Loris Repellin (Havas Health) : “Jacques Paris, lancée il y a trois mois, a trouvé ses premiers clients”

Comment est structuré Havas Health ?

Loris Repellin. En France, Havas Health est organisé autour de quatre agences, qui sont aussi ses quatre expertises : Havas Life Paris, positionnée historiquement sur la communication du secteur de la santé, notamment les groupes pharmaceutiques ; Red Havas Health, spécialisée en RP et en influence ; Raison de santé, qui fait de l’éducation médicale et est en relation avec les experts ; et la dernière née, Jacques Paris, que nous avons lancée il y a trois mois, et dont nous voulons faire une agence créative spécialisée dans la santé, pour des clients santé, beauté et bien-être. Le tout est réuni sous une même direction et dans un même P&L, ce qui permet de combiner les expertises et de monter des équipes sur-mesure. Au niveau mondial, c’est un peu différent. On retrouve Life, Jacques, et Lynx qui est positionnée sur la communication digitale en santé. Lynx est pour l’instant implantée uniquement au Royaume-Uni et aux États-Unis, car elle gère beaucoup de campagnes internationales. 

Vous avez lancé Jacques en 2024, d’abord à New York. À quels besoins répond ce nouveau réseau ?

Loris Repellin. Depuis le Covid, la santé est partout. Aujourd’hui, toutes les marques ont une stratégie et un discours santé, de Danone à Volvo, en passant par McDonald’s ou Decathlon. Nous sommes persuadés que le bien-être et la santé vont se retrouver dans l’ensemble des industries, car la prise de conscience autour de la santé et de la longévité touche tous les secteurs. Quel meilleur nom que Jacques (Séguéla), qui est pharmacien de formation, pour incarner cette promesse créative ? En France, l’agence a déjà des clients dans la cosmétique et dans l’optique, notamment.

Havas Health représentait plus de 22 % des revenus nets du groupe Havas en 2024. Ce poids du réseau spécialisé dans la santé est-il spécifique à Havas ? 

Loris Repellin. Oui en effet, la santé a toujours été un pilier stratégique pour Havas, c’est d’ailleurs l’une des trois grandes verticales du groupe, aux côtés de Havas Creative et Havas Media. Ce positionnement se traduit concrètement par un réseau Havas Health créé il y a plus de 30 ans, et composé aujourd’hui de plus de 7 000 collaborateurs dans le monde. Nous accompagnons de nombreux leaders du secteur comme Sanofi, GSK ou Novartis. La capacité du groupe à croiser les expertises et travailler en synergies entre nos différentes verticales est l’une des grandes forces d’Havas, et ce qui fait de nous un acteur incontournable dans l’univers de la communication santé.

Quelles sont vos synergies avec Havas Media ?

Loris Repellin. Comme je l’ai dit, Havas Media fait partie des trois grandes verticales du groupe. Grâce à la stratégie Converged d’Havas, mise en place ces dernières années, nous renforçons chaque jour l’intégration entre les expertises. En France, cette logique se traduit physiquement par une totale intégration au sein du Village Havas, où toutes les équipes travaillent dans le même bâtiment. Cette proximité favorise des synergies concrètes, notamment sur nos clients santé, que nous pouvons accompagner de manière globale, y compris sur leurs enjeux média ou de production.

Yannick Bolloré a annoncé lors des Cannes Lions que le groupe mettait le cap vers l’IA agentique. Comment allez-vous utiliser les agents IA chez Havas Health ? Quels sont les cas d’usage de l’IA dans le réseau ?

Benjamin Balcerak-Allen. Nous sommes convaincus que l’IA ne remplacera pas l’humain, mais que ceux qui l’utilisent remplaceront ceux qui ne l’utilisent pas. Nous faisons donc en sorte d’intégrer ces outils dans chacun de nos métiers : création, planning stratégique, média, account… Par exemple, certains usages sont une réponse aux délais de plus en plus courts pour répondre aux appels d’offres. La capacité de l’IA générative à mettre en image des concepts créatifs permet de réagir plus rapidement et en engageant moins de ressources, de positionner nos équipes créatives plus en amont sur la réflexion, la conception et l’idéation, et d’économiser un temps précieux sur la partie fabrication. 

Quelles sont les spécificités de l’activité santé pour un réseau d’agences ? 

Benjamin Balcerak-Allen. La complexité des cibles. Sur un seul et même produit, l’acheteur, le consommateur et le prescripteur ne sont pas forcément la même personne : le médecin prescrit, le pharmacien délivre, l’infirmier administre, et le patient est le dernier maillon de la chaîne. Cela entraîne des mécaniques très complexes à mettre en place. Et c’est aussi un marché très régulé en termes de publicité auprès du grand public, alors qu’il y a une grande capacité à s’informer sur le web. Il faut être impactant sur la créa, tout en sachant qu’il y a beaucoup de choses que l’on n’a pas le droit de dire. Cela rend le secteur très particulier. 

En termes de conjoncture économique, vos clients vivent-ils la même chose que les autres secteurs d’activité publicitaires ?

Loris Repellin. Oui, le secteur de la santé est lui aussi confronté à son lot de transformations, mais chez Havas les transformations sont synonymes d’opportunités. Si les investissements restent globalement solides, nos clients doivent composer avec un environnement en constante évolution : réglementation, processus d’accès au marché, politiques de remboursement… En Europe comme aux États-Unis, le cadre devient plus complexe. Cela dit, la santé reste une priorité sociétale majeure, et les marques de ce secteur continuent de communiquer pour renforcer leur impact, valoriser l’innovation ou accompagner les patients. Notre rôle est justement de les soutenir et d’apporter de l’agilité dans ce contexte mouvant.