Adblockers : les firewalls d’entreprise, l’autre problème des éditeurs et régies 

Les adblockers installés sur leurs desktop et mobiles par les internautes ne sont pas la seule facette du phénomène. Si le marché est désormais sensibilisé à l’adblocking mis en place par les internautes via des extensions, celui provoqué par les firewalls en entreprise n’est pas encore pris à sa juste mesure. Pourtant, les chiffres sont parfois élevés.

Selon la régie Dékalée, qui a analysé les pratiques des visiteurs de 58 sites éditeurs depuis juillet 2015, 3 à 5 % des utilisateurs d’adblockers français (il y a 30 % d’internautes équipés en France, selon une étude Ipsos pour l’IAB) naviguent sur internet depuis un ordinateur de bureau bridé par défaut par un firewall d’entreprise. Ces derniers sont particulièrement prisés par les services informatiques des grandes entreprises, notamment dans la banque et l’assurance.

Peu de marge de manœuvre pour les éditeurs

“L’objectif des DSI est de se prémunir de potentielles pertes de données sensibles”, explique Antoine Ferrier-Battner, fondateur de la régie Dékalée, qui développe l’outil d’analyse des adblockers AdBack. Cela pose un nouveau pro­blème pour les éditeurs et les régies publicitaires, sur lequel ils n’ont pas de levier d’action auprès des internautes.

Avec des systèmes informatiques souvent centralisés et verrouillés, les internautes concernés ne peuvent en effet pas désactiver leur firewall lorsque les éditeurs leur interdisent l’accès au contenu, comme s’y sont essayés fin mars plusieurs éditeurs en ligne français. “Il faudrait par exemple adapter le message envoyé à ces internautes, et mettre en place des dispositifs pour ne pas les frustrer”, estime Antoine Ferrier-Battner.

Inférieur à 5 % sur le site d’un grand média d’information national, le taux de firewalls d’entreprise parmi les utilisateurs d’adblockers peut monter à 15 % sur les sites de sport, et même à 20 % chez des éditeurs d’actualité économique et financière, ajoute-t-il, car ce sont des contenus que les salariés de ces grands groupes consultent beaucoup sur leur lieu de travail.