Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Alexander Klöpping (Blendle) : « Nous avons des discussions poussées avec de grands éditeurs français » Alexander Klöpping (Blendle) : « Nous avons des discussions poussées avec de grands éditeurs français » La plateforme néerlandaise Blendle, qui propose la vente d’articles de presse à l’unité, affiche de grandes ambitions. Soutenue par une levée de fonds de trois millions d’euros réalisée en septembre 2014 - auprès notamment du groupe Axel Springer et du New York Times -, la start-up vient d’annoncer son expansion internationale. Des partenariats avec 37 journaux ont été conclus en Allemagne, où le service sera lancé en septembre. Des discussions ont également lieu avec des éditeurs en France, dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. Le cofondateur et CEO de Blendle, Alexander Klöpping, 28 ans, détaille à Satellinet ses projets, sa vision du marché des médias en ligne et ses ambitions dans l’Hexagone. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 22 juin 2015 à 6h47 - Mis à jour le 27 août 2021 à 16h50 Ressources Comment fonctionne Blendle et qu’apporte cette plateforme aux lecteurs ? Nous offrons aux lecteurs une expérience premium, sans publicité et avec des systèmes de lecture personnalisés en fonction des journaux. Blendle fonctionne par un système de recommandation d’articles. Quand un utilisateur se loggue, il voit s’afficher plusieurs articles, tous payants, en fonction d’une série de critères. Il peut d’abord indiquer ses centres d’intérêt, comme la politique ou le people, et peut aussi suivre un média ou un journaliste en particulier. Nous avons également un système de recommandation basé sur ce que les « amis » sur Facebook, les abonnés sur Twitter ou même sur Blendle, ont apprécié. Nous proposons aussi à des utilisateurs qui sont spécialistes d’un sujet – un DJ, un journaliste spécialisé… -, d’avoir un accès gratuit à la plateforme, en échange de quoi ils indiquent quels contenus ils ont apprécié dans leur domaine et pourquoi. Enfin, nous avons une équipe de cinq journalistes chargés de faire remonter les articles qu’ils jugent intéressants. Au-dessus de chaque article suggéré, un court descriptif indique en quoi l’article présente un intérêt. L’utilisateur peut aussi parcourir le PDF des journaux et magazines partenaires, au nombre de 85 aux Pays-Bas, et y acheter les articles individuellement. Combien coûtent les contenus ? Le prix moyen d’un article est d’environ 30 centimes. Quand il s’inscrit, l’utilisateur se voit offrir 2,50 euros. Il doit ensuite renflouer son porte-monnaie virtuel pour acheter des articles. En un clic, l’achat est effectué. Nous croyons tellement en notre modèle que nous avons instauré un système de remboursement : si l’utilisateur n’est pas satisfait par un article qu’il a acheté, il peut demander à être remboursé en indiquant la raison. L’argent est alors automatiquement remis sur son compte. Dans les faits, 3 à 5 % des achats sont remboursés. Pour certains articles, en général les articles people, cette part peut monter à 15 %. Enfin, si un utilisateur abuse de cette fonction, nous pouvons la désactiver à titre individuel. Quels revenus les éditeurs en tirent-ils ? Nous ne le savons pas, car les éditeurs ne nous communiquent pas ces informations et nous n’extrayons pas ce type de données. Pour notre part, nous prélevons 30 % des revenus et notre chiffre d’affaires double tous les six mois. Les éditeurs gagnent aussi de nouveaux lecteurs : nous comptons 325 000 inscrits à Blendle aux Pays-Bas, dont 20 % ont renfloué leur porte-monnaie. Le nombre d’inscrits croît de 10 % chaque mois et deux tiers des utilisateurs ont moins de 35 ans. Un utilisateur renseigne seulement son email lors de l’inscription et il peut associer son compte Facebook : c’est de cette façon aussi que nous avons des statistiques sur nos utilisateurs. Que deviennent les données que vous récoltez ? Le New York Times et Axel Springer y ont-ils accès ? Non, le New York Times et Axel Springer sont des investisseurs et ils n’ont pas accès à ces données. Tous les éditeurs partenaires accèdent en revanche aux statistiques qui les concernent via un tableau de bord, qui indique la part d’utilisateurs qui ont renfloué leur compte via un de leurs articles, quels journalistes sont les plus populaires, combien de revenus a généré chaque article et chaque journaliste et des statistiques sur le lectorat. La société est-elle rentable ? Pas du tout et nous en sommes très loin. Blendle rassemble 52 personnes dont cinq journalistes, et investit à tout va pour s’étendre à l’international. En Allemagne par exemple, nous avons ouvert un bureau – avec une personne – et nous y prévoyons des embauches, notamment de journalistes. Si nous restions cantonnés aux Pays-Bas, nous serions sans doute rentables, mais ce n’est pas l’objectif. Nous ne cherchons pas à être rentables avant 2017. Axel Springer et le New York Times ont investi trois millions d’euros à eux deux pour nous permettre de nous étendre très rapidement à l’international sans nous soucier des aspects financiers. Pourquoi avoir commencé votre expansion internationale par l’Allemagne ? C’était une question d’opportunité. Nous ne nous lançons pas dans un nouveau pays tant que nous n’avons pas d’accord avec au moins deux tiers des grands magazines et quotidiens nationaux. En Allemagne les éditeurs se sont montrés intéressés plus rapidement qu’ailleurs. Aux Etats-Unis par exemple, nous avons déjà signé des accords avec le Washington Post, le New York Times, le Wall Street journal… soit avec la majorité des grands quotidiens, mais pas encore avec les magazines. Cet été, nous allons travailler à convaincre les magazines. La France est-elle la prochaine étape pour Blendle ? C’est la question qui nous occupe en ce moment. J’adorerais, mais cela dépend de tout ce que j’ai dit auparavant ! En tout cas nous discutons avec absolument tous les grands éditeurs français, et avec certains les discussions sont assez poussées. Il est trop tôt pour présenter d’éventuels éditeurs partenaires, mais nous souhaitons nous y installer rapidement. Nous discutons aussi avec des éditeurs en Espagne, en Italie et dans toute l’Europe. En France, vous risquez de vous confronter à de nombreux concurrents, parmi lesquels Onemoretab, MiLibris, I feed for U, Jolstore… Pensez-vous y trouver votre place ? Nous avons des concurrents partout. Cela ne me préoccupe pas car notre principal concurrent, c’est le gratuit. Je pense qu’à la fin, l’utilisateur souhaitera avoir accès à tous les contenus depuis une seule interface et ne pas avoir à jongler entre elles. En musique, Spotify et Deezer coexistent parce qu’elles ont toutes les deux un catalogue exhaustif. Non. Les éditeurs français sont curieux et les discussions avec eux ne sont pas plus difficiles qu’ailleurs. Le fait que nous ayons fait nos preuves aux Pays-Bas et que nous ayons gagné la confiance des éditeurs allemands aide certainement les discussions. Blendle va-t-il proposer des vidéos ? Nous attendons les propositions des éditeurs en ce sens. Pour l’instant, aucun ne nous en a fait la demande. Jean-Michel De Marchi Fonds d'investissement Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire EN BREF - La plateforme de vente d’articles à l’unité Blendle se lance en Allemagne Confidentiel – MiLibris va investir plusieurs millions d’euros pour créer une plateforme d’achat d’articles à l’unité JOL Press : lancement de la plate-forme de vente de contenus journalistiques à l’unité JOL Store Blendle : Axel Spinger et le New York Times investissent dans la société présentée comme le « iTunes de la presse » essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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