Accueil > Médias & Audiovisuel > Relations avec les plateformes > Comment réussir sa demande de financement d’inovation Comment réussir sa demande de financement d’inovation Par . Publié le 17 mars 2017 à 13h55 - Mis à jour le 17 mars 2017 à 13h55 Ressources (Par François Defossez, CosaVostra) Après la fin du FINP, le Fonds pour l’innovation numérique de la presse, mis en place par Google en France ces quatre dernières années, comment aider à financer son innovation ? Pourquoi les dossiers sont-ils parfois refusés ? Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place ? Éléments de réponse avec François Defossez, COO de CosaVostra*, cabinet de conseil et agence digitale. Dans le contexte de mutation de la presse que l’on connaît, il est vital d’innover – en proposant de nouvelles offres, de nouveaux services… – pour survivre. Néanmoins, le succès d’une innovation étant par définition hasardeux, il est préférable de la faire financer tout ou partie par une aide extérieure. Mais il ne faut surtout pas penser en priorité “financement”, il faut penser “projet” : imaginez d’abord un concept qui colle à l’ADN de votre média ainsi qu’à votre communauté, et qui puisse potentiellement intéresser une audience plus large. La pire erreur serait de piloter un projet en fonction d’une subvention. Vous risquez un échec. 6 tendances à exploiter pour les médias en 2017 Big Data & analytics L’exploitation des données à grande échelle n’est pas réservée aux géants du digital, les éditeurs peuvent également en tirer partie, y compris les petits éditeurs. Mobile > Desktop En 2017, le web mobile (smartphone + tablette) représentera 75% du trafic internet global. API (interfaces de programmation) Avoir des API permet de faciliter et de contrôler la diffusion de son contenu. Un must pour les éditeurs. Objets connectés L’IoT engendre de nouvelles manières de consommer l’information. Aux médias de s’approprier ces tendances. Réalité virtuelle, réalité augmentée Les médias doivent être capables de proposer des contenus riches tels que la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Intelligence artificielle Après quelques expérimentations plus ou moins probantes en 2016, cette année signera la véritable montée en puissance des bots et de la “robot-rédaction”. Un nombre croissant de services en ligne rendent de plus en plus accessibles le machine learning et le deep learning. Comment financer votre projet A partir de ces tendances, vous avez une idée innovante, un concept bien rôdé ? Vous pouvez faire une demande de financement auprès de différents organismes. Voici les principaux utilisables en France. Le “fonds Google européen” au sein du DNI Au sein du programme DNI (Digital News Initiative), créé par Google début 2016, un fonds privé est accessible à tous, pour financer des projets originaux afin de soutenir un journalisme clair et citoyen et un contenu de qualité. Le DNI dispose de 60 millions d’euros à répartir sur 3 ans et sur 30 pays, ce qui en fait un fonds très compétitif et sélectif : seuls 10 % des dossiers sont retenus. Les heureux élus peuvent profiter d’une bourse allant jusqu’à 50 000 euros pour développer un prototype, ou d’un financement à hauteur de 70 % pour des projets medium et larges. Le plafond des financements est fixé à 1 million d’euros. D’après nos observations, les projets favorisés sont généralement ceux dits “collectifs”, c’est-à-dire les associations de plusieurs médias pour un même projet innovant : c’est par exemple le cas d’AMPize.me, un projet porté par La Nouvelle République, en collaboration avec plusieurs médias européens. Il s’agit d’une plateforme open source permettant aux éditeurs de concevoir des sites AMP complets à partir de leurs propres sources de données. Également soutenu par le DNI, SlateData est un baromètre mis en place par Slate.fr qui tend à créer une plateforme éditoriale de données, pour, notamment, mettre en place des classements et un baromètre sociétal. Le FSDP (Fonds stratégique pour le développement de la presse) Le FSDP est un fonds public du gouvernement français qui dépend de la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) et plus largement du ministère de la culture. Réformé par décret le 29 août 2016, il a vu ses taux de subvention augmenter, notamment pour les projets innovants, les projets collectifs et pour les médias de moins de 25 personnes. Le FSDP alloue environ 25 millions d’euros par an à la modernisation de la presse. Pour être éligible, il faut être reconnu service de la presse en ligne à la commission paritaire des publications et agences de presse, avoir la qualification IPG (information de politique générale) ou être vecteur d’information (accès au savoir, à la recherche scientifique, à la formation, être diffuseur de pensée, etc.). Les “capsules” de Planet.fr sont un beau projet financé par le FSDP : il s’agit de proposer un nouveau format éditorial, multi-format, multi-plateforme, qui sera disponible en permanence sur les sites de Planet.fr, sur les applications, mais également poussé plusieurs fois par jour sur les réseaux sociaux et via des alertes (desktop et app). Et son petit frère, le FSEIP Dans le cadre de la réforme du FSDP, un autre fonds a vu le jour. Il s’agit du FSEIP (Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse), qui propose une bourse pouvant aller jusqu’à 50 000 euros pour les médias de moins de 3 ans et de moins de 25 personnes. Prochain dépôt des dossiers en juin 2017. Le budget annuel de ce fonds est d’environ 2 millions d’euros par an. Les autres fonds Il existe un certain nombre de fondations qui, selon le projet, peuvent financer jusqu’à quelques dizaines de milliers d’euros. Parmi elles, on trouve la Knight Foundation (promotion de l’excellence journalistique), la Fondation Hippocrène (financement des projets jeunes, à savoir réalisés par des jeunes et/ou pour des jeunes), ou encore Open Society Foundations (financement des projets relatifs à la liberté de la presse). Concernant la production liée à l’évolution des contenus (nouveaux formats, contenus riches), le CNC (Centre national du cinéma et l’image animée) et la BPI France ont chacun un fonds d’aide aux projets pour les nouveaux médias. Quid du crowdfunding ? Ulule, KickStarter ont vu éclore de très beaux projets. Canard PC, pour n’en citer qu’un, a récolté 260 000 euros sur Kickstarter pour développer son site internet garanti sans publicité. On peut aussi citer une plateforme de crowdfunding moins connu, Patreon, qui permet le financement récurrent de projets, particulièrement bien adapté aux médias à épisodes. Certains podcasts comme le RDV Tech de Patrick Beja est ainsi financé à 100 % par ses lecteurs, à hauteur de 2 000 euros par épisode. Si les projets culturels sont toujours les plus nombreux à réussir sur les différentes plateformes, de plus en plus d’entreprises font appel à la contribution des internautes. C’est une pratique efficace, mais il faut garder à l’esprit que le crowdfunding n’est pas, en principe, un don et que les participants attendent une compensation. Aussi, il faut s’assurer de la rapide rentabilité du projet proposé. Le crowdfunding s’est professionnalisé en même temps qu’il s’est démocratisé ; pour sortir du lot, un accompagnement marketing est indispensable. Retour d’expérience Pour avoir accompagné plusieurs dizaines de médias dans leurs projets innovants, nous pouvons affirmer que certains blocages sont rédhibitoires à l’acceptation d’un dossier. En premier lieu, les éditeurs doivent s’assurer que leur surface financière est suffisante. Malgré l’apport du fonds, 40 à 60 % du projet resteront à leur charge. De même, un dossier “fourre-tout” ne sera jamais privilégié. Mieux vaut se concentrer sur un chantier technologique ou éditorial, dont la lecture est simple et la plus-value aisément perceptible.D’un autre côté, un projet aura plus de chances d’être sélectionné s’il est pragmatique, pertinemment dimensionné selon les capacités financières de l’éditeur, son ADN et son lectorat. Il en va de même s’il propose une innovation (pas nécessairement absolue mais relative), quelque chose de jamais vu a minima sur son secteur. Enfin, si la rentabilité est clairement identifiée (idéalement dans une fenêtre de 3 à 4 ans), les financeurs sont plus susceptibles d’être séduits. C’est le moment de se positionner La meilleure option pour les médias français est aujourd’hui le FSDP ; plus accessible que le DNI et plus avantageux financièrement que les autres fonds. Sa réforme, à l’été dernier, fait sérieusement pencher la balance en sa faveur. La date limite du dépôt des dossiers de la prochaine session (subvention de + de 75 000 euros) a eu lieu le 10 mars. C’est donc raté pour cette session, sachant de plus qu’il faut plus d’un mois pour faire un bon dossier (idéation, business plan, rédaction, maquettes). En revanche, pour la prochaine session de l’été c’est le moment de se lancer. Dans le cadre de son activité de conseil, l’agence digitale CosaVostra rassemble plusieurs experts et a déjà accompagné 20 Minutes, TF1, Society, L’Humanité, Altice… Google DNI Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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