Alliances éditeurs, Offres payantes, SFR Presse, Google AMP, 6Play, France Info, Studio+… : verbatim de la conférence Les Echos

Mardi 28 novembre, les groupes Les Echos et Le Parisien organisaient une conférence sur les l’économie des médias dans leurs nouveaux locaux, dans le 15e arrondissement de Paris. Il a notamment été question de SFR Presse, Google AMP, Gravity, 6Play, France Info et Studio+. Verbatim.

Alain Weill, PDG de SFR Group : “Le modèle économique de SFR Presse n’est pas définitif”

La distribution de la presse : “SFR Presse est un grand succès, les lecteurs qui l’utilisent en sont très satisfaits. La lecture des journaux sur mobile est devenue une réalité, c’est un mouvement qui ne va plus s’arrêter, et nous en sommes moteur sur ce point. Mais le modèle économique n’est pas définitif, il faudra y réfléchir”.

Comment faire repartir à la hausse la courbe des abonnés ? “L’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché (Free, ndlr), a été douloureuse pour tous les acteurs en place. Il y a eu 5 000 départs dans le groupe. L’activité commerciale a souffert de cette transformation. Mais nous avons fait des efforts sur le réseau mobile, plusieurs milliards y ont été consacrés.”

Le groupe va-t-il continuer à investir dans les contenus ? “Nous avons investi pour plusieurs années dans la Premier League et la Champions League. On considère que c’est une opportunité et une chance pour le groupe. L’an dernier, le contenu a permis de palier certaines insuffisances commerciales, mais il doit plutôt faire croître le revenu par utilisateur, par exemple avec la pay TV (SFR Sport, Altice Studio). Allons-nous enrichir ces contenus avec la Ligue 1 ? Nous ne sommes pas aussi dépendant des contenus que Canal+ ou BeIN, donc nous ne sommes pas pressés.”

Matthieu Gallet, PDG de Radio France : “Nous devons réfléchir à l’agilité de nos structures”

“La question de la convergence se pose aussi dans le public. Nous devons réfléchir à l’agilité de nos structures pour s’adapter aux changements d’usage. La radio publique détient 100 % des droits de ses contenus, ce qui nous permet de développer des offres. Il faut par exemple que l’on crée des podcasts natifs.”

“Le bilan de la chaîne d’information France Info est positif sur le plan numérique, car nous avons vu une accélération de notre audience en réunissant nos deux offres. La prochaine étape, ce sera peut-être avec France 24, pour mieux valoriser ces offres. Le numérique sera un accélérateur pour concurrencer BFMTV.”

Dominique Delport, Chairman de Vivendi Content : “Plus d’un million d’euros investis par série sur mobile”

A propos de son offre de séries pour mobile Studio+ : “Nous sommes partis du constat qu’il n’existait pas de contenus premium sur mobile. Nous avons investi plus d’un million d’euros par série, à raison de dix épisodes de dix minutes, et plus de 35 millions d’euros au total en six mois. Nous avons créé des séries internationales, d’abord au Brésil, puis dans le reste de l’Amérique latine, en Italie et en France. Nous laissons les contenus et le marketing aux opérateurs télécoms : soit ils offrent le contenu à leurs abonnés, soit ils optent pour du soft-bundle. Si bien que nous avons 5 millions d’abonnés aujourd’hui, un chiffre en croissance. Nous allons accélérer avec des accords aux Etats-Unis dans les prochaines semaines.”

David Larramendy, Directeur général de M6 Publicité : “20 millions d’inscrits sur notre plateforme 6Play”

“Nous avons désormais 20 millions d’inscrits sur notre plateforme de vidéo en ligne 6Play. Les utilisateurs y passent 1h15 en moyenne lorsqu’ils la visitent. La consommation de nos programmes de télé réalité se fait pour moitié en direct à la télévision, et pour moitié en replay. Et la bascule de la publicité suit la bascule de l’audience, nous arrivons à maintenir les revenus.”

Etienne Gernelle, Directeur de la rédaction du Point : “La question de sortir de Google AMP se pose”

A propos de la dépendance des éditeurs aux plateformes : “Le risque existe, mais c’est nous qui en sommes responsables. Le médias traditionnels ont donné gratuitement un service qui était payant au début d’internet. Beaucoup de patrons de presse n’ont pas compris ce que ça voulait dire, ont fait n’importe quoi sur internet. Le modèle du Point, qui coûte cher à produire, car nous payons des journalistes et des enquêtes, ne fonctionne pas sur la gratuité. Nous avons besoin de marcher sur nos deux jambes, la publicité et la diffusion. En août, nos revenus issus de la diffusion digitale ont dépassé ceux issus de la publicité en ligne.”

“Google AMP nous apporte une audience significative, mais ne nous rapporte presque rien en revenus. La question d’en sortir se pose. Le modèle du Point, qui coûte cher à produire car nous payons des journalistes et des enquêtes, ne fonctionne pas sur la gratuité. Si nous devions nous contenter des revenus de Google AMP, nous aurions deux journalistes..Et encore… Le taux de rebond y est aussi trop élevé.”
(Pour rappel, Le Point a reçu entre 3 et 5 millions de visites par mois entre juin et septembre sur Google AMP, qui représente 28 % de son trafic web mobile. Lire sur notre site, ndlr)

Francis Morel, PDG des groupes Les Echos et Le Parisien : “Tous les éditeurs médias sont des nains”

A propos de Gravity : “Face aux acteurs américains, tous les éditeurs médias sont des nains. Quelle que soit la qualité de nos marques, on ne peut pas avancer seul, car chacun d’entre nous pris isolément ne touche que 5 à 10 % de la population française tous les jours ; c’est trop compliqué pour les annonceurs. La seule solution était de se regrouper. Nous annoncerons d’ailleurs de nouveaux membres à Gravity d’ici une quinzaine de jours.”

Benoît Cassaigne, Directeur exécutif de Médiamétrie : “Un standard commun de la data en France”

“Notre ambition est de mettre en place un standard commun de la data en France, mais nous n’allons pas tout faire d’un coup. Nous voulons d’abord nous attaquer aux cibles socio-démographiques, qui représentent encore 70 % des choix de data par les annonceurs. Les informations socio-démographiques de nos 60 000 panélistes sont déjà bien renseignées. Nos scientifiques s’assurent que l’on peut qualifier la data en la rapprochant des data socio-démographiques de nos panélistes. Et nous allons augmenter la taille de notre panel à 100 000 personnes.”

Propos recueillis par Aymeric Marolleau