Accueil > Médias & Audiovisuel > Quels titres ont bénéficié des aides à la presse en 2019 ? Quels titres ont bénéficié des aides à la presse en 2019 ? Le ministère de la culture a attribué près de 90 millions d’euros d’aides directes à la presse en 2019. mind Media a analysé ces chiffres pour détailler, titre par titre, qui a reçu quoi. Par Aymeric Marolleau. Publié le 06 juillet 2021 à 10h15 - Mis à jour le 15 novembre 2023 à 11h18 Ressources Article mis à jour le 7 juillet 2021 pour ajouter un graphique des 20 sociétés ayant reçu le plus d’aides, hors aides à la distribution, ainsi que des précisions sur l’évolution du fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) depuis 2018. Le 2 juin, le ministère de la culture a publié sur la plateforme data.gouv.fr deux classements attendus depuis longtemps : ceux des titres et des principaux groupes de presse aidés en 2019. Il a également mis à jour des documents distincts recensant les montants versés au titre du fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse (FSEIP), l’aide au portage, ou encore le détail des aides au pluralisme, famille par famille. En mai, la Lettre A a également trouvé et commenté un document recensant des chiffres plus complets par certains aspects. mind Media s’est appuyé sur ces différentes sources pour analyser les aides directes à la presse attribuées en 2019 (voir méthodologie). Le détail des aides à la presse, année par année 87,1 millions d’euros d’aides en 2019 Il ressort de ces documents que 335 sociétés ont reçu une aide à la presse en 2019, pour un montant total de 87,1 millions d’euros. Ces aides se composent à 20 % d’aides au pluralisme (17,2 millions d’euros), à 30 % d’aides à la diffusion (26,4 millions) et à 50 % d’aides à la modernisation (43,5 millions d’euros). Chaque famille se décompose à son tour en plusieurs sous-catégories. Quelles sociétés ont reçu le plus d’aides ? Étant donné que les aides à la distribution n’alimentent pas le compte d’exploitation des éditeurs (voir plus loin), nous avons réalisé un premier classement ne tenant compte que des aides au pluralisme, de l’aide au portage et des fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) et FSEIP. Bayard Presse (4,3 M€) , Libération (4,2 M€) et L’Humanité (3,3 M€), premiers bénéficiaires du fonds d’aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires, ressortent comme les trois principales sociétés aidées. Ils devancent Ouest France (3,2 M€) qui, outre l’aide au portage, a obtenu 1,1 million d’euros du fonds FSDP. 10 sociétés éditrices de titres de PQR et de PHR figurent dans ce top 20. En incluant les aides à la distribution, 19 sociétés ont reçu plus d’un million d’euros d’aides à la presse en 2019, avec un maximum de 13,7 millions d’euros pour Le Parisien. Dont 12,6 millions en aide à la modernisation de la distribution pour Aujourd’hui en France, l’édition nationale du Parisien. La société a aussi décroché 600 000 euros d’aide au portage, 250 000 euros au titre du fonds FSEIP et 170 000 du fonds FSDP. Si l’on ajoute à cela les 1,6 million d’euros reçus par Les Echos, le groupe Les Echos - Le Parisien a reçu 15,2 millions d’euros au total, soit un peu moins de 4 % de son chiffre d’affaires 2019 (environ 400 millions). C’est plus que les sociétés éditrices du Monde (1,8 % de son CA 2019) et du Figaro (1,1 %), mais bien moins que Libération (18,6 %, soit 5,9 millions d’euros d’aides directes pour 31,7 millions d’euros de CA en 2019), par exemple. Quatre sociétés éditrices de titres de PQN s’appuient en majorité sur les aides au pluralisme : Libération, Bayard Presse (La Croix), L’Humanité et Bey Médias (L’Opinion). Ces chiffres montrent aussi la forte dépendance de la PQR à l’aide au portage : 2,1 millions d’euros pour Ouest-France, 1,5 million pour Proximy, la filiale du Parisien spécialisée dans le portage de presse en Ile-de-France, 1 million pour Pyrénées Presse ou encore 1,2 million pour Le Dauphiné Libéré. Il est également à noter que la totalité des aides à la modernisation des diffuseurs de presse recensées dans le tableau du ministère identifié par la Lettre A, soit 3,8 millions d’euros, ont été attribués à Dif’presse, une centrale d’achat dédiée aux réseaux de presse, pour y présenter de “nouvelles familles de produits : jeux et jouets, confiseries, produits d’hygiène et de beauté… Selon societe.com, l’entreprise est entrée dans un plan de sauvegarde le 8 juin 2021. Deux types de projets de modernisation sont éligibles au bénéfice de cette aide depuis 2004 : les projets de modernisation de l’espace de vente (mobilier et équipement directement liés à la présentation de la presse, et les projets de modernisation informatique (matériels et logiciels adaptés à la gestion des produits de presse). Des aides à la distribution décorrélées des chiffres de diffusion L’aide à la distribution de la presse a été instituée en 2002. Elle s’adresse aux messageries de presse, aux quotidiens nationaux d’information politique et générale, ainsi qu’à certaines publications. Quoique désignée par le ministère de la culture comme une aide directe, elle est perçue par ces titres mais reversée entièrement à leur messagerie de presse. Notamment Presstalis jusqu’en juillet 2020 (remplacé par France Messagerie depuis sa liquidation judiciaire), qui a reçu, en direct, 850 000 euros d’aide à la distribution chaque année de 2012 à 2017. “L’indépendance des médias est un défi juridique mais aussi financier” Outre Aujourd’hui en France, cette aide a profité, selon des documents disponibles en open data, à sept autres titres en 2019 - Le Figaro, Le Monde, Libération, Le Journal du Dimanche, Les Echos, La Croix et L’Opinion - pour un total de 27 millions d’euros. En comparant les aides perçues avec leur chiffre de diffusion, la corrélation paraît peu évidente. Il ressort ainsi qu’Aujourd’hui en France (Le Parisien) a reçu 12,6 millions d’euros d’aide pour 35,3 millions de diffusion annuelle, tandis que Le Figaro et Le Monde, dont la diffusion est d’environ 101 millions, ont reçu respectivement 5 et 4,6 millions d’euros d’aides à la distribution. L’aide au portage profite surtout à la PQR Depuis 1998, les éditeurs qui livrent des exemplaires au domicile de leurs abonnés payants par d’autres moyens que La Poste peuvent solliciter une aide au portage. Un rapport ministériel préconise plusieurs aides pour développer la filière du podcast 124 titres en ont bénéficié en 2019, toujours selon des documents disponibles en open data, pour un total de 26,5 millions d’euros, dont près de la moitié pour des titres de PQR, 20 % pour la PQN et 16 % pour la presse quotidienne départementale. Avec 2,1 millions d’euros, Ouest France est le titre qui a perçu le plus d’aides au portage, devant Proximy, le réseau de portage du Parisien (1,5 million d’euros) et le Dauphiné Libéré (1,2 million d’euros). L’Humanité, Libération et La Croix premiers bénéficiaires des aides au pluralisme 280 titres ont reçu une aide au pluralisme en 2019, pour un montant total de 17,1 millions d’euros. Dans le détail, 49 publications nationales et quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires ont reçu 14,3 millions d’euros, dont 3,1 millions pour L’Humanité, 3 millions pour Libération et La Croix, et 1,1 million pour L’Opinion. 218 titres de presse périodique régionale et locale ont reçu 1,5 million d’euros. Le ministère de la culture précise que, depuis 1996, “le fonds d’aide à la presse périodique régionale et locale a pour finalité de favoriser la diffusion au numéro des titres de la presse régionale (...), dont le maintien est indispensable au pluralisme d’expression et à la cohésion du tissu économique et social”. Panorama des aides mondiales en faveur des acteurs des médias et de la communication Enfin, 13 titres ont reçu 1,4 million d’euros au titre du fonds d’aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces, institué en 1989. Ni le document trouvé par la Lettre A, ni ceux partagés par le ministère, ne donnent les détails quant aux aides au pluralisme aux services de presse en ligne et aux titres ultramarins. Le Ministère précise toutefois, pour certains titres, leurs chiffres de diffusion en 2019. Cela permet de rapporter les aides au pluralisme perçues au nombre de leurs lecteurs. Ainsi, sur le graphique ci-dessous, plus les points sont éloignés de la courbe, plus les aides au pluralisme sont décorrélées de l’importance du lectorat. Par exemple, L’Humanité a perçu 3,1 millions d’euros pour un peu moins de 10 millions de diffusion annuelle. À l'inverse, Le Petit Quotidien a perçu 10 000 euros d’aides au pluralisme pour une diffusion de 18,5 millions d’exemplaires. Le fonds FSDP amputé pour soutenir Presstalis Depuis 2012, le fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) permet d'accorder des subventions ou des avances remboursables aux projets des services de presse en ligne, des entreprises éditrices de presse imprimée et des agences de presse qui répondent à un certain nombre de critères. Après les graves difficultés rencontrées par la messagerie Presstalis en 2018, cette dernière, l’État et les coopératives des quotidiens et des magazines ont signé en mars 2018 un protocole pour transférer 9 millions d’euros chaque année, pendant quatre ans, des crédits du fonds FSDP vers l’aide à la distribution de la PQN. En contrepartie, les éditeurs membres de ces coopératives se sont engagés à ne pas déposer de dossiers au FSDP. En 2019, 104 titres de presse ou groupements de titres en ont bénéficié, pour un total de 10,4 millions d’euros, dont 910 000 euros pour Sud Ouest, 900 000 euros pour l’agence Gamma Rapho et 890 000 euros pour L’Est Républicain, Vosges Matin et Le républicain Lorrain. Le fonds FSEIP pour accompagner la transformation numérique Le fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse (FSEIP) a été créé en 2016 et rassemble trois formes d’aide. Premièrement, des bourses d’émergence visant à soutenir le lancement et le développement de publications ou de services de presse en ligne émergents. Deuxièmement, des appels à projets “programmes d’incubation médias émergents” permettant de développer, sur l’ensemble du territoire, des programmes dédiés aux médias émergents et aux fournisseurs de solution (technologiques, graphiques, commerciales…) destinées aux médias. Ils visent également à consolider ou à encourager la création de programmes d’incubation portés par les groupes de presse eux-mêmes. Troisièmement, des appels à projets “programmes de recherche et de développement” permettant de développer une expertise sur des thèmes au coeur des mutations du secteur (conditions de production de l’information, expérience utilisateur, monétisation des contenus auprès des utilisateurs…) et aux retombées positives sur les acteurs du secteur de la presse. 24 titres en ont bénéficié en 2019 pour un total de 2,1 millions d’euros, dont 18 bourses d’émergence de 50 000 euros maximum et six aides dédiées à des incubateurs : ceux de Challenges (401 000 euros), L’Humanité (316 000 euros), La Voix du Nord (228 000 euros), Paris-Normandie (226 000 euros), Le MediaLab93 (155 000 euros) et L’Âge de Faire (21 000 euros). Depuis 2017, 25 sociétés différentes ont reçu une subvention pour un projet d’incubateur, pour un montant total de 5,7 millions d’euros. Les aides attribuées au titre des programmes de recherche et développement ne figurent pas dans les documents que nous avons consultés. Quelle a été l'évolution des aides à la presse depuis 2012 ? Les 83,1 millions d’euros d’aide à la presse identifiés pour 2019 sur une série de documents de data.gouv.fr représentent une baisse de 5 % par rapport à 2018, et de 21 % par rapport au pic de 2014 (105,4 millions d’euros). Cette année-là, le fonds FSDP avait été attribué pour la première fois, totalisant 22,8 millions d’euros. De plus, les aides à la distribution et au portage avaient atteint leurs pics de la période 2012-2019. Il est à noter que les aides au portage au titre des années 2012 et 2013 ne figurent pas dans les documents en open data que nous avons consultés. Après avoir atteint 17 millions d’euros en 2017, les sommes allouées au fonds FSDP sont descendues à 9,2 millions en 2018 et 10,4 millions en 2019. Cela tient au fait que les graves difficultés rencontrées par la messagerie Presstalis en 2018 ont abouti à la signature en mars 2018 d’un protocole entre l’État, Presstalis et les coopératives des quotidiens et des magazine pour transférer 9 millions d’euros chaque année, pendant quatre ans, des crédits du fonds FSDP vers l’aide à la distribution de la PQN. Cela explique que cette dernière soit passée de 18,9 millions d’euros en 2017 à 27 millions en 2018 et 2019. Les aides au pluralisme des titres nationaux à faibles ressources publicitaires ont connu une lente progression, de 9,1 millions en 2012 à 14,3 millions en 2019, de même que les aides au pluralisme des titres régionaux et locaux, de 1,42 million en 2012 à 1,47 million en 2019. Les aides au pluralisme des titres locaux à faibles ressources en petites annonces sont en revanche restées inchangées, à 1,4 million d’euros. Explorez toutes les aides versées de 2012 à 2019 dans le graphique interactif ci-dessous : Méthodologie Notre étude se fonde sur plusieurs documents. D’abord, ceux publié le 2 juin 2021 par le ministère de la culture sur la plateforme data.gouv.fr : les classements des titres et des principaux groupes de presse aidés en 2019. Il y manque toutefois les montants versés au titre du fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse (FSEIP), à l’aide au portage, ou encore le détail des aides au pluralisme, famille par famille. Heureusement, ceux-ci sont disponibles, titre par titre, dans des documents distincts, disponibles sur data.gouv.fr, que nous avons également analysés. Nous nous sommes aussi partiellement appuyés sur un jeu de données identifié par la Lettre A sur data.gouv.fr en mai 2021, qui recense les sommes versées au niveau des sociétés de presse, et non pas titre par titre. Outre les données que nous avons restituées dans cet article, le document trouvé par la Lettre A comprend aussi des subventions accordées à l’Agence France Presse (AFP) : sept aides en numéraire pour un montant total de 124,6 millions d’euros entre janvier 2019 et décembre 2019 au titre des “compétences intérêt général AFP”. Nous avons aussi laissé de côté les deux aides en numéraire pour un montant total de 13,7 millions d’euros accordées au titre d’exonération de charges à l’agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS).Une erreur s’est glissée dans notre dossier ? Une remarque ? Une question ? Contactez-nous : datalab@mind.eu.com Aymeric Marolleau Aides à la presse Besoin d’informations complémentaires ? 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