Comment Euronews a produit une centaine de vidéos 360 avec le soutien de Google DNI

En février 2016, Euronews a obtenu un financement du fonds Google DNI pour faire monter en compétences sa rédaction dans la réalisation de vidéos à 360°. Un an et demi plus tard, Thomas Seymat, journaliste chez Euronews, en tire le bilan.

Origines

“Euronews s’est intéressé très tôt aux vidéos à 360 degrés, qui permettent d’immerger complètement les spectateurs dans une scène et de leur donner une multitude de perspectives sur un événement, comme des manifestations ou des rassemblements sportifs. Lorsque nous avons envoyé notre candidature pour une subvention à Google DNI (lire son fonctionnement sur notre site), en novembre 2015, peu de reportages 360 degrés avaient été publiés dans le monde, et il s’agissait surtout de formats très bien produits mais très chers, peu réactifs à l’actualité, dans des applications dédiées. Nous voulions prendre le contre-pied en intégrant ce format à l’intérieur de la rédaction pour faire en sorte que les journalistes du numérique et de l’antenne (300 journalistes permanents, sans compter les correspondants, ndlr) les réalisent sans faire appel à des sociétés de production externes.”

Dispositif

“Pour cela, nous avons mis en place un plan de travail dédié au journalisme immersif, afin de permettre à tous les membres de la rédaction, à la fois côté TV et numérique, de produire rapidement des vidéos 360. Nous n’avons pas mis en place d’équipe spécialisée, ni d’unité VR, mais avons adopté une approche transversale. Nous avons commencé par faire appel à un formateur externe, puis avons complété avec des formations internes afin d’évangéliser les journalistes et les autres départements de l’entreprise. Le workflow a été affiné en quelques mois, si bien qu’aujourd’hui nous pouvons briefer un journaliste en 45 minutes pour lui permettre de tourner en format 360. C’est important car, outre 300 journalistes permanents dans nos bureaux de Lyon, nous avons aussi des bureaux à Bruxelles, Athènes et Budapest, ainsi qu’un réseau de correspondants. Ce briefing leur indique les erreurs à ne pas commettre en tournage, où se positionner par rapport à la caméra, comment guider le regard des spectateurs… Nous avons aussi mis ces mois à profit pour affiner notre matériel. Il se compose d’une caméra légère, de trépieds très fins, dits “lumière”, et d’un smartphone. Le tout pèse moins de 5 kilos et coûte moins de 1 200 euros.”

Budget

“Le projet est entré dans la catégorie “Projets d’envergure” du fonds Google DNI (ce sont les projets les plus ambitieux, financés à 70 %, avec un budget plafonné à un million d’euros. En février 2016, Google avait attribué 408 168 euros en moyenne aux trois projets de cette catégorie en France, ndlr). Son financement a débuté en juin 2016 et s’échelonnera jusqu’en 2019. Cela a notamment permis de couvrir les frais de formations externes, l’achat du matériel, les heures consacrées à la réalisation de ces formats, les voyages sur le terrain, etc. Créer une application dédiée était trop onéreux. A chaque étape du projet, Google DNI réalise un audit éditorial et le cabinet PwC un audit financier. Nous devons rendre un rapport de ce que nous avons produit et faire le bilan des objectifs initiaux. Google verse les tranches de financement après la validation des rapports éditoriaux et financiers.”

Monétisation

“Nous avons conclu un partenariat de co-branding et d’exclusivité avec Samsung fin 2016. Nous avons notamment utilisé ses caméras et smartphones pour réaliser ces vidéos. Par ailleurs, nous avons inclus la vidéo 360 dans le catalogue des offres publicitaires du groupe. Nous allons par exemple réaliser des vidéos pour le salon du Bourget.”

Résultats

“Nous produisons environ deux vidéos par semaine. Plus de 100 vidéos 360 ont été tournées par une quarantaine de journalistes depuis juin 2016. Elles ont totalisé plus de 9 millions de vues sur notre site desktop et mobile, notre application mobile et tablette, YouTube et Facebook. Compte tenu de sa viralité, Facebook est la plateforme qui nous permet de réaliser le plus de vues avec ce format.”

Conclusion

“Sur la vidéo 360, nous n’atteignons certes pas les chiffres du New York Times et ne gagnons pas les prix que remporte le Guardian, mais nous avons contribué à faire d’Euronews un média innovant en Europe. Notre objectif désormais sera de faire quelques projets d’envergure et expérimenter la réalité augmentée.”

Aymeric Marolleau