Comment Advideum diversifie son offre de services aux éditeurs

Player, data, syndication… pour se repositionner dans un marché difficile, la régie publicitaire spécialisée dans la vidéo lance une filiale baptisée AdVideo Solutions.

Positionnée historiquement comme la régie vidéo des grands éditeurs de presse écrite, Advideum fait face à des difficultés depuis 18 mois. Certes les éditeurs développent leurs inventaires vidéo, mais internalisent de plus en plus leur commercialisation à son détriment, la concurrence des GAFA progresse et des choix extérieurs ont impacté son activité : certains formats phares développés par Advideum et qui généraient beaucoup de revenus, comme le MaxBrand TV (un large interstitiel vidéo qui s’affiche pendant la navigation sur le site), ne sont plus utilisés selon plusieurs éditeurs car jugés trop intrusifs. Son partenariat d’adserving et de SSP avec Liverail a pris fin, l’obligeant à changer de partenaire pour SmartAdserver en 2016 puis plus récemment, il y a quelques mois, pour Google. La société détenue par Prisma Media (Gruner+Jahr) assure toutefois avoir enregistré, en 2015, un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros et connu en 2016 une “croissance similaire à l’évolution du marché vidéo en France hors GAFA”, soit environ + 6 %, selon le 17e Observatoire SRI-Udecam.

Après plusieurs années de très forte croissance, son activité a ralenti. Pour réaffirmer sa valeur ajoutée, Advideum élargit son activité en créant, ce lundi 10 avril, une filiale, AdVideo Solutions, dirigée par Julien Lemaire, venu de RadiumOne (sa fiche LinkedIn). Avec cette structure, Advideum, qui revendique une couverture mensuelle de 40 millions de visiteurs uniques, grâce à un réseau de 350 éditeurs partenaires (dont Le Monde, Le Figaro, Groupe Prisma Media…), lance une suite de services destinée à tous les éditeurs, y compris ceux qui ne sont pas ses clients. Elle doit répondre à leur besoin d’une meilleure rentabilité de leur production vidéo.

Un partenariat avec SFR dans la data

AdVideo Solutions propose trois services. D’abord un player (de contenu), pour harmoniser les technologies, développé à partir de la technologie de Brightcove, “et proposé à moindres frais aux éditeurs”, selon Matthieu Le Cann (photo), directeur général d’Advideum. “À l’heure où la rapidité d’affichage est clé, c’est notre rôle de reprendre la main sur cet outil. Pour cela, nous avons un partenariat global avec Brightcove afin de rendre son player accessible à tous les éditeurs, même les plus modestes”, ajoute-t-il.

L’autre volet de l’activité de cette filiale concerne les données. Advideum a noué plusieurs partenariats : avec SFR, Nugg.ad – aujourd’hui détenu par Zalando et qui dispose à ce titre des data de l’e-commerçant –, Exelate et Weborama, afin de rendre accessibles aux éditeurs des données socio-démographiques. À partir de ces données, Advideum établira aussi un scoring qualifiant la qualité de la data et le reach des campagnes. Le troisième service d’AdVideo Solutions est une offre de syndication  : la régie crée une marketplace où les éditeurs pourront revendre leurs vidéos (avec un système de whitelist pour maîtriser les sites sur lesquels elles seront diffusées) et acheter des contenus pour renforcer des verticales.

Une stratégie axée sur l’expérience utilisateur

Ces trois solutions fonctionneront indépendamment l’une de l’autre mais pourront être utilisées en dans une solution unifiée “global for publisher”. Advideum ne communique pas sur les objectifs chiffrés de sa filiale mais indique que “l’activité de régie restera notre métier principal”. En 2016, Advideum a réalisé 70 % de son chiffre d’affaires grâce à ses formats instream et 30 % grâce à l’oustream. “Notre ambition va plus loin que ces nouvelles offres, c’est un changement radical : toute notre stratégie est maintenant axée sur l’expérience utilisateur. Nous voulons que la vidéo rende un service aux internautes et soit acceptée, par exemple en proposant uniquement des formats click-to-play”, souligne Matthieu Le Cann. D’autres développements sont prévus dans l’activité de régie, notamment sur l’écran de télévision.

Marion-Jeanne Lefebvre

et Jean-Michel De Marchi