Google lance son Fonds européen pour l’innovation de la presse : tous les détails

Google vient de dévoiler les détails du « Fonds pour l’innovation DNI », sa structure d’aides à la presse numérique au niveau européen, qui succède au FINP, le « Fonds Google » français. Bruno Patino sera membre d’un des comités de sélection des projets subventionnés.

Google détaille les modalités et l’organisation du fonds pour l’innovation de son programme « Digital News Initiative ». Celui-ci comprend trois piliers. Le premier, baptisé dialogue produit », est un comité de réflexion avec les éditeurs autour de la conception de nouveaux outils digitaux, sa première concrétisation a vu le jour mi-octobre avec Accelerated Mobile Pages. Pour ce produit, DNI a travaillé avec Les Echos mais il indique être ouvert à tous les éditeurs.

Le deuxième pilier, baptisé « NewsLab », propose des formations gratuites aux journalistes et rédactions à l’utilisation des outils et technologies numériques, notamment ceux de Google. Le troisième est un fonds européen doté de 150 millions d’euros sur trois ans, dirigé par Ludovic Blecher. Ce fonds est l’extension du FINP français, ou « Fonds Google », doté de 60 millions d’euros, qui sera clôturé mi 2016 et qui était déjà dirigé par Ludovic Blecher jusqu’à début octobre.

Jusqu’à un million d’euros de financement

Le nouveau fonds du DNI est ouvert à tous les éditeurs de presse basés dans l’Union Européenne ou de l’Association européenne de libre-échange (Islande, Suisse, Norvège et Lichtenstein), soit 32 pays en tout, contrairement au FINP, réservé à la presse d’information politique et générale française. Il prévoit trois catégories de financement :

• Les « projets prototypes », qui ne nécessitent pas plus de 50 000 euros de financement, dans une démarche de test d’idées innovantes. Ouvert aux organisations et aux individus, ces types de projets pourront être financés à 100 % et bénéficieront « d’un traitement plus rapide ».

• Les « projets intermédiaires » sont ouverts aux organisations. Ils ne doivent pas dépasser 300 000 euros de financement et pourront bénéficier d’un soutien à hauteur de 70 %.

• Enfin, les « projets d’envergure » sont ceux qui nécessitent plus de 300 000 euros d’investissement. Le financement de Google, plafonné à un million d’euros (exception faite des projets collectifs, une nouveauté), pourra atteindre jusqu’à 70% du coût du projet.

Deux équipes chargées de la sélection

Le choix des projets à financer est assuré par deux comités. Le premier, baptisé « équipe projet », sera chargée de sélectionner les « projets prototypes » et les « projets intermédiaires », ainsi que de pré-sélectionner les « projets d’envergure ».

L’équipe, pilotée par Ludovic Blecher, est composée de salariés de Google et de deux experts extérieurs : Sarah Hartley (ex-collaboratrice au Guardian, consultante innovation) et Christian Heise (universitaire en culture digitale et consultant). Philippe Colombet, directeur des partenariats stratégiques média chez Google, épaulera Ludovic Blecher.

Bruno Patino dans le conseil du Fonds

Cette équipe formulera des recommandations auprès d’un second comité, baptisé « Conseil du Fonds », qui sélectionnera les projets d’envergure et « supervisera la marche générale du fonds ». Ce conseil rassemblera jusqu’à 13 membres dont 12 sont déjà connus. Un seul français y figure, : Bruno Patino, directeur de l’Ecole de journalisme de Sciences Po, qui vient d’être nommé directeur éditorial d’Arte.

Parmi les autres membres :, Ronan Harris, vice-président de Google, Katharina Borchert, directeur général numérique de Der Spiegel et Alexandre Asseily, créateur de State.com et fondateur de Jawbone (la liste complète est à télécharger ci-dessous.)

Au moins deux sessions d’appels à projets sont prévues chaque année. La première est ouverte dès aujourd’hui et prendra fin le 4 décembre. 

«  Tous les éditeurs – et même les individuels -peuvent candidater s’ils remplissent les critères expliqués en détails sur notre nouveau site  Parmi les principaux : avoir un projet à construire, solide, précis, périmétré et qui comprend des estimations de business plan, de niveaux de temps passé, d’engagement, ce qui va nous permettre d’évaluer sa cohérence. Nous ne voulons pas de projet de modernisation, mais d’innovation »

Ludovic Blecher,
interrogé par Satellinet.

L’attention du fonds portera particulièrement sur les projets qui « sont le fruit d’une nouvelle réflexion relative à la pratique du journalisme sur tous les supports numériques; qui soutiennent la génération de nouveaux revenus, et/ou qui modifient la manière dont les internautes consomment l’information à l’heure du numérique », précise Ludovic Blecher.

Les premiers projets financés seront annoncés dès le début 2016. La clôture du Fonds est prévue fin 2018.