Accueil > Médias & Audiovisuel > L'après-cookies > Directive droit d’auteur : près de 300 des 1 000 principaux sites d’information français ont déjà répondu favorablement aux nouvelles règles de Google Directive droit d’auteur : près de 300 des 1 000 principaux sites d’information français ont déjà répondu favorablement aux nouvelles règles de Google Depuis jeudi 24 octobre, en réaction à la directive droit d’auteur, Google n’affiche plus dans ses résultats de recherche que le titre des articles des sites français considérés comme “publication de presse”. A moins qu’ils n’ajoutent trois balises dans leur code HTML, et sans être rémunérés en contrepartie. Mercredi 23 octobre, mind Media a analysé les choix de plus de 1 000 sites d’information français : près de 300 d’entre eux se sont déjà pliés aux nouvelles règles, malgré les tergiversations qui ont agité l’interprofession ces dernières semaines. Par Aymeric Marolleau. Publié le 23 octobre 2019 à 16h52 - Mis à jour le 23 octobre 2019 à 16h52 Ressources Cet article est la mise à jour de celui que nous avons publié lundi 21 octobre, que vous pouvez retrouver ici. Six mois après l’adoption par le parlement européen de la directive sur le droit d’auteur contraignant les grandes plateformes à rétribuer les éditeurs de presse et les auteurs pour l’agrégation de certains contenus, deux mois après sa transposition dans le droit français et un mois avant son entrée en vigueur dans l’Hexagone, Google a précisé le 25 septembre la façon dont il entend l’appliquer. Le groupe a affirmé que quoiqu’il arrive il ne rémunérera pas les éditeurs pour leurs contenus présents dans ses résultats de recherche. Son algorithme de référencement ne changera pas, mais l’affichage des contenus sur le search classique, Google Actualités et Explore différera selon la volonté des éditeurs. En effet, Google affiche aujourd’hui par défaut les titres et aperçus des articles dans ses résultats de recherche. Qu’est-ce que la directive sur le droit d’auteur ? Le Parlement européen a approuvé le 26 mars 2019 la proposition de directive sur le droit d’auteur, qui contraint notamment les plateformes les plus importantes (celles d’au moins trois ans d’existence, ayant des revenus annuels supérieurs à 10 millions d’euros et plus de 5 millions de VU mensuels) à installer des dispositifs de filtrage des contenus pour prévenir leur piratage (nouvel article 17) et crée pour les éditeurs de presse un droit voisin donnant lieu à un mécanisme de rétribution (nouvel article 15). Elle a été transposée dans le droit français le 24 juillet 2019 par la promulgation de la loi n° 2019-775. A partir du jeudi 24 octobre, seuls les titres le seront, et ce sera aux médias d’indiquer aux robots d’exploration de Google s’ils souhaitent qu’une photo (“vignette”), un extrait vidéo ou un résumé (“snippet”) l’accompagnent, et la taille de chacun. Ce changement de régime ne concerne toutefois que les sites qui choisiront de continuer à être considérés par Google comme “publication de presse européenne”. Comment les éditeurs peuvent-ils techniquement indiquer leur choix ? A l’aide des “balises Meta”, inscrites au sommet du code HTML de leurs pages web, qui leur permettent depuis les débuts du web de donner des indications aux moteurs de recherche pour catégoriser leur contenu. A la quinzaine qui existent déjà (follow, index, noodp, etc.), Google vient d’en ajouter quatre : no-snippet, max-snippet, max-image-preview et max-video-preview (voir notre encadré). Quelles sont les quatre nouvelles balises Meta introduites par Google ? “Nosnippet” permet d’indiquer à Google de ne pas afficher d’extrait ou d’aperçu de vidéo de cette page dans les résultats de recherche. Une miniature statique (si disponible) restera visible. “Max-snippet: [nombre]” permet d’afficher un extrait textuel faisant au maximum [nombre] caractères. Choisir la valeur 0 permet d’empêcher Google de montrer un extrait textuel. La valeur -1 lui indique qu’aucune limite de caractères spécifique ne doit être prise en compte. “Max-image-preview:[setting]” permet d’indiquer la taille maximale des aperçus de format “image”. La variable [setting] peut prendre trois valeurs différentes : none (aucun aperçu d’image ne sera montré pour la page), standard (affichage d’un aperçu image par défaut) et large (une image de plus grande taille peut être montrée, jusqu’à atteindre la largeur entière du viewport). “Max-video-preview:[nombre]” permet d’afficher, pour les vidéos présentes sur une page web, un aperçu au format vidéo qui dure au maximum [nombre] secondes. Si l’éditeur choisit la valeur 0, un aperçu au format image pourra être utilisé. -1 ne limite pas la longueur de l’extrait. Dans les quatre cas, tous les formats de résultats de recherche sont impactés : résultats classiques, Google Images, Discover et Assistant. Néanmoins, les données structurées et les accords passés avec Google l’emportent sur les balises “max-snippet” et “max-image-preview”. Tous les détails sur le site de Google. Une quarantaine d’éditeurs majeurs ont déjà actionné le nouveau dispositif de Google A la veille de l’échéance du 24 octobre, mind Media a voulu savoir quels sites média français ont accepté d’autoriser Google à reprendre une partie de leurs contenus, de leurs images ou de leurs vidéos sans contrepartie. Pour cela, nous avons étudié mercredi 23 octobre le code HTML de la page d’accueil de 1 054 d’entre eux (services de presse en ligne, acteurs de l’audiovisuel et sites d’infotainment. La liste est ici). Premier constat : 292 sites avaient adopté, mercredi 23 octobre en matinée, l’une des nouvelles balises Meta, soit un peu plus d’un sur quatre (27,7 %), soit 42 de plus que le 21 octobre. Quelques biais méthodologiques sont à noter. Premièrement, certains de ces 1 054 sites ont pu indiquer à Google ne pas vouloir être considérés comme “publication de presse européenne”. Dans ce cas, le moteur de recherche continuera d’afficher les titres et aperçus de leurs articles, sans qu’ils aient à introduire les nouvelles balises dans leur code HTML, et nous n’avons pas de moyen de le savoir. Deuxièmement, au lieu d’inscrire ces balises dans leur code HTML, certains ont pu préférer les inclure dans un en-tête HTTP. Nous ne les avons pas pris en compte. Nos chiffres peuvent donc être en-deçà de la réalité. “Max-snippet” est la balise la plus représentée (292 sites) devant “max-image-preview” (286 sites) et “max-video-preview” (267 sites). Aucun n’a intégré “nosnippet” sur sa page d’accueil. Nous avons affiné l’analyse en nous intéressant plus spécifiquement aux 232 sites reconnus par la Commission paritaire des publications et agnces de presse (CPPAP) comme éditeurs de presse en ligne (SPEL) d’information politique et générale (IPG). 36,6 % d’entre eux ont adopté ces balises. Selon nos constats mercredi matin, une quarantaine d’éditeurs d’information majeurs français en sont. C’est notamment le cas du groupe Le Monde (lemonde.fr, temprsreel.nouvelobs.com, huffingtonpost.fr…), du groupe Figaro (lefigaro.fr), du groupe Amaury (lequipe.fr), de Libération, 20 Minutes, Prisma Media (capital.fr, gala.fr, voici.fr…), Webedia (jeuxvideo.com, purepeople.com…), CCM Benchmark (commentcamarche.net, journaldunet.com…), le Groupe Les Echos-Le Parisien (lesechos.fr, leparisien.fr), Lagardère (europe1.fr, lejdd.fr, parismatch.com), L’Express, etc. Parmi les absents à date, on peut noter France Télévisions, Aufeminin (TF1), Marie Claire, Nice Matin, Le Point, Mondadori France et Reworld Media, ou encore le groupe M6. En tout, une cinquantaine d’éditeurs majeurs manquent encore à l’appel, du moins selon notre méthodologie. >> Consultez sur notre site la base de données réunissant les choix de tous ces éditeurs. << Que dit le code HTML des 1 054 sites analysés ? Balise par balise, quels choix ont-ils fait ? Parmi les 292 qui autorisent Google à reprendre un extrait textuel de leurs contenus, 253 ne lui donnent aucune limite de taille. Ce qui signifie que 39 lui en imposent une, allant de 16 caractères (constructioncayola.com, environnement-magazine.fr) à 450 (santelog.com). Parmi les 286 sites qui autorisent Google à reprendre une image pour illustrer leurs contenus, 249 ont opté pour la plus grande option, 37 pour la taille standard (dont lemonde.fr, voici.fr ou encore larep.fr). Enfin, parmi les 267 qui laissent Google reprendre leurs extraits vidéos, 210 ne lui donnent aucune limite de temps, contre 53 qui lui en donnent une, allant de trois secondes (dont les sites du groupe Le Monde, de Radio France et de Centre France) à 30 secondes (dont les sites de Condé Nast International gqmagazine.fr et vogue.fr). >> Consultez sur notre site la base de données réunissant les choix de tous ces éditeurs. << Retrouvez dans nos tableaux le détail des choix des principaux éditeurs qui ont déjà adopté ces balises : La profession tergiverse Comment les éditeurs réagissent-ils aux nouvelles règles imposées par Google ? Difficile à dire, tant les discussions au sein de l’interprofession sont houleuses. Jusqu’à présent, seule l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), qui rassemble les éditeurs de presse quotidienne nationale et régionale, a officiellement réagi, pour dénoncer la méthode et le fond. Elle tiendra une conférence de presse jeudi matin pour préciser sa position. Selon Le Monde, ils ont l’intention de demander à Google de garder leurs extraits et photos, tout en faisant savoir qu’ils ne renoncent pas à leur droit voisin, censé leur permettre de négocier collectivement une rémunération. De fait, “les éditeurs qui feraient le choix d’empêcher Google de récupérer une partie de leurs contenus pour améliorer leur visibilité sur ses environnements (résultat classique, Google Images, Discover et Assistant) risquent de voir leur trafic s’en ressentir fortement, estime Virginie Clève, fondatrice du cabinet de conseil en stratégie numérique Largow et spécialiste du SEO. Sans description, leur taux de clic sur Google Discover et Actualités va beaucoup baisser. Sans grande image, leurs articles pourraient ne plus apparaître au format AMP, qui représente 30 à 70 % du trafic mobile total d’un site média.” Des balises difficiles à mettre en place Lorsque nous avons relevé ces informations, il restait une journée aux éditeurs pour faire le balisage de leurs pages. Il est donc difficile de se prononcer sur le choix définitif de ceux qui n’ont pas encore sauté le pas en date du 23 octobre. Nous suivrons régulièrement l’évolution du sujet. Quoiqu’il en soit, “la mise en place est complexe, avec une dimension technique autant que stratégique, estime Virginie Clève. Tous les médias n’ont pas que des domaines liés à l’actualité, mais aussi des sites de conjugaison, des dictionnaires, des guides shopping… Il faudra gérer la question sous-domaine par sous-domaine, voir rubrique par rubrique ou template par template. Des groupes comme Le Monde et Le Figaro ont des millions de pages, parfois sous d’anciens CMS. Sans compter les conflits entre la balise et les données structurées, qui l’emportent.” En outre, la prise en compte des balises se fera au rythme des visites des robots de Google, fréquentes pour les pages d’accueil, beaucoup plus rares pour les anciens articles. Pour aller plus loin : Consultez dans notre base de données le choix des 1 050 sites de notre panel. Une remarque ? Des questions ? Contactez-nous : datalab@mindnews.fr Aymeric Marolleau RéglementationSEO Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Base de données : Site par site, quels éditeurs ont adopté les nouvelles règles de Google en matière de droit d’auteur ? essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction L’Apig et le SEPM fustigent le discours de Google concernant l’absence de l’AI Mode en France L'IA tient-elle ses promesses dans le marketing et l'achat média ? 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