Accueil > Médias & Audiovisuel > Abonnements en ligne > Blendle, onemoretab, JolStore, MiLibris… comment les kiosques de vente d’articles à l’unité veulent s’imposer en France Blendle, onemoretab, JolStore, MiLibris… comment les kiosques de vente d’articles à l’unité veulent s’imposer en France Par . Publié le 30 juin 2015 à 11h13 - Mis à jour le 30 juin 2015 à 11h13 Ressources Après la médiatisation du succès de cette start-up hollandaise, qui affirme avoir conquis 325 000 utilisateurs prêts à payer des articles à l’unité issus d’environ 80 publications (lire Satellinet n°250), plusieurs sociétés françaises ont annoncé se lancer sur ce marché en France. Quelles sont leurs ambitions ? Comment se différencient-elles ? Les éditeurs sont-ils prêts à participer à ces initiatives ? Eric Benites, cofondateur de onemoretab, Guillaume Rivron et Manuel Lahut, cofondateurs de I feed for U, Guillaume Monteux, président de Milibris, Christian Ciganer-Albeniz, président de JolStore ainsi que Pascal Pouquet, directeur des nouveaux médias au Figaro, dévoilent à Satellinet leurs projets, leurs objectifs et leur vision de ce marché en devenir. Contexte C’est une concurrence féroce qui se prépare sur un marché qui n’existe pas encore. Le marché de la vente d’articles à l’unité n’a pour l’instant démontré son potentiel qu’aux Pays-Bas, où la jeune société Blendle semble avoir réussi à conquérir, selon ses affirmations, 325 000 utilisateurs, dont un cinquième est âgé de moins de 35 ans. Après trois ans d’existence, elle revendique doubler son chiffre d’affaires tous les six mois (lire Satellinet n°250). Blendle vient de s’installer en Allemagne et assure avoir des discussions avancées avec de grands éditeurs français. Mais dans l’Hexagone, la start-up va faire face à de nombreux concurrents, aux modèles légèrement différents mais qui rêvent eux aussi de devenir « l’iTunes de la presse ». L’une des premières sociétés à avoir manifesté son intérêt pour ce marché est onemoretab, fondée en 2013 par Pierre Tisserant et Eric Benites. Elle souhaite associer articles gratuits et payants sur une même plateforme en promouvant une « lecture apaisée et des contenus premium, où l’on ne retrouve que des contenus à haute valeur ajoutée », explique Eric Benites. Elle prépare une levée de fonds comprise entre 400 000 et 450 000 euros, pour moitié auprès de la BPI et pour l’autre moitié auprès de business angels. « Avec ces fonds, nous allons recruter deux data-scientist, une personne chargée du marketing et deux développeurs », détaille Eric Benites. Un système de partage sur les réseaux sociaux donnera droit à des crédits supplémentaires pour accéder aux articles payants. Des levées de fondsde plusieurs centaines de milliers d’euros C’est également le modèle qu’a choisi I feed for U, dernière start-up à avoir annoncé se lancer sur ce marché. Elle élabore une plateforme avec des contenus payants et gratuits où l’utilisateur, loggé, se voit proposer des articles en fonction des thèmes qu’il a indiqué apprécier et ses consultations antérieures. « Cette recommandation est effectuée grâce à un algorithme développé avec des anciens chercheurs de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon », indique Guillaume Rivron, ingénieur et cofondateur de la plateforme avec Guillaume Lardillier, ingénieur également, et Manuel Lahut, journaliste. I feed for U est financé sur fonds propres depuis sa création en octobre 2014 et travaille sur une levée de fonds d’environ 200 000 euros auprès de business angels et de groupes de presse. Contrairement à ces deux start-up, Milibris a, elle, fait le choix du tout-payant. La société française spécialisée dans le développement et la commercialisation de services de diffusion numérique, très implantée parmi les éditeurs de presse, ne livre pas encore beaucoup de détails sur son projet dont le nom de code est « Milireads » et dans lequel elle a investi plusieurs millions d’euros (plus de détails sur Satellinet.fr). Il devrait cependant prendre la forme d’une application qui propose à la vente des packs d’articles de différentes sources et qui s’appuie sur un puissant système de recommandation baptisé Mindreader. « Notre plateforme sera à mi-chemin entre Blendle et Flipboard, avec une expérience de lecture intuitive, immédiate et élégante », indique Guillaume Monteux, président de Milibris. La sortie est prévue pour l’automne en France. Le projet devrait également être mis en ligne Etats-Unis où la société a ouvert un bureau. De son côté, JolStore souhaite se différencier grâce à un positionnement international. Sur sa plateforme, se trouvent des articles gratuits et payants, parmi lesquels ceux de l’agence de presse Chine Nouvelle, le Quotidien du Peuple, et Le Parisien, qui a renouvelé sa période de test de la plateforme, amorcée en mars 2015 jusqu’à septembre (lire Satellinet n°250). On y trouve des contenus mis en ligne par des journalistes eux-mêmes, ainsi que des articles universitaires. « Notre particularité par rapport à Blendle est que nous sommes multilingues : notre plateforme est en français, en arabe, en anglais et bientôt en mandarin. Et nous allons bientôt proposer des vidéos d’information », explique Christian Ciganer Albeniz, président fondateur de JolStore. Contrairement à tous ses concurrents, qui proposent de reverser 70 % des recettes de ventes à l’éditeur, comme iTunes avec les artistes, JolStore propose une autre option : l’éditeur souscrit un abonnement mensuel à 150 euros, mais perçoit 90 % des recettes générées par la vente de ses articles. Objectif : des dizaines de milliers d’utilisateurs En termes d’objectifs, JolStore vise plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs actifs , issus du monde entier d’ici la fin de l’année. « Nous nous appuyons sur notre sous-traitant Virtuelsys, qui nous fournit des outils de stockage et d’analyses de données. Pour accélérer notre développement, nous allons bientôt boucler une levée de fonds de 500 000 euros auprès de fonds d’investissement – sans doute fin août – et lancer une grande campagne de communication à la rentrée », indique Christian Ciganer Albeniz. I feed for U doit pour sa part compter 15 000 utilisateurs actifs pour atteindre l’équilibre, tandis que onemoretab vise 20 000 utilisateurs actifs, six mois après son lancement en septembre. « Sur la première année, nous visons 300 000 euros de chiffre d’affaires », indique Eric Benites de onemoretab. Enfin, Milireads vise 50 000 utilisateurs. « Nous avons investi plusieurs millions d’euros et recruté quatre personnes en plus du nouveau directeur général, Marc Auburtin, ex-PDG de la Provence », détaille Guillaume Monteux. Mais avant de pouvoir attirer les utilisateurs, ces projets doivent convaincre les éditeurs. Elles reconnaissent que c’est délicat et que la négociation avec les titres de presse n’est pas simple. « La plupart des éditeurs que nous rencontrons nous disent que notre plateforme est facile d’accès et développée techniquement, mais qu’ils ne souhaitent pas s’avancer avec l’un ou l’autre des acteurs pour le moment », explique Manuel Lahut. I Feed for U a convaincu La Manche Libre, Paris Normandie et 01net de mettre une partie leurs articles sur leur plateformes, mais souhaiterait convaincre deux titres nationaux de plus. Onemoretab affirme pour sa part avoir signé des accords avec une dizaine d’acteurs dans la presse quotidienne régionale, la presse quotidienne nationale et la presse magazine, mais la société ne communique pas leurs noms. Blendle indique avoir des « discussions poussées » avec des grands éditeurs, « mais nous ne nous lançons pas dans un nouveau pays tant que nous n’avons pas d’accord avec au moins deux tiers des grands magazines et quotidiens nationaux », indique le cofondateur Alexander Klöpping. Milibris indique de son côté avoir eu des « pré-accords d’éditeurs », sans dévoiler lesquels. Excepté Le Parisien qui met ses contenus sur JolStore pour une période de test pendant laquelle il récupère toutes les recettes des ventes, aucun quotidien national n’a cependant officialisé un contrat avec l’une de ces plateformes. Des éditeurs perplexes Ces sociétés bluffent-elles pour tenter de s’imposer plus vite ? Au Figaro, on assure n’avoir signé avec aucune de ces plateformes. « Nous les avons toutes rencontrés mais ce modèle a deux limites : le fait que l’audience sur nos contenus ne soit pas comptabilisée par l’OJD, et que la valeur créée est faible ; de quelques centimes seulement. L’intérêt pour nous serait probablement d’intéresser des populations qui se situeraient entre le consommateur d’informations gratuites et l’abonné, avec l’espoir de pouvoir exploiter les données. Selon moi, la différence se fera via l’accès à la data. Blendle est assez peu partageur en termes de données et exige d’atteindre un certain niveau de chiffre d’affaires pour y avoir un accès détaillé, tandis que les autres start-up ont un modèle plus malléable et pourraient potentiellement partager plus de données.», explique Pascal Pouquet, directeur des nouveaux médias au Figaro. Pour l’instant, le groupe s’en tient donc à une logique d’abonnement et de distribution de ses contenus sur ses offres numériques, mais affirme ne pas fermer les portes à de futures collaborations. Pour l’heure, aucun de ces projets de kiosques de vente d’articles à l’unité n’a véritablement émergé ni entamé de réelle campagne de communication. Selon Pascal Pouquet « il est peu probable que le marché soit assez important pour toutes ces sociétés. Le succès de ce type de plateforme ne peut être assuré que s’il y a une masse critique de contenus. Pour l’heure, tout le monde discute avec tout le monde et nous partageons nos réflexions et interrogations avec tous les éditeurs ». Kiosques en ligne Besoin d’informations complémentaires ? 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