous avons pu investir sur le numérique. Pourquoi n’y a-t-il plus de direction numérique centrale à NextRadioTV ? Le numérique bénéfice d’une certaine autonomie chez nous, au sein de Next Interactive. Les organisations autour des activités numériques des médias évoluent beaucoup, car les facteurs et les éléments de rupture sont fréquents, les modèles sont remis en cause. Nous nous sommes interrogés, il y a dix-huit mois, sur la meilleure organisation à mettre en place pour piloter le numérique, et Alain Weill a estimé qu’un véritable patron n’était alors sans doute pas nécessaire avec un centre décisionnel plus transversal, qui inclut notamment Damien Bernet (directeur général adjoint, ndlr) et moi-même. Mais cela n’empêche par le groupe de développer progressivement le numérique avec des investissements et des recrutements majeurs pour renforcer les équipes : Jean-Michel Salvator, en tant directeur de la rédaction de BFMTV.com, Christine Le Touche comme directrice du marketing numérique, Patrick Hurel comme directeur digital à la régie, Julien Mielcarek comme rédacteur en chef numérique, etc. NextRadioTV est maintenant intégré dans SFR avec Altice Media Group. La convergence des télécoms et des médias est-elle inéluctable ? Je ne sais pas si c’est inévitable et si c’est le le seul modèle possible, mais c’est notre projet de développement et c’est le pari fait par Patrick Drahi, Alain Weill et Michel Combes. C’est un projet d’entreprise à plusieurs années. Le rapprochement annoncé il y a quinze jours marque le début du processus, avec une échéance prévue par le rapprochement physique des équipes dans un an. Il y a évidemment une convergence tuyaux-contenus dans ce projet, mais nous allons également tester la convergence des contenus audiovisuels et écrits. C’est un pari de rupture, potentiellement révolutionnaire à la fois dans les offres proposées et dans la distribution de la presse écrite, qui a du sens. Cela correspond aux usages : les médias audiovisuels ont peut-être plus d’opportunités que les médias écrits puisque les contenus en ligne les plus plébiscités sont aujourd’hui les photos et les vidéos. L’objectif global est de figurer dans les trois premiers médias d’information en ligne en France en audience d’ici dix-huit mois. Cela offre des leviers de monétisation importants. “””L’objectif est de figurer dans les trois premiers médias d’information en ligne en audience en France d’ici dix-huit mois.”” Les nouveaux médias de diffusion vidéo en direct sont-ils une menace pour les chaînes TV ? Je ne le crois pas. Il faut avoir ces nouveaux acteurs en tête et regarder ce qu’ils font, voire utiliser leurs outils, car notre métier est de produire et diffuser de l’information au public : que ce soit sur un journal, une tablette, une vidéo en direct, ou… un mug connecté, peu importe le support, et Périscope, Snapchat et Facebook Live peuvent apporter quelque chose à l’information. Nous réalisons régulièrement des expérimentations sur les nouveaux médias, d’ailleurs. Mais je ne pense pas qu’ils constituent une menace pour les médias. Il y a cinq ans, certains observateurs expliquaient que les blogs allaient tuer les médias et les journaux… En fait, on a encore un grand besoin des marques médias et du professionnalisme des rédactions. A charge pour nous, médias, de ne pas être en décalage avec les usages des téléspectateurs, notamment les plus jeunes. Comment trouver l’équilibre entre la diffusion des informations à une large audience et leur monétisation ? C’est tout l’enjeu pour les médias et la raison pour laquelle il ne faut pas se précipiter sur chaque nouvel acteur qui arrive ou ceux déjà installés et qui proposent de révolutionner la distribution de l’information . La question du modèle économique ne peut pas être laissée de côté. Snapchat, par exemple, annonce une audience énorme avec des chiffres colossaux de vidéos vues (10 milliards de vidéo revendiquées par jour, ndlr), mais pour quelle qualité ? Ce sont souvent des contenus anecdotiques postées par les utilisateurs. Ce ne sont pas forcément des environnements où les médias peuvent s’exprimer, se développer et monétiser leurs offres facilement. L’univers BFMTV sera-t-il toujours positionné sur le gratuit ? Non. Nous ne sommes d’ailleurs déjà plus un groupe d’information totalement gratuite, puisque nous faisons partie d’un pôle média au sein de SFR qui construit des offres de sport. Les nouvelles chaînes TV que nous nous apprêtons à lancer, BFM Sport et BFM Paris, puis les cinq chaînes de sport dans l’univers de SFR, seront toutes payantes. Sans renoncer au gratuit, le payant devient l’un des métiers du groupe, et on ne s’interdit pas le lancement de nouvelles offres payantes dans l’univers de BFM Business, par exemple des lettres spécialisées, un métier déjà réalisé au sein d’Altice Media Groupe. C’est une réflexion, pas un projet. Convergence Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Comment l'adtech innove avec l'IA ? Protection et valorisation des contenus des médias : des discussions très laborieuses entre éditeurs et fournisseurs IA INFO MIND MEDIA - Les Échos veut faire un premier pas vers les contenus en anglais L’Apig et le SEPM fustigent le discours de Google concernant l’absence de l’AI Mode en France L'IA tient-elle ses promesses dans le marketing et l'achat média ? L’IA dans les rédactions : les exemples de l’AFP, Ouest-France et Humanoid Synthèse de l'étude mind Media-366 sur l’IA générative appliquée à la recherche, aux médias et à la publicité INFO MIND MEDIA - Yahoo lance un plan social en France pour se séparer de son équipe éditoriale Baromètre RECMA - mind Media : le bilan des gains de budgets en France depuis début 2025 Heikel Manai (France Télévisions) : “En matière d’IT, un dogmatisme 100% européen serait contre-productif” data Les baromètres, panoramas et chiffres sur l'évolution du marché Le classement des éditeurs français qui ont le plus d'abonnés purs numériques Les données récoltées par les acteurs de la publicité en ligne La liste des sociétés présentes dans les fichiers ads.txt des éditeurs français Les gains de budget des agences médias Opt-out : quels éditeurs français interdisent les robots crawlers de l'IA générative ? Le panorama des sociétés spécialisées dans les technologies de l’e-retail media La liste des outils utilisés par les équipes éditoriales, marketing et techniques des éditeurs français Le détail des aides à la presse, année par année La liste des CMP choisies par les principaux médias en France Digital Ad Trust : quels sites ont été labellisés, pour quelles vagues et sur quel périmètre ?